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SC 499
Facundus d’Hermiane
Défense des Trois Chapitres (À Justinien), tome IV
(Livres XI-XII). Contre Mocianus. Épître de la foi catholiquejanvier 2006Défense des Trois Chapitres
Texte critique (CCL) par J.-M. Clément, o.s.b. et R. Vander Plaetse. — Introduction, traduction et notes par Anne Fraïsse-Bétoulières.Contre Mocianus. Épître de la foi catholique
Texte critique (CCL) par J.-M. Clément, o.s.b. et R. Vander Plaetse. — Introduction, traduction et notes par Aimé Solignac, s.j.Ouvrage publié avec le concours du Conseil Général du Rhône.Révision assurée par Dominique Gonnet.ISBN : 9782204079617357 pagesUn empereur peut-il condamner des théologiens ? Au milieu du 6e siècle, un Africain réagit.Présentation
Défense des Trois Chapitres (XI-XII)
Le livre XI cite et analyse de nombreux extraits de Pères qui ont eu des opinions semblables à celles de Théodore de Mopsueste : Eustathe d'Antioche, Amphiloque d'Iconium, Grégoire de Nysse, Jean Chrysostome et surtout Cyrille.
Le livre XII apporte des compléments aux livres précédents. Facundus précise la notion d'hérésie, déclare irréformables les décisions de Chalcédoine, loue les empereurs Marcien et Léon de leur soumission aux évêques dans les questions de foi, blâme en revanche Zénon d'avoir publié l'« Hénotique » de sa propre initiative, créant ainsi la confusion et non l'union. L'ouvrage s'achève par une exhortation véhémente à Justinien.Contre Mocianus le Scolastique
Facundus, malade et réfugié dans une caverne, rédige cet ouvrage en 553 pour aider ses collègues à résister aux manœuvres de Mocianus, envoyé en Afrique pour gagner les évêques à la condamnation des Trois Chapitres.Épître de la foi catholique
Cet écrit plus tardif, qui s'attaque avec violence à tous ceux qui ont accepté la condamnation des Trois Chapitres, n'est pas de Facundus bien qu'il lui soit communément attribué. Il est publié ici en annexe.Anne Fraïsse-Bétoulières est maître de conférences de littérature et civilisation latines à l'Université Paul-Valéry de Montpellier. Aimé Solignac, s.j., est membre de l'Institut des Sources Chrétiennes.
Le mot des Sources Chrétiennes
Traité apologétique, adressé par Facundus d'Hermiane à l'empereur Justinien pour défendre la mémoire de Théodore de Mopsueste et les décisions du concile de Chalcédoine (451), la Défense des Trois Chapitres voit sa publication s'achever avec l'édition des livres XI et XII et ce quatrième volume (SC 499). En complément à l'édition de ce traité, traduit et annoté par Mme Anne Fraïsse-Bétoulières, maître de conférences à l'Université Paul-Valéry de Montpellier, il a paru utile de faire figurer deux autres écrits plus brefs, relatifs au même sujet, le Contre Mocianus du même Facundus et l'Épître de la foi catholique pour la défense des Trois Chapitres, bien que Facundus n'en soit pas l'auteur. Le lecteur disposera ainsi d'un dossier complet sur cette querelle. Le P. Aimé Solignac de l'Institut des Sources Chrétiennes, qui a suivi de bout en bout, depuis 2002, la publication du traité de Facundus, en apportant sa collaboration à Mme Fraïsse, a personnellement assuré la présentation et la traduction de ces deux textes.
Conformément à la méthode d'argumentation mise en œuvre dans les livres précédents, Facundus rassemble encore au livre XI tout un florilège de citations patristiques pour montrer que les hérétiques eutychiens et les adversaires du concile de Chalcédoine ne manqueraient pas d'en suspecter l'orthodoxie ou d'y voir en germe la doctrine de Nestorius, si ces textes avaient été écrits par Théodore de Mopsueste. Or, si en traitant de l'unité de la personne du Christ et de la dualité de sa nature, ces Pères, dont personne n'a jamais mis en doute l'orthodoxie, expriment des opinions semblables à celles de Théodore, et le font en des formules comparables aux siennes ou parfois même plus hardies, comment peuvent-ils condamner les idées de Théodore sans mettre en cause « la doctrine de beaucoup de Pères qu'ils nous disent eux-mêmes honorer comme nous » ? Au-delà de l'intérêt de la démonstration de Facundus pour le débat christologique de son temps et de la valeur de son témoignage sur la réception du concile de Chalcédoine, le grand intérêt de l'œuvre, nous l'avons déjà noté en rendant compte des livres précédents, tient au fait que Facundus a eu directement accès à des ouvrages que nous connaissons parfois uniquement, et grâce à lui, sous la forme de fragments.
