• SC 427

    Barsanuphe et Jean de Gaza

    Correspondance, I, 2
    Volume I, Aux solitaires. Tome II, Lettres 72-223

    mars 1998

    Texte critique, notes et index par François Neyt, o.s.b., et Paula de Angelis-Noah. — Traduction par Lucien Regnault, o.s.b.

    Ouvrage publié avec le concours de l'Œuvre d'Orient.
    ISBN : 9782204060158
    371 pages
    L'école du discernement, ou la vitalité du monachisme palestinien au 6e siècle, à travers plus de 800 lettres.

    Présentation

    Dans la région de Thavatha, près de Gaza, l’abbé Séridos fonda un cœnobion au début du VIe s. Après quelques années il éprouva une grande joie de pouvoir accueillir deux solitaires, Barsanuphe, appelé le Grand Vieillard, et Jean, dit le Prophète. Tous deux allaient entretenir une correspondance suivie avec d’autres solitaires de la région, des moines du monastère, des évêques et des laïcs. Cette correspondance, unique en son genre, dictée à l’abbé Séridos, nous ouvre les questions essentielles que les consultants posaient à leur père spirituel. Les réponses des sages de Gaza sont pétries de la Parole de Dieu « ruminée » dans le silence du désert, et habitées de la tradition des Pères d’Égypte. L’enseignement d’abba Antoine, les Apophtegmes de Macaire, Poemen, Isaïe et d’autres s’y reflètent avec une densité et une sensibilité inégalées.

    La sainteté et la compassion de Barsanuphe et de Jean s’enracinent dans une extrême humilité, un sens des personnes et des circonstances, et surtout une vision de la vie qui se fonde sur les réalités ultimes de l’existence, quand Dieu sera tout en tous.

     

    François Neyt, moine du monastère saint André de Clerlande (Belgique), après une thèse sur le monachisme de Gaza, a enseigné à l'Université Nationale du Zaïre (Congo), puis à l'Université Catholique de Louvain. Il est membre de l'Académie Royale des Sciences d'Outre-Mer.

    Paula Noah, après ses études à l'Université Libre de Bruxelles et à l'Université de Bologne, a publié La méditation êta de Barsanuphe de Gaza.

    Lucien Regnault, moine de l'abbaye de Solesmes (France), dont les nombreux travaux portent sur les anciens moines du Moyen-Orient, a publié aussi une édition critique des Apophtegmes.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Le second tome de la Correspondance de Barsanuphe et de Jean de Gaza (SC 427) contient les Lettres 72 à 223, échangées par les deux ascètes reclus, dits « le Grand Vieillard » (Barsanuphe) et « l'Autre Vieillard » (Jean le Prophète), avec les solitaires de la région de Gaza. Ainsi s'achève la première des trois grandes sections, entre lesquelles ont été anciennement réparties ces lettres en fonction de leurs destinataires. Comme le précédent (SC 426), ce second tome fait découvrir plusieurs visages d'anachorètes, chacun avec sa personnalité. Leurs interrogations expriment leur désir de vie parfaite, dans la prière et l'ascèse, mais aussi leurs angoisses et leurs scrupules, leurs fantasmes et les tentations qui les assaillent, dont la moindre n'est pas le découragement ou l'affliction de devoir renoncer à poursuivre leurs pratiques ascétiques en raison de la maladie. À tous les « cas de conscience » qui leur sont soumis, à tous les conseils qui leur sont demandés, les deux « Vieillards » répondent en faisant preuve d'un grand discernement et d'une profonde connaissance de la nature humaine. Le scrupuleux est rassuré, le malade réconforté, le dépressif soutenu, le moribond apaisé ; des conseils pratiques concernant la nourriture, la prière, la récitation des psaumes, la manière dont un frère au service d'un Vieillard malade doit se comporter avec lui, sont prodigués à chaque correspondant et fournissent autant d'exemples de direction spirituelle. L'invitation à renoncer et à mourir à soi-même, à pratiquer l'humilité et la charité, s'accompagne presque constamment d'une invitation à la confiance et à l'action de grâces, s'exprimant dans la prière. Le jeûne et les privations, qui tiennent tant de place dans la vie de ces solitaires, ne sont en aucune manière une fin en soi ; à celui qui déplore que sa mauvaise santé lui interdise ces pratiques, Barsanuphe répond :

    « Ne te laisse pas aller au désespoir, car c'est la grande joie du diable. Sois donc confiant dans le Seigneur... Et pour ce qui est du jeûne corporel, ne te chagrine pas, car il n'est rien sans le spirituel » ;

    et, dans une autre lettre :

    « Pour le jeûne, ne t'afflige pas ; car, comme je te l'ai déjà dit, Dieu n'exige rien au-dessus de nos forces. Qu'est-ce, en effet, que le jeûne, sinon la discipline du corps, afin que le corps en bonne santé soit réduit en servitude et qu'il soit affaibli quant aux passions ? »

    Mêmes conseils empreints de modération quand il s'agit de la prière :

    « Pour la psalmodie ou la liturgie, ne t'afflige pas, car Dieu ne l'exige pas de toi à cause de la maladie. »

    Et quand la maladie accorde au malade une rémission, ce sont encore les mêmes conseils de modération que prodigue Barsanuphe :

    « Tu dois psalmodier un peu, réciter un peu par cœur, examiner et surveiller un peu tes pensées »,

    sans astreinte et selon tes forces, à la manière de celui qui goûterait un peu de chaque plat, parce qu'il n'a pas encore la force de se contenter d'un seul et même plat, sans en éprouver du dégoût.

