• SC 460

    Syméon le Studite

    Discours ascétique

    avril 2001

    Introduction, texte critique et notes par Hilarion Alfeyev. — Traduction par L. Neyrand, s.j.

    Révision assurée par Louis Neyrand.
    ISBN : 9782204066761
    154 pages
    À Constantinople, au 9e siècle, une voie monastique vers Dieu.

    Présentation

    Syméon le Studite, ou le Pieux, est essentiellement connu comme le père spirituel de Syméon le Nouveau Théologien (949 ?-1022 ?), et la figure de ce maître occupe une place très importante, dans la vie de son disciple. C'est du reste sous le nom du Nouveau Théologien qu'ont été longtemps transmis, dans la Philocalie, les trente-deux chapitres du Discours ascétique. Nous n'avons pas affaire ici à un exposé systématique cohérent, mais à une collection d'enseignements distincts. Ceux-ci s'adressent à des moines et, plus précisément, à des moines vivant au monastère et non en solitude. Les thèmes principaux sont caractéristiques de la littérature monastique de l'Orient chrétien : componction, prière, direction spirituelle, pratiques ascétiques sont autant de sujets abordés par le Studite.

    On trouvera ici la première édition complète de ce texte, aujourd'hui restitué à son véritable auteur.

    Hilarion Alfeyev, docteur en philosophie (Université d'Oxford) et en théologie (Institut Saint-Serge de Paris), est spécialiste de patristique byzantine et syriaque. Il a en charge, au patriarcat de Moscou, les relations œcuméniques.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Le Discours ascétique de Syméon le Studite (SC 460), qui s'adresse à des moines, développe librement la plupart des thèmes caractéristiques de la littérature monastique de l'Orient chrétien. On ne sera donc pas surpris d'y trouver rappelés les fondements de la vie monastique en communauté : le renoncement à sa volonté propre, la pauvreté, l'humilité, le total oubli de soi, l'importance de la prière et des offices liturgiques, la nécessité de l'examen de conscience quotidien et de la direction spirituelle, l'équilibre à maintenir entre travail et prière, entre vie communautaire et recueillement dans la cellule... Rien de bien nouveau, dira-t-on, dans cet ensemble de « règles » monastiques par rapport à l'enseignement des deux Vieillards de Gaza. Il est vrai, puisqu'il s'agit toujours pour le moine, quels que soient les lieux ou les époques, de faire de sa vie une prière continuelle, dans le travail comme dans le sommeil, durant les offices ou dans sa cellule, pour se laisser habiter tout entier par Dieu, pour vivre dans sa lumière et de sa lumière.

    « Si tu te tiens continuellement tourné vers Dieu, écrit Syméon, tout naturellement une lumière se met à briller dans ton esprit, comme un rayon. Plus tu la recherches, avec beaucoup d'attention et une pensée sans distraction, avec beaucoup de peine et de larmes, plus cette lumière t'apparaît vive. En apparaissant, elle se fait aimer ; en étant aimée, elle purifie ; en purifiant, elle rend semblable à Dieu, elle éclaire et enseigne à distinguer le bien du mal » (chap. 20).

    Avant d'en arriver là, ajoute-t-il, la route est longue et souvent difficile. Son petit « manuel » voudrait aider le moine à y avancer, en lui donnant quelques conseils et en lui rappelant quelques règles fondamentales.

    Cela dit, le monastère du Stoudios présente une forme de monachisme différente de celle que mènent les solitaires du désert de Gaza. Les moines sont ici au cœur de la ville, au cœur du monde pour ainsi dire, et la direction spirituelle qu'ils assurent s'adresse tout autant aux laïcs qu'aux moines. Fondé à Constantinople au Ve siècle, le Stoudios joua un rôle décisif dans la victoire sur l'iconoclasme (843). Cela lui valut un prestige considérable et, pour longtemps, une position centrale dans le monachisme byzantin. De Syméon le Studite, en revanche, on ne sait presque rien, sinon qu'il fut le maître spirituel – « l'Ancien » – de Syméon le Nouveau Théologien, dont « Sources Chrétiennes » a publié les Chapitres théologiques, gnostiques et pratiques (SC 51 bis) et les Catéchèses (SC 96, 104 et 113). Né au début du Xe siècle et l'aîné du Nouveau Théologien d'environ une trentaine d'années, Syméon ne semble pas avoir été un rigoriste dans le domaine ascétique, mais avoir privilégié les voies de l'humilité, de la simplicité et de la prière pour atteindre l'expérience mystique et obtenir les visions de la lumière divine dont il aurait bénéficié. Est-ce cette réputation de mysticisme qui lui valut le surnom de « Pieux » ou son comportement déroutant de « fou de Dieu », comme l'ont prétendu, sans grand fondement, certains critiques ? Quoi qu'il en soit, son mysticisme a sans aucun doute contribué à attirer auprès de lui le jeune Syméon, qui le choisit pour maître spirituel et dont l'œuvre témoigne de l'influence profonde du Studite sur sa propre expérience mystique.

    Entre le disciple et le maître, la communauté de pensée était si grande que trente-deux chapitres de ce Discours ascétique, sur les quarante et un qui le composent, furent longtemps attribués à Syméon le Nouveau Théologien. Hilarion Alfeyev, hiéromoine chargé au patriarcat de Moscou des relations œcuméniques, vient de les restituer à leur véritable auteur. On lui doit l'introduction, le texte critique et les notes de cette édition, réalisée en étroite collaboration avec le Père Louis Neyrand de l'Institut des Sources Chrétiennes, qui a assuré en outre la traduction du texte grec.