Au livre XII, qui sert de conclusion au traité, l'auteur reprend une fois encore l'argument qu'il a développé de plusieurs manières tout au long de son ouvrage : on ne saurait en aucun cas tenir Théodore de Mopsueste pour hérétique, sous prétexte que certaines de ses formules christologiques paraissent désormais insatisfaisantes sans condamner du même coup d'autres Pères tenus pour des piliers de l'orthodoxie, ni condamner Ibas d'Édesse, reconnu orthodoxe par le concile de Chalcédoine, sans condamner le concile lui-même. Cela conduit Facundus à développer une intéressante réflexion sur l'hérésie, bien qu'il se défende de « chercher à définir ce qui fait un hérétique ». Dans l'Église, considérée par lui comme « une sorte d'école du Christ », où chaque « disciple » se laisse instruire et peut progresser dans la connaissance, l'ignorance ne fait pas de l'ignorant un hérétique. Une fois de plus Facundus réaffirme ce qui constitue le fondement de sa défense de l'orthodoxie de tous les Pères morts dans la paix de l'Église et résume toute son argumentation : « Nous déclarons que nous ne pouvons dignement considérer aucun d'eux comme hérétique, même s'il se trouve que certains ont eu des ignorances sur des questions de ce genre » (XII, 1, 1).
Une autre réflexion, à l'adresse sans aucun doute de Justinien, concerne le rôle des empereurs dans les affaires de l'Église. Facundus est clair : l'empereur doit se soumettre aux décrets des évêques, qu'il peut légitimement appuyer de son autorité, « en vrai fils de l'Église », mais il ne saurait s'arroger le rôle des évêques et s'immiscer de façon illégitime dans les questions de foi. Aux bons empereurs qu'ont été de ce point de vue Marcien et Léon, Facundus oppose Zénon, qui a cru pouvoir réconcilier les monophysites et leurs adversaires chalcédoniens, en proclamant de sa propre initiative et sans consulter les évêques un édit d'union, l'Hénotique, qui n'a eu d'autre effet que de multiplier les divisions. D'une certaine manière, Facundus plaide déjà pour une séparation des pouvoirs ou du moins des juridictions : « Puisque les affaires du palais n'ont pas été transférées à l'Église, pourquoi Zénon transférait-il l'affaire de l'Église au palais ? » (XII, 4, 12). L'unité de l'Église ne saurait donc être imposée de l'extérieur.
Au lendemain de la rédaction de ce long traité, Facundus, malade et contraint de se cacher, poursuit néanmoins le même combat avec un écrit dirigé contre un certain Mocianus. Cet agent du pouvoir impérial, muni de pleins pouvoirs, s'était vu confier la mission de gagner les évêques d'Afrique à la condamnation des Trois Chapitres. Concrètement il s'agissait de leur imposer la communion avec le nouvel évêque de Carthage, Primosus, successeur de l'évêque légitime, Reparatus, déposé et exilé par l'empereur Justinien en 552. Dans le Contre Mocianus, rédigé vers 553, Facundus s'applique à réfuter les arguments utilisés par ce personnage, présenté comme versatile – ne fut-il pas un temps arien, et n'a-t-il pas approuvé la condamnation de Théodore de Mopsueste, avant de reconnaître que sa doctrine, tout comme la lettre d'Ibas d'Édesse et les écrits de Théodoret de Cyr, ont été condamnés en fait par les adversaires du concile de Chalcédoine ? –, pour faire admettre que « la communion avec les adversaires de l'Église doit être tolérée ». C'est à tort et de manière abusive que Mocianus établit un parallèle entre la conduite d'Augustin à l'égard des donatistes et l'affaire présente, sous prétexte de rétablir l'unité de l'Église ; les arguments qu'il tire, à l'opposé, de l'attitude d'Hilaire de Poitiers à l'égard des adversaires du concile de Nicée ou de celle de Cyprien de Carthage concernant la réitération du baptême pour les hérétiques n'ont pas plus de pertinence. L'unité ne saurait se faire de la sorte. Si Facundus refuse la communion avec ses adversaires, ce n'est pas en raison de la condamnation de Théodore, tout injuste qu'elle soit, ou de celle de la lettre d'Ibas et des écrits de Théodoret, mais parce que ces condamnations entraînent celle des décisions du concile de Chalcédoine.
