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SC 432
Grégoire le Grand (Pierre de Cava)
Commentaire sur le Premier Livre des Rois, tome III
III, 38 – IV, 78août 1998Introduction, texte, traduction et notes par Adalbert de Vogüé.
ISBN : 9782204060806466 pagesD'Anne et de Samuel à l'onction de David, une méditation sur les modèles du sacerdoce et de la vie monastique, par un moine italien du 12e siècle.Présentation
Troisième d'une série qui en comptera six, ce nouveau tome du Commentaire sur le Premier Livre des Rois est le premier où l'éditeur fasse état d'une découverte troublante : ce très beau texte, attribué jusqu'ici au pape Grégoire le Grand (590-604) est en réalité l'œuvre d'un moine italien du XIIe siècle, Pierre de Cava, qui connaissait bien les écrits grégoriens et les imitait avec talent.
Plus d'un demi-millénaire sépare Grégoire de Pierre. Celui-ci se plaint que l'Église vieillit avec le monde, de sorte que ses pasteurs sont souvent peu dignes de leur charge sacrée. Un programme de redressement leur est proposé, où la contemplation tient une large place. Avec le clergé, les moines sont souvent évoqués, sans que leur nom soit prononcé. Eux aussi, ils sont invités à contempler, l'humilité de leur état allant de pair avec la sublimité d'un regard fixé sur l'éternité.
Sacerdoce, laïcat, monachisme : tels sont les trois états que l'auteur reconnaît dans les noms symboliques de Béthel, Galgal et Masphat. L'odyssée de l'arche prise par les Philistins, la judicature de Samuel, l'instauration de la royauté en Israël : tout est occasion d'inciter le peuple chrétien à la conversion et à l'espérance.Moine de la Pierre-qui-Vire, Adalbert de Vogüé a édité de nombreux volumes des Sources Chrétiennes, en particulier La Règle de saint Benoît (1971-1977).
Le mot du directeur de Collection
La lecture d'une chronique inédite de l'abbaye italienne de Venosa (Basilicate) a conduit Dom Adalbert de Vogüé, l'éditeur du Commentaire sur le Premier Livre des Rois à retirer à Grégoire le Grand la paternité de l'ouvrage et à le restituer à son véritable auteur, Pierre de Cava, abbé du monastère de Venosa au XIIe siècle. Ainsi, alors que s'achevait l'impression du troisième tome de ce long commentaire – trois autres volumes seront encore nécessaires pour en terminer la publication –, fallut-il au dernier moment annoncer au lecteur cette découverte ! Pour n'être pas du pape Grégoire, mais d'un lointain émule, assez profond connaisseur en tout cas de la pensée et du style du maître pour avoir abusé les meilleurs spécialistes, ce commentaire n'en conserve pas moins tout son intérêt et sa beauté spirituelle.
La pérégrination de l'arche, prise les Philistins pour leur malheur, la défaite d'Israël, les faits et gestes du prophète Samuel, bref toute l'histoire de 1 Samuel 4-7, puis celle de 1 Samuel 8, relative à l'instauration de la royauté en Israël, sont lues par l'auteur selon les différents registres de l'interprétation patristique et médiévale. Ainsi la victoire des Philistins annonce-t-elle en figure la ruine des Juifs à l'époque romaine et leur défaite devant les prédicateurs de l'Évangile ; l'arche, dont se sont emparés les Philistins et qui cause des ravages dans leur pays, préfigure la victoire de l'Écriture et du message chrétien sur le paganisme et les idoles ; le personnage de Saül, que l'obstination du peuple a fait choisir comme roi, préfigure tour à tour ces supérieurs ecclésiastiques dont l'ambition temporelle est l'unique moteur de l'action, ou au contraire le chef d'Église que signale sa vertu et qui, par son exemple et sa parole, entraîne ses sujets sur le chemin de la piété.
Bref, successivement littérale, figurative ou morale, l'exégèse de ce moine nourri de la spiritualité grégorienne, a pour objet d'inciter le peuple chrétien tout entier, et d'abord sans aucun doute les moines et les responsables ecclésiastiques de son temps, à la conversion et à la pénitence.Jean-Noël Guinot
Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume
Commentaire sur le Premier Livre des Rois, Livre III (chap. 38-173) – Livre IV (chap. 1-78)
Le volume 432 est celui qui était prêt à être imprimé sous le nom de Grégoire le Grand quand Adalbert de Vogüé fut avisé que l’attribution de l’œuvre n’était peut-être pas la bonne. Il est imprimé tel qu’il avait été préparé, à l’exception d’un avertissement inséré peu avant l’impression résumant les données du problème.