    Jean-Noël Guinot

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Le Discours est le seul ouvrage de Syméon le Studite qui nous soit parvenu. Trente-deux chapitres ont été conservés sous le nom de son disciple. Deux manuscrits confirment l’attribution au Studite : Patmiacus 427 et le n° 63 de la Scètè de Sainte-Anne au Mont Athos (Anna 63). D’autres manuscrits ont servi également à l’établissement du texte : Vaticanus graecus 1782 ; Vatopedi 667 ; Vaticanus graecus 1436 ; Ottobonianus graecus 246 ; Coislinianus 292.

     

    Adressé à des moines, le Discours ascétique développe librement la plupart des thèmes caractéristiques de la littérature monastique de l’Orient chrétien. On ne sera donc pas surpris d’y trouver rappelés les fondements de la vie monastique en communauté : le renoncement à sa volonté propre, la pauvreté, l’humilité, le total oubli de soi, l’importance de la prière et des offices liturgiques, la nécessité de l’examen de conscience quotidien et de la direction spirituelle, l’équilibre à maintenir entre travail et prière, entre vie communautaire et recueillement dans la cellule… Il s’agit toujours pour le moine, quels que soient les lieux ou les époques, de faire de sa vie une prière continuelle, dans le travail comme dans le sommeil, durant les offices ou dans sa cellule, pour se laisser habiter tout entier par Dieu, pour vivre dans sa lumière et de sa lumière. Si tu te tiens continuellement tourné vers Dieu, écrit Syméon, « tout naturellement une lumière se met à briller dans ton esprit, comme un rayon. » (chap. 20). Avant d’en arriver là, ajoute-t-il, la route est longue et souvent difficile. Son petit « manuel » voudrait aider le moine à y avancer, en lui donnant quelques conseils et en lui rappelant quelques règles fondamentales. Cela dit, le monastère du Stoudios présente une forme de monachisme différente de celle que mènent les solitaires du désert. Les moines sont ici au cœur de la ville, au cœur du monde pour ainsi dire, et la direction spirituelle qu’ils assurent s’adresse tout autant aux laïcs qu’aux moines.

    Extrait(s)

    (SC 460, § 20, p. 90-93)

    20. Tenir son esprit continuellement tourné vers Dieu, que l’on dorme ou que l’on veille, que l’on mange ou que l’on parle, durant le travail manuel et toute autre activité, selon la parole du prophète : J’avais le Seigneur sans cesse devant mes yeux et se considérer soi-même comme plus pécheur que tout homme. Si tu gardes longtemps cela en mémoire, tout naturellement une lumière se met à briller dans ton esprit, comme un rayon. Plus tu la recherches, avec beaucoup d’attention et une pensée sans distraction, avec beaucoup de peine et de larmes, plus cette lumière t’apparaît vive. En apparaissant, elle se fait aimer ; en étant aimée, elle purifie ; en purifiant, elle rend semblable à Dieu, elle éclaire et enseigne à distinguer le bien du mal. Mais il faut beaucoup peiner, frère, avec l’aide de Dieu pour qu’elle vienne établir enfin sa demeure dans ton âme, et qu’elle l’illumine comme la lune illumine les ténèbres de la nuit.

    (p. 99-101)

    Conseils de vie spirituelle

    Travaille à devenir un modèle qui profite à tous tes frères, en matière de toute vertu, humilité et douceur, miséricorde et obéissance même aux personnes les plus insignifiantes, absence de colère et de passion, pauvreté et componction, innocence et discrétion, simplicité de caractère et détachement de tout homme, visite des malades, consolation des affligés. Ne te détourner d'aucun de ceux qui ont besoin de tes services, sous prétexte de t’entretenir avec Dieu, car l’amour vaut mieux que la prière. Être compatis­sant à l’égard de tous, sans vanité, sans familiarité, sans faire de remontrances, sans rien demander au supérieur ou à l’un des chargés d’offices, gardant le respect pour tous les prêtres. Montrer de l’applica­tion dans la prière, une conduite sans affectation, de l’amour pour tous. Ne pas te passionner, par désir de gloire, à scruter avec curiosité les Écritures

    C’est la prière mêlée de larmes et l’illumination venue de la grâce qui t’enseigneront cela.

    Si donc quelqu’un t’interroge sur ce qu’il convient de faire, avec grande humilité enseigne-lui, avec le secours de la grâce, les actes que Dieu inspire d’après ta vie, comme s’il s’agissait d’un autre, sans vanité dans ta pensée, quel que soit celui qui désire en profiter.

    Errata

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    Texte concerné

    Correction

    Remarques

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    P. ChRISTOU

    P. CHRISTOU

     

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    ἁγνὴν

     

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    l. 8 en partant de la fin

    béatitude

    béatitudeb

     

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    l. 5 en partant de la fin

    toute

    tout

     

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    parait

    paraît

     

    89

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    au dessus

    au-dessus

     

    98

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    ἑναντίον

    ἐναντίον

     

    106

    l. 1

    ἀπελθών

    ἀπελθὼν

     

    109

    n. 3

    p. 50.

    p. 54.

     

    112

    l. 5

    ἐμπεσῶν

    ἐμπεσών

     

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    l. 9

    passionnelle

    passionnelle,

     

    125

    n. 1

    ἐμπαθή

    ἐμπαθής

     

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