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SC 436
Galand de Reigny
Petit livre de proverbes
septembre 1998Introduction, texte critique, traduction, notes et index par Jean Châtillon (†), Maurice Dumontier (†) et Alexis Grélois.
ISBN : 9782204060820231 pagesLe charme du proverbe allié à la justesse de l'enseignement, par un cistercien du 12e siècle.Présentation
Ermite devenu moine cistercien, contemporain et admirateur de Bernard de Clairvaux, Galand de Reigny fait preuve dans cet ouvrage, écrit dans les années 1140, du même goût pour l'allégorie que dans le Parabolaire déjà publié dans cette collection (SC 378). En effet, ses proverbes sont formés de deux parties : l'auteur dépeint d'abord sous la forme d'une maxime, d'une simple observation ou d'un bref récit le monde qui l'entoure, les animaux, les changements climatiques, les travaux des champs, les relations entre les hommes ou les combats des guerriers ; puis, dans une glose, il en donne l'interprétation spirituelle, pour inviter le laïc à se convertir, le moine à observer la règle, et tous les chrétiens à progresser dans la dévotion affective à Jésus. Privilégiant les formes courtes et la variété des métaphores, Galand cherche toujours à instruire son lecteur, l'homme ordinaire plutôt que le docte, sans l'ennuyer ni le dégoûter.
Le Petit livre de proverbes avait été publié une première fois par Jean Châtillon dans la Revue du Moyen Âge latin en 1953, avec une traduction de Maurice Dumontier. Le présent volume reprend cette édition, revue et augmentée par Alexis Grélois.
Le mot des Sources Chrétiennes
De Galand de Reigny, moine cistercien, contemporain et admirateur de Bernard de Clairvaux, a déjà été publié dans la Collection le Parabolaire (SC 378). Le Petit livre de proverbes est un ouvrage nettement moins volumineux, mais l'auteur y fait preuve du même goût pour l'allégorie. La forme courte du proverbe, comme celle de la fable ou de la parabole, est alors en vogue, notamment auprès des prédicateurs qui l'utilisent pour réveiller l'attention de leur auditoire. Galand s'adresse à des moines ou même à des novices, qu'il s'efforce d'instruire à partir de maximes ou de brèves historiettes, réunies sous le nom générique de « proverbes », dont il dégage systématiquement le sens allégorique et spirituel. Ce petit livre est d'une lecture aisée, accessible à tous – c'était là du reste sa destination –, souvent plaisante aussi, mais la glose qui accompagne chaque proverbe est riche d'enseignement pour la vie chrétienne, encore pour l'homme d'aujourd'hui. La variété de ces proverbes fait leur charme. Le livre peut être ouvert au hasard, comme un recueil de maximes : on trouvera chaque fois matière à réflexion. Un exemple suffira à illustrer ce genre du proverbe allégorisé :
« L'enfant mal élevé tient toujours la tête de travers, jette les yeux de droite et de gauche ; presque jamais il ne regarde en face. – L'esprit puéril regarde toujours en pensée à droite ou à gauche, c'est-à-dire vers ce qui lui plaît ou le contrarie. Devant lui est le bonheur éternel à quoi tendent tous les bons ; presque jamais, il ne tourne vers lui la face de son âme. »
Ce charmant petit volume, qui est aussi une contribution à la célébration de l'année cistercienne, a été préparé par Alexis Grélois, ancien élève de l'École Normale Supérieure, à partir de l'édition du texte latin autrefois donnée par Jean Châtillon (†) et de la traduction révisée de Maurice Dumontier (†).