    « En effet, nos Pères, qui étaient parfaits, n'avaient pas de règle précise ; car, toute la journée, leur règle était de psalmodier un peu, de réciter un peu par cœur, d'examiner un peu leurs pensées, de s'occuper un peu de leur nourriture, et cela selon la crainte de Dieu, car il est dit : 'Tout ce que vous faites, faites-le pour la gloire de Dieu.' »

    Que les solitaires de Gaza du VIe siècle ne sont pas les seuls à pouvoir tirer profit, pour leur vie spirituelle, des conseils des deux « Vieillards », c'est l'évidence. Sinon cette Correspondance, pieusement recueillie par leurs disciples, n'aurait pas été recopiée de siècle en siècle, avant d'être éditée à l'époque moderne. Elle n'est pas non plus réservée à des ermites, et ce serait une erreur de croire que des laïcs n'en tireraient aucun profit ! On peut donc ne pas attendre la publication des lettres aux laïcs chrétiens, troisième et dernière section de cette Correspondance, pour se mettre à l'école des moines de Gaza !

    L'édition de la totalité de ces Lettres est assurée conjointement par Dom François Neyt, moine de Saint-André de Clerlande et professeur à l'Université de Louvain, et Paola De Angelis-Noah de Ravenne ; la traduction est celle de Dom Lucien Regnault, moine de Solesmes.

    Jean-Noël Guinot

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Lettres 72-223

    Ce tome II du volume I consacré à la correspondance aux solitaires (lettres 1-223), comprend les lettres 72 à 223 :

    - 72-123 : lettres à André, Vieillard malade

    - 124-131 : au moine Théodore

    - 132-137 : au frère qui interrogeait par énigmes

    - 138-160 : lettres à deux pères

    - 161-210 : à un frère et à deux pères

    - 211-213 : à un père prêtre

    - 214-219 : à un frère malade

    - 220-223 : à un frère mourant et à ses frères

    Extrait(s)

    Lettre 117 (p. 449)

    Écoutez comment s’accomplira a grande présentation (à la fin des temps) : chacun des saints, amenant à Dieu les fils qu’il aura sauvés, dira d’une voix sonore, en pleine et grande assurance, à la stupéfaction des saints anges et de toutes les puissances célestes : « Me voici, moi et les petits enfants que Dieu m’a donnés. » Et non seulement il les remettra à Dieu, mais aussi lui-même, et alors Dieu sera « tout en tous ». Priez donc pour que nous y arrivions. Bienheureux en effet celui qui attend et qui arrive. Priez pour moi, bien-aimés.

    Lettre 142 (p. 521)

    Voici la réponse de Jean à la question d’un solitaire, au sujet d’une expression employée par Barsanuphe :

    « ‘Pourquoi, Père, le bon Vieillard a-t-il appelé sa cellule un cimetière ?’

    Réponse de Jean : ‘Parce qu’il jouit du repos de toutes les passions. Il est en effet complètement mort au péché. Et sa cellule dans laquelle il s’est enfermé vivant comme dans un tombeau pour le nom de Jésus est un lieu de repos, aucun démon n’y pénètre, pas même leur prince le diable. Car elle est devenue un sanctuaire puisqu’elle contient la demeure de Dieu. Donc en tout glorifions tous Dieu d’un même cœur.’ »

    Lettre 187 (p. 599)

    Prie aussi afin qu’il me soit donné de dire : « Père, accorde-moi que, là où je suis, mes enfants soient aussi, dans la vie ineffable. » Crois-moi, frère, mon esprit dirait volontiers à mon Maître qui se complaît dans la prière de ses serviteurs : « Maître, ou bien introduis avec moi mes enfants dans ton royaume, ou bien efface-moi de ton livre. » Mais ma faiblesse et ma négligence m’interdisent une telle liberté de parole. Cependant sa miséricorde à lui est grande. Et puisque nous avons un tel Maître, invoquons-le avec la ferme confiance que de toutes manières il nous fera miséricorde. Dieu ne peut ignorer le labeur, l’ascèse, la componction et l’austérité de nos Pères, de ceux qui sont morts et de ceux qui vivent maintenant, mais il doit dire : « J’épargnerai ce lieu à cause de moi et de ceux qui m’y ont servi et qui m’y servent vraiment. »

    Errata

    Page

    Localisation

    Texte concerné

    Correction

    Remarques

    499

    l. 4

    tu m’a demandé

    tu m’as demandé

     

    699

    l. 1

    II.

    III.

     

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