• SC 449

    Grégoire le Grand (Pierre de Cava)

    Commentaire sur le Premier Livre des Rois, tome IV
    IV, 79 – 217

    mai 2000

    Introduction, texte, traduction et notes par Adalbert de Vogüé.

    Révision assurée par Dominique Gonnet.
    ISBN : 9782204064651
    340 pages
    D'Anne et de Samuel à l'onction de David, une méditation sur les modèles du sacerdoce et de la vie monastique, par un moine italien du 12e siècle.

    Présentation

    Un moine italien du XIIe siècle, qui deviendra abbé, médite sur l'histoire de Saül, homme du peuple inopinément promu roi d'Israël, sur l'ordre de Dieu, par le prophète Samuel. Figure du pasteur chrétien qui reçoit l'onction sacerdotale, l'aventure de Saül est considérée par un religieux profondément attaché à sa propre vocation contemplative, autant que sensible à toutes les exigences du ministère pastoral. Il en résulte une belle image d'évêque pleinement dévoué à sa tâche, mais orienté par sa vie d'oraison et son aspiration à l'éternité.

    Attribué depuis des siècles à Grégoire le Grand, ce Commentaire des Rois n'est pas indigne du grand pape, dont Pierre de Cava a profondément assimilé la doctrine et fait siens les grands désirs spirituels, sans oublier la vertu fondamentale d'humilité.

    Moine de la Pierre-qui-Vire, Adalbert de Vogüé a édité de nombreux volumes des Sources Chrétiennes, en particulier La Règle de saint Benoît (1971-1977).

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Du Commentaire sur le Premier Livre des Rois, longtemps attribué à Grégoire le Grand et récemment restitué à son véritable auteur, Pierre de Cava, un moine italien du XIIe siècle, est paru, en mai dernier, le livre IV (SC 449). Comme deux des trois précédents volumes (SC 351, 391, 432), celui-ci est dû au Père Adalbert de Vogüé, moine de la Pierre-qui-Vire.

    Dans son introduction, avant d'exposer le contenu de cette nouvelle section du commentaire, A. de Vogüé présente plus en détail son auteur, dont il venait de découvrir la véritable identité au moment où le tome III allait paraître (voir SC 432, p. 11). La vie de ce Pierre Divinacellus, liée à celle de deux monastères de l'Italie méridionale et partagée entre Campanie et Basilicate, nous ramène à l'époque du pape Innocent II et du schisme d'Anaclet : d'abord moine de l'abbaye de Cava, proche de Salerne, fondée par un moine clunisien, il fut choisi comme abbé de Venosa, une fondation de la famille normande des Hauteville, dont elle devint la principale nécropole – Robert Guiscard et sa première épouse y furent ensevelis –, pour relever cette abbaye qui avait périclité en raison du schisme. C'est vraisemblablement à Cava qu'il eut le loisir de composer son Commentaire sur le Premier Livre des Rois, avant de se montrer un supérieur exemplaire, au cours de son abbatiat à Venosa, où il introduisit les coutumes de Cava, inspirées de celles de Cluny.

    La présente section du commentaire est une lecture allégorique du Premier Livre de Samuel 9, 3-10, 27, qui relate la rencontre de Saül et de Samuel, l'onction royale de Saül par le prophète et sa proclamation comme roi devant le peuple : Pierre de Cava, qui y voit une figure du sacre épiscopal, fait de son interprétation une longue réflexion sur le ministère pastoral, sur les qualités que doit posséder l'évêque idéal, sur la nécessité pour les pasteurs de développer l'esprit d'oraison, de concilier action pastorale et vie de prière. On comprend mieux les préoccupations de l'auteur, quand on sait que les évêques étaient alors très souvent choisis parmi les moines – les exemples sont nombreux à Cava comme à Venosa –, et que la tentation était forte pour certains d'accorder la priorité à l'action temporelle ou de se laisser séduire par les honneurs et les avantages liés à leur charge. Mais les évêques ne sont pas seuls concernés : aux moines qui exercent un ministère, Pierre de Cava rappelle aussi qu'une fois leur travail accompli, ils doivent se hâter de revenir à une vie de contemplation et d'oraison. Cette lecture allégorique du Livre de Samuel peut surprendre le lecteur contemporain : il y trouvera néanmoins, outre un reflet de la situation de l'Église au XIIe siècle, une intéressante réflexion sur le ministère sacerdotal et le sacrement de l'ordination.

