• SC 448

    Hilaire de Poitiers

    La Trinité, tome II
    (Livres IV-VIII)

    avril 2000

    Texte critique par P. Smulders (CCL). — Traduction et notes par Georges-Matthieu de Durand (†), o.p., Charles Morel, s.j. et Gilles Pelland, s.j.

    Révision assurée par Dominique BertrandDominique Gonnet.
    ISBN : 9782204064392
    483 pages
    Une pensée originale, des pistes restées vierges après lui : Hilaire, théologien et pionnier.

    Présentation

    Avec le livre IV, Hilaire aborde la deuxième partie de son traité La Trinité ; il y démasque les hérésies ariennes à l’aide des textes de l’Ancien Testament. Le livre V traite de la divinité du Fils : il est vrai Dieu parce qu’il a été engendré par le Père et non créé « ex nihilo » ; mais, comme le prouve le témoignage des prophètes et du « Deutéronome », il n’est pas pour autant un deuxième dieu à côté du Père. Au livre VI, Hilaire rappelle qu’il est du devoir d’un évêque de combattre les hérésies, avant de citer une seconde fois la lettre d’Arius à Alexandre d’Alexandrie et de la réfuter. Une prière, la seconde de La Trinité, dans laquelle Hilaire demande de garder la foi au Père et au Fils, clôt la première partie de ce livre ; la seconde est tout entière consacrée à démontrer la divinité de Jésus-Christ à partir des Écritures. Les deux livres suivants traitent de l’unité de nature du Père et du Fils : le livre VII, en montrant, surtout à partir de l’Évangile de Jean, que Jésus-Christ est vrai Dieu par son nom, sa naissance, sa nature, sa puissance et ses propres affirmations ; le livre VIII, en soulignant que cette unité n’est pas simplement une unité de volonté, mais une unité de nature. Le livre s’achève par la mise en valeur du rôle du Saint-Esprit, manifestation de l’unité du Père et du Fils.

    L'édition de cette œuvre comptera quatre tomes dans la Collection.

    Le texte d'Hilaire présenté ici s'appuie sur l'édition critique donnée par Peter Smulders dans le Corpus Christianorum en 1980.

    La traduction est l'œuvre de Georges-Matthieu de Durand, qui, longtemps professeur à l'université de Montréal, a publié plusieurs volumes dans les Sources Chrétiennes. L'ont relayé dans cette tâche le P. Charles Morel, éditeur dans la même collection des Homélies sur Ézéchiel de Grégoire le Grand, et le P. Gilles Pelland, ancien recteur de l'Institut Pontifical Oriental à Rome.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    On se réjouira sans aucun doute de voir progresser rapidement l'édition de La Trinité d'Hilaire de Poitiers, dont le premier tome est paru en 1999 (Livres I-III, SC 443).

    Avec les livres IV à VIII, que contient ce nouveau volume (SC 448), Hilaire poursuit sa grande réfutation de l'hérésie arienne, ou plutôt il la reprend et l'amplifie, quelques années plus tard. À deux reprises, au livre IV et au livre VI, il juge nécessaire de citer la « profession de foi » d'Arius – sa lettre à l'évêque Alexandre d'Alexandrie –, pour mieux en faire apparaître les affirmations erronées et y débusquer, sous la feintise d'un langage orthodoxe, la fausseté de la doctrine, « les cheminements de serpents aux replis glissants, les nœuds de vipères tortueusement lovées ». Il s'attache donc à montrer comment, sous des « mots vrais », Arius et ses sectateurs introduisent « des significations fausses » :

    « Le bien est dans leur bouche, pour que depuis le cœur le mal puisse s'insinuer. Mais au milieu de tout cela, je ne les entends nulle part appeler Dieu le Fils de Dieu;  nulle part je ne les trouve prêchant le Fils d'une façon qui en fasse un Fils. On fait intervenir le nom de Fils pour n'avoir rien à dire sur la nature ; on supprime la nature pour rendre le nom inapplicable. On met en avant d'autres hérésies pour permettre à l'hérésie de mentir sur son propre compte. On fait intervenir un seul Dieu, seul véritable, afin de ne pas laisser au propre et véritable Fils de Dieu sa qualité de Dieu » (VI, 7).

    En argumentant tour à tour ou conjointement à partir des textes de l'Ancien Testament, des Épîtres de Paul et de l'Évangile de Jean, Hilaire entend démontrer contre les ariens l'unité de nature du Fils avec le Père : il n'est donc pas une créature du Père, ni un Dieu inférieur, mais possède une divinité véritable, égale en tout à celle du Père. Toute son argumentation scripturaire est mobilisée à cette fin, dans une visée à la fois trinitaire et christologique, car il s'agit en définitive de montrer contre Arius que, dans le Christ, habite corporellement la plénitude de la divinité :

    « Ils sont un de telle façon que Dieu ne diffère pas de Dieu. Et Dieu est si peu différent de Dieu qu'une parfaite naissance a fait exister un Dieu parfait. Et si d'autre part cette naissance est si parfaite, c'est parce qu'en un Dieu né de Dieu la plénitude de la divinité habite corporellement » (VIII, 56).

