• SC 434

    Cyrille d'Alexandrie

    Lettres festales (XII-XVII), tome III

    août 1998

    Texte grec par W.H. Burns. — Traduction et notes par Marie-Odile Boulnois et Bernard Meunier.

    Ouvrage publié avec le concours de l'Œuvre d'Orient.
    ISBN : 9782204060790
    315 pages
    La Bonne nouvelle de Pâques, adressée chaque année par Cyrille aux Égyptiens, de 412 à 444.

    Présentation

    Ces six Lettres Festales annoncent la date de Pâques pour les années 424 à 429. Outre les thèmes habituels des Festales (exégèse morale et typologique de l'Ancien Testament, exposé sur le salut), cette série offre un intérêt tout particulier, car elle se trouve à la charnière de deux périodes bien repérables de l'activité de Cyrille, avec un fort enjeu théologique.

    Une première période, de 424 à 428 environ, est marquée par une vive préoccupation antiarienne : c'est l'époque où Cyrille écrit très probablement le Thesaurus, les Dialogues sur la Trinité et le Commentaire de l'évangile de Jean. La deuxième période, qui commence au tournant de 428/429, est dominée par la lutte contre Nestorius. La Lettre Festale XVII pour 429 est probablement le premier document que Cyrille ait écrit contre Nestorius et revêt donc pour l'historien une grande importance. Les présentes Lettres reflètent bien ces deux préoccupations successives, de théologie trinitaire et de christologie ; elles offrent des exposés denses et passionnés, parfois polémiques, sur ces thèmes.

    Marie-Odile Boulnois est Maître de conférences à l’Université de Nantes. Elle a publié en 1994 Le Paradoxe trinitaire chez Cyrille d’Alexandrie.

    William H. Burns, docteur de l’Université de Southampton, établit le texte critique de l’ensemble des Lettres Festales de Cyrille.

    Bernard Meunier est Chargé de recherches au CNRS (Sources Chrétiennes). Il a publié en 1997 Le Christ de Cyrille d’Alexandrie.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Ainsi se poursuit avec régularité la publication de l'ensemble de ces Lettres festales, qui ont l'avantage d'offrir, dans l'œuvre de Cyrille d'Alexandrie, des points de repère chronologique assurés. Ce tome III est dû, pour le texte grec, comme les précédents, au Révérend W.H. Burns, Docteur de l'Université de Southampton, pour la traduction et l'annotation à Marie-Odile Boulnois, Maître de conférences à l'université de Nantes, et à Bernard Meunier, Chargé de recherche au CNRS et membre de notre équipe ; tous deux ont du reste consacré à Cyrille leur thèse de doctorat.

    On retrouve dans ces Festales (XII-XVIII), qui ont pour objet de préparer les communautés chrétiennes à la célébration de Pâques et d'annoncer, pour l'ensemble de la chrétienté, la date de la fête, les invitations habituelles à la conversion et à la pénitence, et un enseignement moral et doctrinal, tiré de passages de l'Écriture mis en relation par l'exégète avec l'histoire du salut. La préoccupation dominante de Cyrille, jusqu'en 428 environ, date de la seizième Lettre festale – la dénonciation et la réfutation de l'hérésie arienne –, est largement présente dans cet ensemble de lettres. L'affirmation de la réalité de l'Incarnation, de la consubstantialité du Fils avec le Père, de sa génération en Dieu, de sa divinité demeurée sans changement dans la chair, tel est dans ses grandes lignes l'enseignement doctrinal dégagé par Cyrille des textes de l'Ancien Testament, lus comme autant de préfigurations de l'Incarnation.

    Avec la Lettre festale XVII pour 429 se fait jour une autre préoccupation : la lutte contre l'arianisme et le débat touchant la théologie trinitaire passent désormais à l'arrière-plan pour céder la place au débat christologique. Dans le courant de l'année 428, Cyrille engage, en effet, contre Nestorius, le patriarche de Constantinople, un combat qui, par-delà les conciles d'Éphèse (431) et de Chalcédoine (451), continue jusqu'à nos jours à diviser l'Église. Cette lettre est presque tout entière consacrée à affirmer, contre Nestorius, l'unité de la personne du Christ, celle du Verbe de Dieu avec la chair assumée. Elle est donc un témoignage important sur les débuts de la controverse nestorienne.

    Théologiques ou christologiques tour à tour, animés parfois de passion polémique, ces exposés constituent pour le théologien comme pour l'historien du dogme ou celui de l'Église, des documents de première importance et solidement datés.