Jean-Noël Guinot
Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume
Galand, moine à l’abbaye cistercienne de Reigny près d’Auxerre, rédige à la demande de son abbé étienne un recueil de 168 proverbes (ou très brefs récits) brièvement commentés de façon allégorique. Il l’écrit quelques années après sa première œuvre, le Parabolaire (commencé vers 1128), et avant la mort de Bernard de Clairvaux en 1153 puisque le recueil lui est adressé. Son interprétation des proverbes qu’il invente joue parfois de la typologie pour montrer des figures du Nouveau Testament dans l’Ancien, mais s’oriente le plus souvent vers le sens moral, inspiré notamment par les Moralia in Job de Grégoire le Grand, et souvent destiné aux moines, mais non exclusivement. On y retrouve des images du combat que se livrent vices et vertus, et des exhortations à user des armes spirituelles que sont la confession des péchés et la pénitence (la confession, accompagnée de la pénitence tarifée, ne s’imposera que plus tard mais elle est déjà encouragée). Invitations à la conversion, mises en garde contre l’hérésie, insistance sur l’importance de la prédication et du travail pastoral traversent ce recueil.
L’œuvre nous est transmise par une dizaine de manuscrits du XIIe au XIVe siècle. L’un d’eux (Troyes 637) a pu être copié directement sur l’exemplaire envoyé par Galand à Bernard de Clairvaux.
Lettre (à Bernard de Clairvaux) et brève préface pour présenter l’ouvrage. Proverbes sur la nourriture et les soins du corps, la gestion d’une maison, des situations de la vie quotidienne (travail, chaleur, à quel âge une femme doit se marier), les maladies et les thérapies, les métiers et activités humaines (voyages, navigation, outils, circulation de l’argent), les astres, les relations familiales, les combats et guerres, la vie monastique, l’explication de textes bibliques, etc.
Principales thématiques des commentaires : la vie éternelle et les façons de s’y préparer par la vie présente ; l’église ; pensées, discernement, péchés ; la vertu de charité ; le combat spirituel, ses armes ; la confession ; l’hérésie ; récompenses et peines de l’au-delà ; la communauté monastique ; la règle ; prière et contemplation ; l’assiduité aux offices ; les vertus ; le diable ; les conduites mauvaises ; l’argent ; les voies de salut ; la grâce… En fin : excuses au lecteur.
Extrait(s)
(SC 436, p. 129)
De même, il y eut un homme, unique en son genre, vous l’admettez sans doute, qui, naviguant autrefois sur mer et entendant la voix des sirènes, boucha ses oreilles et celles de ses compagnons avec de la cire, de peur que captivés par la douceur de leur chant et entraînés dans cette direction, ils ne courussent au naufrage. Or, sachez que jamais personne ne traversera les mers s’il n’agit aussi de la sorte.
La cire, produit de l’abeille vierge, signifie le Christ. Celui-ci ferme les oreilles de notre cœur, pour nous éviter, tandis que nous ramons à travers les tempêtes de ce monde, la séduction des douces voluptés charnelles pareilles à la mélodie des sirènes, et le danger de perdre notre âme, sans quoi il est certain que personne ne naviguerait jusqu’à Dieu.Prov. 85 (SC 436, p. 131-133)
Un prodige inouï vient d’avoir lieu cette année. Un enfant, au sortir du sein maternel, commença par déchirer sa mère à belles dents, puis roua de coups son père. Il finit par sauter sur toute la maisonnée, si bien qu’à peine un seul put s’échapper sans blessure. Penses-tu que ce sera l’Antéchrist ?
Si par enfantillage un moine abandonne la communauté de ses frères et la discrédite par ses médisances, c’est comme s’il déchirait à belles dents la mère dont il est sorti. S’il parle mal de son abbé, c’est comme s’il blessait son père. Et c’est toute la famille qu’il meurtrit, lorsqu’il médit de chacun de ses frères. On date cet événement de la présente année, parce que c’est en cette vie seulement que les méchants peuvent offenser les bons. Enfin, quiconque agit contre le Christ est un Antéchrist, aussi est-il dit : De nos jours, beaucoup sont devenus des antéchrists (1 Jn 2, 18).
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Texte concerné
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