    Jean-Noël Guinot

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    La Trinité, Livres IV-VIII

    Les livres IV-VIII constituent une première unité dans les livres IV-XII qui réfutent en détail l’arianisme. La Profession de foi d’Arius y est traduite deux fois (IV, 12-13 ; VI, 5-6).

    Réfutation de la lettre d’Arius à Alexandre. Hilaire contredit les deux affirmations principales d’Arius : Dieu est unique, seul inengendré, seul éternel ; le Fils est engendré par la volonté du Père avant les siècles, mais non co-éternel : il est une créature parfaite.

    Le livre IV propose les interprétations orthodoxes des passages scripturaires cités par les ariens et démontre la nature divine du Fils.

    Le Livre V a pour sujet la vraie divinité du Fils.

    Le livre VI réfute l’arianisme et démontre la divinité de Jésus Christ en se basant sur les Epîtres de Paul et l’Evangile de Jean.

    Le livre VII traite de l’unité de nature du Père et du Fils.

    Le livre VIII souligne le fait que cette unité est une unité de nature et non simplement de volonté ou morale. Il y aborde la personne de l’Esprit (19-41).

    Extrait(s)

    Deuxième prière d’Hilaire (p. 205 et 207)

    Et d’abord, après avoir imploré de toi mon pardon pour la très vive impatience de ma douleur, souffre, ô Dieu tout-puissant, que je m’adresse à toi et, terre et poussière que je suis, attaché pourtant à toi par le lien sacré de l’amour, accorde-moi de parler ici librement. Un malheureux néant, voilà ce que je fus jadis; je n’avais pas conscience de vivre, je ne me connaissais pas moi-même, je ne possédais pas ce qui fait mon être. Mais ta miséricorde est cause que j’ai la vie et je n’ai pas de doute là-dessus: toi qui es bon, tu as décidé qu’il était bon pour moi de naître. Car, toi qui n’as pas besoin de moi, tu ne m’aurais pas fait commencer d’être pour que ce soit le commencement de mon malheur. Mais une fois que tu m’eus donné, avec le souffle vital, l’intelligence pour raisonner, tu m’as appris à te connaître au moyen des livres que je tiens pour saints par l’intermédiaire de tes

    serviteurs, Moïse et les prophètes ; par eux, tu as révélé que tu n’étais pas à révérer comme un Dieu solitaire. Là j’ai appris à connaître en même temps que toi un Dieu non pas différent en nature, mais un avec le mystère de ta substance. J’ai appris à te connaître, toi, Dieu en Dieu: non par un mélange qui serait confusion, mais par la puissance de la nature, présent en lui par ce qui te fait Dieu, présent en celui qui est issu de toi; non que tu fusses à la fois lui et en lui, mais le fait bien réel d’une naissance parfaite nous enseignait que tu étais présent en celui qui était issu de toi.

    V, 24

    Au point où il en est, tout notre exposé a montré, pensons-nous, qu’il n’intervenait aucune distinction perceptible suggérant à l’esprit humain de penser à un Dieu véritable et à un faux Dieu dans les passages où la Loi a parlé de Dieu et de Dieu, de Seigneur et de Seigneur. Aucune diversité n’a été indiquée, du point de vue des noms et des natures, qui empêcherait de comprendre la nature d’un nom de façon à faire de lui un nom de nature. De fait, la puissance de Dieu, le pouvoir de Dieu, la réalité de Dieu, le nom de Dieu étaient présents en celui qui la Loi déclarait Dieu. Cette Loi, en conformité avec le déroulement du mystère évangélique et pour mettre en relief la personne, montrait successivement un Dieu obéissant à la parole de Dieu dans la création du monde, un Dieu créateur d’une image à la fois de lui-même et de Dieu dans la formation de l’homme, un Seigner juge venant d’auprès du Seigneur dans le jugement des sodomites, un Dieu Ange de Dieu dans l’octroi des bénédictions et dans la promulgation des symboles de la Loi. Ainsi, selon la confession de foi porteuse de salut, dans le Père Dieu comme dans le Fils Dieu ce serait toujours Dieu que l’on verrait par le nom même de cette nature ; car la Loi, en les désignant l’un l’autre comme Dieu, ne laisserait planer aucune ambiguïté sur ce caractère véritable.

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