• SC 429

    Théodoret de Cyr

    Correspondance, tome IV
    (Collections conciliaires)

    février 1998

    Texte critique de E. Schwartz. — Introduction, traduction, notes et index par Yvan Azéma.

    Ouvrage publié avec le concours de l'Œuvre d'Orient.
    ISBN : 9782204057691
    375 pages

    Un témoignage direct d'un acteur-clé des controverses théologiques en Orient dans la première moitié du 5e siècle.

    Présentation

    Avec le présent volume s’achève l’édition de la Correspondance de Théodoret de Cyr : sont ici publiées les trente-six lettres, datées des années 431-435, qui nous sont parvenues à travers les collections conciliaires. Contemporaines du conflit christologique qui opposa alors Cyrille d’Alexandrie à Nestorius de Constantinople, elles témoignent du choc violent et douloureux de deux tendances, de deux écoles, de deux Églises ; leur intérêt est donc avant tout historique et théologique, mais il est aussi psychologique, car elles sont le reflet de l’évolution des sentiments de celui qui les a écrites en fonction des événements auxquels il s’est trouvé intimement mêlé : à ce titre elles viennent enrichir la connaissance que nous avaient déjà donnée de Théodoret les deux collections antérieures.

     

    Yvan Azéma, agrégé de l’Université et docteur ès lettres, a publié les Discours sur la Providence de Théodoret de Cyr (Paris 1954) et, dans la présente collection, les trois premiers volumes de sa Correspondance (SC 40, 98, 111).

    Le mot des Sources Chrétiennes

    On doit les 4 tomes de la Correspondance à Yvan Azéma (†), qui fut Professeur à l'Université de Montpellier.

    On trouvera dans ce tome IV 36 lettres de Théodoret, conservées dans plusieurs collections conciliaires, généralement dans une version latine ; quatre d'entre elles seulement ont été transmises en tradition grecque. Le texte critique publié est celui de la collection des Acta Conciliorum Oecumenicorum, établi par E. Schwartz.
    L'origine même de cet ensemble de lettres, conservées dans les Actes des conciles d'Éphèse (431), de Chalcédoine (451) et de Constantinople II (553), en indique assez clairement le caractère théologique. Elles sont, de fait, d'un grand intérêt pour l'histoire du conflit doctrinal qui opposa Cyrille d'Alexandrie à Nestorius de Constantinople sur la question des deux natures et de leur union dans l'unique personne du Christ. Dans ce débat christologique, qui traverse tout le Ve siècle et se prolonge douloureusement bien au-delà du concile de Chalcédoine, jusqu'à nos jours, avec la division de l'Église entre Chalcédoniens orthodoxes et anti-Chalcédoniens, monophysites ou nestoriens, Théodoret a joué un rôle de premier plan. Il eut du reste à payer le prix, même post mortem, de son engagement pour la défense de la foi orthodoxe : tour à tour excommunié, déposé de son siège épiscopal et contraint à l'exil par le « Brigandage d'Éphèse » (449), puis reconnu orthodoxe et rétabli dans ses droits par le concile de Chalcédoine, il fut une fois encore injustement condamné, cent ans plus tard, par le Ve concile œcuménique (553). Les lettres ici publiées datent des années 431-435. Elles couvrent donc la période qui précède immédiatement le concile d'Éphèse et suit l'Acte d'union (433), rétablissant la communion entre Cyrille et les Orientaux. On peut y suivre l'évolution du débat christologique et la part qu'y prit Théodoret, depuis sa réfutation des Anathématismes de Cyrille contre Nestorius jusqu'à la rédaction de l'Acte d'union et à la difficulté de le faire accepter par son propre parti.
    Outre leur intérêt historique et théologique, ces lettres reflètent aussi l'évolution des sentiments de Théodoret au long de ces années de crise : sa sévérité à l'égard de Cyrille, qui demeure pour lui le principal responsable du conflit, son amitié indéfectible pour Nestorius qu'il estime injustement condamné, mais aussi, par la suite, son honnêteté à reconnaître que Cyrille a fourni les éclaircissements attendus sur sa christologie et qu'il n'y a donc plus aucune raison de refuser de rétablir avec lui la communion. Comme souvent, et dans ce conflit tout particulièrement, les questions de personnes ont tenu une grande place ; et ce n'est pas, en apparence, une des moindres contradictions que de voir Théodoret s'efforcer de convaincre ses amis de faire la paix avec Cyrille, mais refuser quant à lui cette réconciliation, tant que le prix en est la condamnation de Nestorius.

