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SC 44 bis
Philoxène de Mabboug
Homélies
juillet 2007Introduction, traduction et notes par Eugène Lemoine (†) – Nouvelle édition revue par René Lavenant, avec la collaboration de Marie-Gabrielle Guérard.
Deuxième édition (remplace le n° 44 paru en 1956)
ISBN : 9782204084703576 pagesUn classique de la littérature syriaque, en 13 homélies, par un évêque au tournant des 5e et 6e siècles.
Présentation
Philoxène de Mabboug (Hiérapolis) (vers 440-523), évêque monophysite de langue syriaque, est connu surtout par ses œuvres de polémique contre le concile de Chalcédoine. Les treize Homélies rééditées ici en traduction ne portent pas trace de cette polémique. En effet, dans le domaine de la vie ascétique, Philoxène se veut fidèle à la tradition d'Aphraate († 345) et d'Éphrem de Nisibe († 373) qui, écartant toutes les spéculations théologiques, voulaient s'en tenir à la parole de Dieu telle que les Écritures nous l'ont transmise. Cela n'empêche pas Philoxène de se montrer ouvert à l'influence d'autres prédécesseurs syriaques ou grecs comme Jean d'Apamée, Évagre le Pontique, ou encore à celle du courant messalien. Ses Homélies sont au confluent de l'antique spiritualité syriaque et de la philosophie mystique. Ajoutons enfin que Philoxène est le grand maître de la prose syriaque. Nombre de ces Homélies sont de véritables morceaux d'anthologie.
Le mot des Sources Chrétiennes
C'est un volume ancien, depuis longtemps épuisé et fort conséquent (près de 600 pages !), qui est aujourd'hui réédité, en une nouvelle édition qui a refondu la traduction. Le P. Lavenant, assisté de M.-G. Guérard, tous deux de l'Institut des Sources Chrétiennes, ont repris le travail de E. Lemoine pour nous redonner une perle de la littérature syriaque : les Homélies de Philoxène, évêque monophysite de Mabboug (Hiérapolis) en Syrie (fin Ve-début VIe siècle). Après avoir été formé dans la fameuse école d'Édesse, Philoxène fut prédicateur, lié au monde monastique, puis exerça plus de trente ans l'épiscopat, avant que l'arrivée d'un empereur chalcédonien le condamne à l'exil. Mais ne voyons pas d'hérésie dans sa position antichalcédonienne : sur le fond, sa christologie est parfaitement orthodoxe, et ses homélies sont une source authentique de théologie morale et spirituelle.
Rappelons le titre de ces homélies (qui vont toujours par deux) : sur la foi, sur la simplicité, sur la crainte de Dieu, sur le renoncement au monde, sur la gourmandise et l'abstinence, contre la fornication. Les grandes figures bibliques sont volontiers convoquées pour illustrer l'enseignement donné. Recommandons au lecteur les descriptions des gourmands et de la gourmandise : un morceau d'anthologie, qui le dispute à La Bruyère !
Un index des thèmes et un index biblique, très augmenté par rapport à la première édition, complètent le volume.Bernard Meunier
Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume
La tradition manuscrite des Homélies de Philoxène de Mabboug éditées dans ce volume a le titre général suivant : Traités de l’enseignement des règles de vie, qui ont été écrits par le bienheureux Mar Philoxène évêque de Mabboug, par lesquels il explique l’ordre général de la discipline : comment on commence à se mettre à l’école du Christ, selon quelles lois et règles on s’avance jusqu’à ce qu’on parvienne à l’amour spirituel duquel naît la perfection qui nous rend semblable au Christ, comme l’a dit l’apôtre Paul. — La première Homélie est l’introduction de tout le volume.
De ces 13 homélies, dont la première annonce effectivement les différentes idées qui seront développées par les suivantes, chacun porte un titre qui lui est propre. Elles sont, en outre, appelées mêmrâ par la tradition manuscrite bien que Philoxène de Mabboug employât plutôt le terme syriaque sharbê, ce qui signifie « traités ». Avant d’être mises à l’écrit puis transmises par les copistes, elles furent lues à haute voix devant les moines. Aussi, elles appartiennent à un genre de la littérature spirituelle pratiquée essentiellement au sein des communautés monastiques. On ne connaît pas exactement la datation de cette œuvre, mais l’on peut dire qu’elle fut probablement rédigée au cours de son épiscopat, c’est-à-dire entre 485 et 518.
Ces Homélies constituent une œuvre importante de la spiritualité syriaque. Destinées aux moines comme à l’ensemble des chrétiens., elles s’attachent aux différentes pratiques ascétiques, en faisant une distinction entre la pratique qui est extérieure et celle qui est intérieure, la première étant apprise auprès des autres et la seconde étant guidée et enseignée par l’Esprit Saint. Elles ont donc pour but d’aider le lecteur à parvenir au degré supérieur de l’amour, puis à celui de la perfection. L’œuvre éditée est ainsi structurée en deux parties, celles-ci étant chacune composées de trois paires d’homélies, chaque paire portant sur un thème précis. La première partie, sur l’état de disciple, correspond au « degré du corps » : elle aborde la foi, la simplicité et la crainte de Dieu. Quant à la seconde qui correspond au chemin de la perfection et au « degré de l’âme », elle porte sur le renoncement au monde et la lutte contre les différentes passions. D’un point de vue doctrinal, il emploie, dans son œuvre, certaines formules qui se rattachent à la christologie monophysite, telle le « Corps de Dieu » ou « le Vivant est mort ».
Extrait(s)
Extrait de la première homélie (p. 27)
« Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ nous invite dans son Évangile vivant à entreprendre avec sagesse d’observer ses commandements et de poser correctement en notre âme le fondement de sa discipline pour que la construction de notre genre de vie monte d’aplomb. Car celui qui ne sait pas commencer avec science la construction de cette tour qui fait monter jusqu’au ciel, ne pourra pas la couronner et la faire parvenir à l’achèvement de la sagesse. Toutes ces entreprises, le commencement, l’achèvement et les fondations, c’est la science et la sagesse qui les conduisent, les ordonnent et les réalisent. Celui qui commence ainsi, est appelé sage par notre Sauveur : Celui qui entend mes paroles et les met en pratique, est semblable à un sage qui a creusé profondément et a posé sa construction sur le roc : la pluie est descendue, les torrents sont venus, les vents ont soufflé, ils se sont brisés contre cette maison et elle n’est pas tombée, car ses fondements étaient posés sur le roc ; celui qui entend et ne met pas en pratique est semblable à un sot qui a posé sa construction sur le sable (Mt 7,24-27) : si des éléments même faibles heurtent sa construction, ils la renversent. »
Errata
Page Localisation Texte concerné Correction Remarques 21 l. 13 Hom. IX, 267-269 Hom. IX ; 261 s., 267-269 52 l. 4 ab imo d’eux d’yeux 256 l. 11 dépouillél’hommeancien,selonl’enseignement dépouillé l’homme ancien, selon l’enseignement