Cela l'amène à revenir sur la condamnation des Trois Chapitres, lors du débat de Constantinople de l'été 547, auquel il a personnellement participé. Dans ce véritable procès, dont le pape Vigile était le juge, il a vainement tenté d'obtenir un examen des textes mis en cause par la partie adverse. Mais la lâcheté, la ruse et la vénalité de l'évêque de Rome ont obtenu la condamnation souhaitée par les adversaires du concile. Le pape aura beau dire ensuite avoir agi contre son gré et par ignorance, Facundus apporte la preuve qu'il n'en est rien. Ses tentatives pour se disculper après coup fournissent malgré tout, selon Facundus, un argument supplémentaire de refuser « la communion avec les prévaricateurs » et de s'opposer aux manœuvres de Mocianus pour l'obtenir des évêques africains en invoquant l'exemple d'Augustin.
L'Épître de la foi catholique, placée en annexe dans ce volume, a souvent été mise sous le nom de Facundus ; le P. Solignac montre que c'est à tort. Il s'agit d'un écrit plus tardif, rédigé vers 571 par un auteur qui a lu Facundus, mais qui développe une argumentation bien différente de la sienne, avec un tout autre style et à d'autres fins. On a affaire à un pamphlet vigoureux dirigé contre ceux qui ont accepté la condamnation des Trois Chapitres.(J.-N. Guinot, 2005)
Jean-Noël Guinot
Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume
Défense des trois chapitres (XII-XII)
Comme l’édit de Justinien anathématisait non seulement Théodore, mais « ceux qui pensent comme lui », Facundus montre dans le livre XI que nombre d’autorités patristiques ont tenu le même langage que Théodore sur la distinction des natures dans le Christ qui leur font attribuer des paroles et des actes à « l’homme » Jésus : ainsi Eustathe d’Antioche, un texte d’Athanase <en réalité Marcel d’Ancyre>, Amphiloque d’Iconium, Grégoire de Nysse, Jean Chrysostome… et même Cyrille. Mais les Eutychiens acceptent chez ceux-là ce qu’ils dénoncent chez Théodore. Or c’était chez lui comme chez eux des phrases maladroites, mais naïves et non fautives, puisque antérieures à la crise nestorienne. Il faut juger l’intention et non les mots, ce que demandait déjà Augustin.
Le livre XII apporte des compléments à l’ensemble, notamment au livre XI : si on condamne tout le monde au moindre mot de travers, même les personnages du NT seront atteints par le soupçon ! Il faut tenir compte de l’intention, du niveau de culture, de la perfectibilité des personnes… Quant à Chalcédoine, il ne faut pas remettre en cause ses décrets, qu’ont respectés le pape Léon, les empereurs et les évêques interrogés par l’empereur Léon, qui se soumit à leur avis – prudence que n’a pas eue Zénon avec son Hénotique. Fort de ces exemples, Facundus, en tant qu’évêque, se doit d’éclairer l’empereur !
Contre Mocianus le Scolastique
En 552, l’empereur Justinien dépose et bannit des évêques africains, dont Reparatus de Carthage, qui s’opposaient à sa politique religieuse à propos des trois Chapitres, et les remplace par des gens à sa solde. Facundus refuse la communion avec ces évêques politiques. Son Contre Mocianus est écrit, vers 553, alors qu’il se cache en Byzacène, pour justifier ce refus et préciser théologiquement sa position. Mocianus est un homme de cour ; aux dires de Facundus c’est un arriviste opportuniste qui s’efforçait de rendre l’épiscopat africain docile à la politique de Justinien. L’attitude de rupture de communion qu’assume Facundus par rapport à la politique de Justinien s’explique, non par la condamnation de Théodore, mais parce que les adversaires remettent en cause, sans le dire, les décisions de Chalcédoine : c’est là, pour lui, la ligne rouge à ne pas franchir. L’ouvrage est probablement adressé aux évêques et clercs qui refusaient comme lui les décisions de Justinien, et qui, par prudence, ne sont pas nommés.
Le Contre Mocianus figure dans tous les manuscrits à la suite de la Défense des Trois Chapitres. Il y est toujours attribué à Facundus, attribution qui n’est pas contestée.
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Lassitude de Facundus ; manœuvres de Mocianus qui utilise des phrases d’Augustin contre les donatistes. Facundus et ses amis ne sont pas comme les donatistes ! Tous ceux qui s’opposent à Chalcédoine encourent la condamnation de Rome. Précédent d’Hilaire qui n’admit pas la communion avec ceux qui contestaient Nicée.
Facundus revient ensuite sur le Judicatum de Vigile et ses circonstances, à Constantinople en 548 : au-delà des personnes visées par l’affaire des trois Chapitres, Facundus n’a eu en tête que la défense de Chalcédoine. Il est à la fois tolérant comme Augustin avec les mal pensants, et intransigeant comme Hilaire avec les contempteurs du concile. Dire que le concile n’a pas reçu la lettre d’Ibas est un mensonge. à Constantinople Vigile s’est mal conduit, non par contrainte ou ignorance, mais par arrivisme, et il a renié ses convictions antérieures. Mocianus invoque à tort l’exemple de Cyprien, qui n’a pas rompu la communion avec l’église malgré son désaccord sur le baptême ; de même on peut aussi ne pas rompre avec Théodore mort en paix.