    Jean-Noël Guinot

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Lettres festales 12-17

    La lettre 12 (424) comprend, outre les éléments fixes d’une Festale, deux grandes parties : elle dénonce d’abord le culte des anges, dans lequel elle soupçonne un polythéisme masqué, et insiste sur la séparation entre créateur et créatures ; elle se lance ensuite dans un développement trinitaire sur la génération du Fils et sa consubstantialité au Père, tout en maintenant (à cause d’Eunome ?) un certain apophatisme ; c’est le signe d’un tournant antiarien dans les préoccupations de Cyrille, contemporain sans doute d’une œuvre comme le Thesaurus. La lettre 13 (425) est consacrée à l’Incarnation : d’abord les préfigurations bibliques (le messager de paix d’Is 52, le didrachme d’Ex 30 offert pour le salut, la libération d’Egypte en Ex 13), puis la théologie : le Fils reste Dieu en venant dans la chair, sans mutation, assumer un homme complet. La lettre 14 (426) revient sur le choix d’une vie évangélique dans la logique de la foi au Christ et dénonce les hésitations de certains chrétiens qui louchent vers des pratiques païennes ; elle explique ensuite, avec des exemples bibliques, ce qu’est un vrai prophète, distingué des faux et des devins, obéissant à l’inspiration de l’Esprit. La lettre 15 (427) garde encore un peu les préoccupations antiariennes de la lettre 12 en insistant sur la kénose du Fils qui laisse intacte sa divinité. La lettre 16 (428) retrouve une thématique plus habituelle : symbolisme du printemps (cf. lettres 2 et 9), pédagogie de la Loi qui annonce le Christ, symbolisme de la Tente de l’Exode et du Saint des saints, combat contre le péché, salut. La lettre 17 (429), qui coïncide avec le déclenchement de la crise nestorienne, contient un important développement christologique sur l’unité du Christ préfigurée dans divers textes bibliques ; cette lettre est la seule, pour cette raison, à avoir été traduite en latin dès l’Antiquité.

    Extrait(s)

    (LF 13, 4, SC 434, p. 109)

    « Le Verbe qui est Dieu et issu de Dieu par nature, selon une génération ineffable à partir du Père, lui qui est égal en force et en opération à celui qui l’a fait naître, qui est image et resplendissement, empreinte de son hypostase, s’est anéanti lui-même ; il s’est s’abaissé à la mesure de l’homme, il n’a pas dédaigné une nature tant foulée aux pieds. C’était pour nous arracher au péché, nous débarrasser, puisqu’il était Dieu, de cette ancienne malédiction afin de nous rendre plus forts que la mort et que la corruption. Pour cette raison le Fils unique s’est fait homme ; il s’est soumis à la Loi, lui qui était au-dessus de la Loi en tant que Dieu ; il a été appelé esclave, lui qui était porté par les plus hautes puissances mêmes et célébré par la voix des saints Séraphins comme le Seigneur Sabaoth. »

    p. 185-187

    [La génération du Fils]

    Engendré de Dieu le Père d’une manière indicible qui dépasse l’intelligence, le Fils est en lui et de lui, par nature. Quand nous disons qu’il a été engendré, qu’on comprenne cela au-delà des lois des corps, et qu’on laisse loin en dessous la petitesse des représentations qui s’y attachent, pour se faire une idée du divin infiniment supérieure à la nature du corps, et qu’on se mette bien en tête qu’il possède une gloire incomparable, bien au-dessus de tout être créé. Nous l’admettrons donc, sans suivre du tout les lois qui nous concernent, qui veulent que pour ce qui a été engendré, l’inexistence totale précède l’enfantement, et que le non-être apparaisse, si l’on peut dire, avant la venue à l’être. Car c’est là une sottise, et la preuve évidente d’une stupidité qui atteint des sommets. En effet, si notre raisonnement s’occupait de corps ou de ce qui nous concerne, il n’y aurait rien de déplacé à leur attribuer les propriétés des corps et tout ce qui arrive naturellement à des êtres soumis à la naissance et à la corruption. Car l’inexistence totale précède, on le sait, la venue à l’existence. […].

    Mais s’agissant de la substance qui est au-dessus de toutes les autres, qui dépasse tout être créé, comment ne serait-il pas parfaitement insensé […] de chercher une génération dans le temps ? Pauvre homme, laisse cette sottise !

    Errata

    Page

    Localisation

    Texte concerné

    Correction

    Remarques

    105

    l. 5 en partant de la fin

    Mes

    [Mes]

     

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