    Jean-Noël Guinot

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    La correspondance de Théodoret de Cyr, monument d’histoire, témoigne bien de la place qu’il a occupée, du concile d’Éphèse à celui de Chalcédoine. Leur intérêt tient aussi à leur variété de contenu, de ton, d’objet, d’intention tantôt littéraire, tantôt théologique, ainsi qu’aux aspects psychologiques permettant pour mieux connaître leur auteur.

    La correspondance telle qu’on l’a conservée comprend 232 lettres. Si une grande partie est perdue – au xve s., Nicéphore Calliste disposait d’environ 500 lettres – et si la conservation en est inégale, grevée d’une lacune de dix ans dans la vie épiscopale de Théodoret (entre 437 et 447), elle reste considérable. Elles sont issues de quatre sources principales : 147 sont connues par l’édition de J. Sirmond (1642, d’où le nom de Collectio Sirmondiana), établie d’après un manuscrit de Naples et reproduite dans de la Patrologie grecque de Migne ; 47 proviennent d’un unique témoin, le Patmensis 706, qui fut découvert et édité par I. Sakkélion en 1885 ; les 36 lettres restantes, datées de 431-437, sont issues de collections conciliaires anciennes. 

    Cet ensemble attestant la prodigieuse activité de Théodoret (le diocèse de Cyr comprenait 800 paroisses) se signale par la variété des destinataires et de leur statut.  

     

    Ce dernier volume de l’édition de la correspondance de Théodoret de Cyr comprend les 36 lettres transmises par les collections conciliaires, la Collectio Casinensis (transmise pour ces lettres par un témoin du xiie s., le Casinensis 2), qui en comprend 32 dans la traduction latine faite par le diacre romain Rusticus dans la 2e moitié du vie s., et les collections grecques, qui en comptent 4 ; d’autres collections latines complètent la tradition de ces lettres. Le texte est celui d’E. Schwartz dans le t. I des Acta Conciliorum Oecumenicorum, avec de menues différences.

    Ici classées par ordre chronologique, ces lettres datent toutes du conflit christologique qui oppose Cyrille d’Alexandrie à Nestorius de Constantinople et témoignent d’événements se déroulant entre 431 et 435, soit pendant et après le concile d’Éphèse. Elles permettent de comprendre l’importance du rôle joué alors par l’évêque de Cyr, notamment dans la réfutation des anathématismes de Cyrille que l’a chargé de faire Jean d’Antioche, ou dans le compromis de l’Acte d’union de 433. À ce titre, les lettres 2 et 10 sont particulièrement éclairantes : adressées à André de Samosate sollicité avec Théodoret pour réfuter les anathématismes, elles sont un témoin direct d’un tenant du parti de la réconciliation. Les plus substantielles par leurs développements doctrinaux sont les lettres 4 et 5. La lettre 4, adressée aux moines d’Orient, entend réfuter en partie les anathématismes de Cyrille au motif de leur théopaschisme. Elle est un clair témoignage des vues de Théodoret sur l’Incarnation, la Theotokos et l’équilibre entre les natures humaine et divine. La lettre 5, adressée au peuple de Constantinople, tire quant à elle dans le sens de la doctrine antiochienne les conséquences des vues triadologiques fixées par le concile de Nicée. 