Épître de la foi catholique pour la défense des Trois Chapitres
Publiée jusqu’ici sous le nom de Facundus, l’épître ne semble pas être de lui ; elle est très différente des deux autres textes authentiques dans son ton et son argumentation. Dans les manuscrits latins, elle n’est jamais transmise sous son nom avant le XVe siècle, alors que la Défense et le Contre Mocianus le sont explicitement. Le style est très différent aussi. L’épître semble avoir été écrite vers 571, à une époque où il n’est pas sûr que Facundus soit encore en vie : on perd sa trace après 553 si l’on ne lui attribue pas ce dernier texte. L’auteur pourrait être d’Italie du Nord.
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Les Trois Chapitres n’ont pas nui à l’église. Les hérétiques qui les attaquent se sont exclus de l’église et ne professent plus sa foi puisqu’en condamnant post mortem Théodore ils ne laissent plus au Fils le pouvoir de « juger les vivants et les morts » ; de plus ils condamnent avec Théodore tous les papes qui l’avaient approuvé, ainsi que le concile de Chalcédoine. N’étant plus dans l’église, ils ne peuvent validement donner aucun sacrement, comme le montre un long extrait de Cyprien de Carthage. Ils peuvent rentrer dans une église : ce ne sont pas les murs qui les intégreront dans l’église (citation d’Hilaire à l’appui). Il leur faut se convertir pour y revenir. Malgré une phrase d’Augustin qu’ils invoquent, on ne fait pas la paix avec des hérétiques qui ne se repentent pas.
Extrait(s)
(XII, I, 28.30-31, SC 499, p. 143-145)
Celui qui décide avec fermeté en son cœur de croire ce que, sur de pareils sujets, tient la doctrine et la foi de l’église – même s’il ne pense ni ne parle parfaitement en tout point là-dessus – (…), quand, placé pour ainsi dire dans l’école de la vérité, il a le propos pieux d’apprendre, on ne doit pas l’appeler ennemi de la vérité elle-même, ce qu’est l’hérétique, mais plutôt disciple qui doit progresser.
Contre Mocianus (§ 27.29-30, SC 499, p. 251)
J’ai eu avant tout le souci du statut du concile général, de peur que, comme les acéphales l’ont toujours recherché, l’autorité du concile ne fût rompue en induisant à le rétracter. (…) J’ai évité la communion avec les opposants parce que, à partir de la personne de Théodore, ils tentaient de prouver qu’était nestorienne la lettre d’Ibas où sa doctrine est louée et, à partir de la lettre d’Ibas, d’attaquer le synode qui l’a reçue. Peut-on trouver une autre raison pour que, 120 ans après son décès, fût condamné avec ses enseignements un évêque mort dans la paix de l’église ?
Epître (Epistula 11-12, SC 499, p. 291))
Examinons maintenant leur prétention d’être baptisés dans le même symbole, pour voir si elle tient la vérité dans les gestes et les effets. (…) Le symbole est une association ou un pacte entre l’homme et Dieu, comme nos docteurs catholiques nous ont appris à le comprendre. Donc, parce que nous avons fait un pacte avec Dieu et avons été ainsi baptisés au nom de l’unique Trinité, si quelqu’un élimine un seul iota ou un seul accent du pacte qu’il a conclu avec Dieu, sans aucun doute on peut le convaincre qu’il a perdu la foi par laquelle il a cru à Dieu, et donc Dieu lui-même auquel il a cru.
Errata
Page
Localisation
Texte concerné
Correction
Remarques
52
n. g
Jn 20, 11
Jn 20, 17
101
l. 16 (l. 4 du § 8)
par
pas
193
l. 8
Constantin
Constance
255
l. 8 du bas (l. 1 du § 37)
nécessaire
nécessaire, non seulement
258
l. 2
esset
non esset
307
l. 10
avoirs
avoir
313
l. 22 (l. 2 du bas du § 49)
courrais
courais
324
col. 2, l. 36
20, 11
20, 17
326
l. 9-10
VIII, p. 234-235 ............ I, III, 4
XVI, p.240 .............. I, III, 5-6In ‘Amen dico uobis : Qui uerbum meum audit’
VIII, p. 234-235 ............ XI, III, 4
In ‘Ascendo ad Patrem meum et Patrem uestrum’
XVI, p. 240 .............. XI, III, 5-6341
Titre
INDEX DES AUTEURS LATINS
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