À partir de la cinquième section apparaît l’exégèse spirituelle de l’œuvre, absente des quatre premières. Sont développés les effets de grâce de la Parole de Dieu : conversion, pénitence et contemplation. Au cœur de cette section se trouve le conflit entre Israël et les Philistins : il commence par une défaite d’Israël, au cours de laquelle Héli trouve la mort, et se termine par la défaite des Philistins. Au début et à la fin de la section, ces derniers figurent les démons qui affligent le peuple de Dieu. Au milieu du développement, en revanche, ils représentent l’Église, c’est-à-dire les païens convertis qui mènent la guerre contre Israël. L’arche d’alliance représente les écrits de l’Ancien Testament, qui passent de l’interprétation charnelle des juifs à l’intelligence spirituelle des chrétiens. Le retour de l’arche, avec les objets offerts en réparation, symbolise le repentir de ceux qui ont péché. La marche du char et son arrivée à Bethsames représentent le progrès spirituel des fidèles guidés par un pasteur et l’accès des croyants à un état supérieur où l’âme devient capable de se guider elle-même, c’est-à-dire la contemplation. La typologie est ici mise au service d’une lecture spirituelle, avant de passer de l’eschatologie aux affaires de l’Église à l’époque de la rédaction du commentaire : les trois villes que visite Samuel représentent les trois composantes de l’Église, à savoir le clergé, le laïcat et le monachisme.
La sixième section consiste en trois exégèses différentes du même texte. La première est littérale. Elle est suivie de deux interprétations spirituelles, une négative et une positive. Le passage biblique concerné porte sur l’instauration de la royauté en Israël. Samuel voit ses fils rejetés par le peuple, qui demande un roi. Le prophète interroge le Seigneur, qui, tout en réprouvant le désir du peuple, lui ordonne de le satisfaire. Le commentaire porte sur le mystère d’une divinité qui accède à une requête qui l’offense. Il applique ce mystère à celui de l’Église : le vieillissement de l’humanité l’amène parfois à s’enfoncer dans le mal. Le premier commentaire spirituel consiste à entendre le « droit du roi » comme une allégorie des méfaits causés par les mauvais prélats. Le roi figure l’évêque charnel et mondain, tandis que le prophète demeure un modèle d’intimité aimante avec Dieu. Dans le second commentaire spirituel du texte, les qualités extérieures du roi sont mises en valeur. Pierre de Cava essaie de voir dans chaque aspect du gouvernement du nouveau roi un signe positif, mais il ne peut s’empêcher de rechuter dans le pessimisme : quand Samuel prédit aux Israélites que la royauté sera oppressante pour eux, Pïerre de Cava pense aux moines regrettant leurs vœux monastiques et souhaitant quitter la vie religieuse.
Extrait(s)
(III, 158, 6-7, p. 265)
C’est bien à propos aussi que le texte rapporte d’abord l’effroi des Philistins, puis leur massacre par les fils d’Israël. En effet, c’est bien la dévotion des élus qui les effraient, et leurs actes qui les taillent en pièces. Or la dévotion précède les actes. Aussi montre-t-on en bon ordre d’abord l’effroi des Philistins, puis leur massacre. Car nous commençons par recevoir du Seigneur le don de la bonne volonté, pour être ensuite capables de repousser les conseils des esprits mauvais. C’est encore bien à propos que le texte représente le Seigneur tonnant sur les Philistins, et les effrayant, tandis qu’il rapporte que les fils d’Israël les taillèrent en pièces. En effet, c’est la grâce divine qui suscite en nous les bons désirs, mais c’est nous qui, par les efforts de notre liberté, menons les dons de la grâce à la victoire des vertus.
(p. 293-295)
Samuel y revient, pour ne pas être écrasé par le poids de son travail. Oui, Samuel revient à Ramatha, quand l’amour du ciel soulage l’âme du prédicateur. Car, au milieu des fardeaux si énormes de sa charge, il s’effondrerait, si par un désir plein d’espérance il ne revenait à l’amour du ciel. Revenir, pour les prédicateurs, c’est en effet ramener l’attention de leur âme aux joies de la patrie céleste.
Et c’est là qu’ils jugent Israël, car c’est à la beauté de la patrie d’en-haut, gardée présente à leur esprit, qu’ils s’efforcent de rendre conformes, par leur prédication, les fidèles qui leur sont soumis. C’est là qu’ils jugent Israël, car c’est à cette cité déjà parfaite, fixée du regard, qu’ils prennent le modèle sur lequel ils façonnent en parlant les âmes de leurs fils et qu’ils tâchent d’ôter de leurs âmes tout ce qu’ils y voient d’indigne d’une telle beauté.
Et parce qu’ils se reposent avec toute leur affection dans la gloire de cette patrie bienheureuse, c’est là que, au dire du texte, se trouve sa demeure. Sa demeure, en effet, est évidemment là où il passe sa vie par l’amour. D’où la fière parole de l’éminent prédicateur : « Nous passons notre vie dans les cieux. »Errata
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Remarques
313
l. 12
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