    Extrait(s)

    Lettre 5, au peuple de Constantinople, datée de la 1re moitié de 432 (p. 131-133)

    Ce qu’éprouvent et font les mères des oiseaux chaque fois qu’elles voient que leurs nids vont être pillés – car alors elles sont pleines d’angoisse, poussent un cri aigu et invitent leurs petits encore tendres à voler comme elles, afin d’échapper aux mains des chasseurs –, c’est ce que, pour ma part, j’éprouve et je fais quand j’entends monter de votre lettre vos lamentations et que, par les yeux de l’intelligence, je vous vois, vous aussi, pour ainsi dire, pousser en tremblant un cri aigu. Car aussitôt que j’ai eu examiné votre lettre, j’ai versé toutes les larmes de mon corps, ‘‘mes yeux’’, comme dit le prophète, ‘‘ont versé des ruisseaux de larmes’’ (Ps 118,136), et longtemps je n’ai cessé de rester silencieux et de gémir tout à la fois, en songeant à ce malheur inattendu, à cette scission du corps de l’Église, à ce combat pire que toutes les guerres civiles.

    p. 255-257

    À mon seigneur véritablement très aimé de Dieu et vénérable, au père saint l’évêque Nestorius, salutations de Théodoret dans le Seigneur.
    Que le séjour à la ville, les honneurs et la gloire ne triomphent pas de moi et que je n’ai pas besoin de sièges élevés, je pense que Ta Sainteté le sait. Car, à défaut d’autre chose, l’isolement de la cité dont je crois avoir reçu en partage le soin, m’a suffisamment appris cette philosophie. Cette cité, on le sait, outre l’excès de solitude, comporte aussi une foule de raisons capables d’arrêter un très grand nombre de ceux-là mêmes qui mettent trop leur joie dans de tels biens. Que nul ne persuade donc Ta Sainteté que c’est par désir du pouvoir que j’ai, les yeux fermés, accepté comme justes les croyances que l’Égyptien a exposées par écrit. Car je déclare en toute vérité que c’est en relisant plus d’une fois cette lettre et en pesant soigneusement les termes, que je l’ai trouvée exempte de la corruption de l’hérésie et j’ai craint de lui imposer une flétrissure, sans pour autant approuver celui qui a été à la source de désordre pour le monde entier, et j’espère qu’au jour du jugement je ne serai pas pour cela soumis à un châtiment, parce que le juste juge regarde l’intention de chacun en particulier.

    Errata

    Page Localisation Texte concerné Correction Remarques
    10 l. 12 FLEMMING J., Akten der Ephesinischen Synode vom Jahre 449 dans Abhandlungen der königlichen Gesellschaft der Wissenschaften zu Göttingen. Phil.-Hist. Klasse XV, 1, Berlin, 1917. FLEMMING J., Akten der Ephesinischen Synode vom Jahre 449, syrisch, dans Abhandlungen der königlichen Gesellschaft der Wissenschaften zu Göttingen. Phil.-Hist. Klasse XV, 1, Berlin, 1917, pp. 90-105.  
    59 n. 4 lettere lettre  
    69 l. 10 jeté jetée  
    109 l. 14 Corintiens Corinthiens  
    109 l. 2 Jacob,son serviteur Jacob, son serviteur  
    118 l. 5 568r 558r  
    148 l. 3 en partant de la fin sumna summa  
    188 l. 7 en partant de la fin   35 Oubli de la numérotation dans la marge.
    189 l. 7 en partant de la fin acquisses acquises  
    240 n. 2 amicalibus amicabilibus  
    247 l. 9 variée varié  
    294 n. 1 sourcrire souscrire  
    313 Dernière ligne avec toi. avec ta Piété.  
    314 l. 4 subcriptis subscriptis  
    338 l. 7 Cililcie Cilicie  
    340 l. 2 ἄνοθεν ἄνωθεν  
    340 l. 8 ἀπεπίγραφος ἀπερίγραφος  
    340 l. 12 ἀποστολικό ἀποστολικός  
    348 l. 6 fraternitas 10a, 26; 23a, 30; 23b, 37; 23c, 33; 33, 24. fraternitas 10a, 26 ; 23a, 30 ; 23b, 37 ; 23c, 33 ; 24, 23 ; 33, 24.  

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