    Jean-Noël Guinot

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Commentaire sur le Premier Livre des Rois Livre IV (chap. 79-217)

    Ce quatrième tome du Commentaire contient uniquement la cinquième section délimitée par A. de Vogüé, soit la fin du quatrième livre selon l’ordonnancement voulu par Pierre de Cava. Le mode exégétique retenu ici est la grille d’interprétation spirituelle. Saül, futur roi d’Israël, représente le nouvel évêque et Samuel le prélat qui l’ordonne. Cette section est centrée sur l’initiation de l’évêque à sa charge pastorale. La recherche des ânesses par Saül, au cours de laquelle il est oint par Samuel, figure le travail de conversion des âmes et l’onction représente l’ordination épiscopale. L’onction de Saül se fait dans la partie basse de la ville : le nouveau roi, pas encore proclamé aux yeux du peuple, est sacré parmi les pécheurs pour lesquels il est envoyé. Si les sections précédentes traitaient du sacerdoce, c’était principalement en lien avec l’eucharistie et la pénitence, voire la prédication. Toute cette partie du commentaire traite quant à elle du rite de l’ordination. L’exégèse souligne que les pasteurs ordonnés se doivent de donner l’exemple aux fidèles en menant une vie moralement supérieure. Cette élévation est figurée par plusieurs signes : la « terrasse » où s’entretiennent Saül et Samuel ; l’appel à se lever que Samuel adresser à Saül ; la taille de géant de ce dernier. Pierre de Cava avait probablement en tête les nombreux exemples de moines devenus évêques qui l’entouraient. Il insiste sur le fait que les qualités dont était pourvu Saül font défaut à de nombreux évêques de son temps, qui ne cherchent que les biens matériels et les honneurs temporels. Un de ses principaux buts est de développer chez les pasteurs – qui guident les évêques et que figure Samuel – l’esprit d’oraison, en des temps déterminés, dans des lieux retirés où nul ne vient les troubler. Le commentateur, en relevant l’un des signes donnés par Saül à Samuel – la rencontre de trois hommes au chêne de Thabor –, rappelle que, si la mission de l’évêque est une mission d’action, l’homme élevé à la charge épiscopale doit néanmoins garder une place dans sa vie pour la contemplation.

    Extrait(s)

    (p. 75)

    Sur les pasteurs

    Le texte poursuit en disant: C’EST AINSI QUE PARLAIT JADIS EN ISRAËL QUICONQUE ALLAIT CONSULTER LE SEIGNEUR: VENEZ, ALLONS AU VOYANT. Nous allons consulter le Seigneur, quand nous nous rendons auprès des prédicateurs bien instruits afin de recevoir un conseil pour notre salut. Mais aujourd’hui des hommes aussi parfaits sont rares. Aussi, quand nous considérons la floraison religieuse d’autrefois, nous faut-il pleurer sa disparition en notre temps, et soupi­rer avec componction, à la vue de la misère et de la détresse du temps présent, sur le dessèchement de cette flore du temps passé, avec la sainteté qui la rendait si belle.

    Quand nous voyons donc les pasteurs des Églises s’attacher aux biens terrestres, chercher des avantages passagers, ne donner aucune marque de vie spiri­tuelle, quand nos prélats ne répandent sur nous aucune lumière, excitons-nous à la douleur de la com­ ponction en nous rappelant ce qui a précédé et en disant: « C’est ainsi que parlait jadis en Israël quicon­que allait consulter le Seigneur: Allons au voyant. »

    Israël signifie « voyant Dieu » ou « en qui est Dieu ». Ce nom convient, certes, à la sainte Église, qu’on appelle son peuple. Car il est dit aussi dans l’Évangile.

    « Voici que je suis avec vous jusqu’à la fin du monde. »

    Oui, l’Église a eu, au début, des pasteurs qui resplen­dissaient d’une manière de vivre toute spirituelle, qui possédaient un grand savoir, dont la mésestime et le mépris des choses de la terre étaient grands, dont la pensée n’allait qu’aux choses du ciel.

     

    (IV, 180, 1-2, p. 251)

    C’est donc bien à propos que le prophète Samuel ajoute : Quand donc tous ces signes te seront advenus, fais tout ce qui est à la portée de ta main, car le Seigneur est avec toi. Tels sont les signes auxquels le prédicateur se reconnaîtra ; il osera faire tout ce qu’il a décidé, quand l’expérience lui aura donné la certitude d’avoir reçu, dans un grand afflux de charité, la puissance de l’Esprit Saint. Mais le prédicateur doit enseigner ce qu’il fait, comme le dit Luc du Seigneur : « Ce que Jésus a fait et enseigné depuis le début jusqu’au jour où, ayant donné par l’Esprit Saint ses ordres aux apôtres qu’il avait choisis, il fut enlevé. De là le mot de Paul : « Je ne permets pas de rien dire hors ce de ce que le Christ a fait par moi pour obtenir l’obéissances des païens, soit en paroles, soit en actes. »

    Errata

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