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SC 423
Victorin de Poetovio
Sur l'Apocalypse
suivi du Fragment chronologique et de La construction du mondejuin 1997Introduction générale, texte critique, traduction, commentaire et index par Martine Dulaey.
ISBN : 9782204057387245 pagesÀ la fin du 3e siècle, un futur martyr signe le premier commentaire de la Révélation selon saint Jean.Présentation
Dans la seconde moitié du IIIe siècle, Victorin, évêque de Poetovio (dans l’actuelle Slovénie) avait rédigé de nombreux commentaires bibliques. Jérôme, qui est notre source principale à son sujet, avait en estime cet exégète latin qui connaissait bien les auteurs grecs, particulièrement Hippolyte et Origène. On donne ici ce qui a survécu de l’œuvre, un court traité De fabrica mundi, qui est une méditation typologique sur le récit de la création, un fragment concernant la chronologie de la vie de Jésus, et surtout l’In Apocalypsin, le premier commentaire de l’Apocalypse de Jean qui soit parvenu jusqu’à nous. À la fin du IVe siècle, les idées millénaristes du traité paraissaient archaïques à Jérôme, qui l’appréciait pourtant assez pour en rédiger une nouvelle édition en donnant une version modifiée des chapitres de la fin (qu’on trouvera ici). Ainsi rénové, le commentaire n’a cessé de nourrir la réflexion sur l’Apocalypse jusqu’au Moyen Âge.
Martine Dulaey est professeur à l’Université d’Amiens.
Le mot des Sources Chrétiennes
L'Apocalypse de S. Jean a été beaucoup moins commentée par les Pères. Cet ouvrage mérite donc d'autant plus de retenir l'attention qu'il est le plus ancien commentaire patristique de l'Apocalypse à nous être parvenu.
De Victorin de Poetovio (l'actuelle Ptuj en Slovénie), cet évêque pannonien de la première moitié du IIIe siècle, qui mourut martyr, sans doute au début de la persécution de Dioclétien, nous savons peu de choses. Toute notre information vient de Jérôme, qui avait lu la plupart des commentaires bibliques de Victorin et en appréciait l'exégèse.
Outre ce Commentaire sur l'Apocalypse, sont parvenus jusqu'à nous un court traité sur la Construction du monde – une réflexion sur les six jours de la création –, et un Fragment chronologique relatif aux dates de la vie de Jésus, qui, selon Victorin, aurait vécu non pas 33 ans, mais 49. Tous ces textes sont réunis, présentés, traduits et commentés par Martine Dulaey, professeur à l'Université d'Amiens, qui a consacré une étude fondamentale à Victorin de Poetovio, publiée dans la Collection des Études Augustiniennes (Victorin de Poetovio. Premier exégète latin, 2 vol., Paris 1993), et prépare pour le Corpus Christianorum de Louvain l'editio maior de ses écrits.
Dans cet ensemble, le Commentaire sur l'Apocalypse constitue la pièce la plus importante et peut-être la plus originale. En tout cas, jusque dans le haut Moyen Âge, ce texte n'a pas cessé d'être lu et recopié. Jérôme a sans aucun doute beaucoup contribué à sa diffusion, lui qui avait donné une édition « expurgée » de ce commentaire pour en gommer les développements millénaristes. Comme le souligne M. Dulaey, l'œuvre de Victorin est un témoignage unique sur « les premières traces d'une de ces Églises d'Europe centrale qui seront bien vite balayées par les grandes invasions ». Quant au sens du commentaire, elle le dégage en ces termes : « L'Apocalypse est pour Victorin un livre fondamental, parce qu'il y voit une sorte de récapitulation de l'Écriture, où le Christ ressuscité reprend ce qui avait été annoncé en figures par la Loi pour en ouvrir le sens, comme il le fit pour les disciples sur le chemin d'Emmaüs. »Jean-Noël Guinot
Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume
Commentaire sur l'Apocalypse
Victorin, évêque de Poetovio, en Pannonie, vécut au iiie siècle et mourut martyr. De son œuvre, essentiellement exégétique, il ne reste que des fragments et le Commentaire sur l’Apocalypse. Victorin s’inscrit dans la tradition exégétique d’Irénée, Origène et Hippolyte.
Le Commentaire sur l’Apocalypse est le plus ancien commentaire conservé. Il fut lu et recopié jusqu’au Moyen Âge, surtout grâce à Jérôme, qui en donna une édition remaniée (expurgée des considérations millénaristes) ; ce sont les manuscrits les plus anciens. La découverte au début du xxe siècle d’un manuscrit du Vatican, tardif et lacunaire, donnant le texte original, allait permettre, en confrontant les deux sources textuelles, de reconstituer le commentaire original.
L’Apocalypse est pour Victorin un livre fondamental, parce qu’il y voit une récapitulation de l’Écriture, où le Christ ressuscité reprend ce qui avait été annoncé en figures par la Loi. Ce n’est pas pour lui une prophétie des fins dernières, mais plutôt une révélation parfaite du sens de l’Écriture.
Il insiste sur l’unité des Écritures, dont le Christ est la clé. Voilé ou « scellé », le sens spitituel est révélé par l’Esprit Saint à l’Église moyennant la méditation de l’Écriture et la vie dans l’Esprit. Le langage humain peinant à rendre la richesse du message biblique, l’exégète cherchera à élucider les images et les symboles en confrontant la Bible avec elle-même, en dégageant les figures en lesquelles convergent les deux Testaments ; par ailleurs, le style prophétique bouleverse la chronologie, condensant ou au contraire dilatant le récit des événements.
Jérôme avait en estime cet exégète latin, bon connaisseur des auteurs grecs (en particulier Hippolyte et Origène), même s’il ne partageait pas ses idées millénaristes ; aussi fut-il amené à modifier les derniers chapitres de son commentaire de l’Apocalypse.
Fragment chronologique
Le Fragment chronologique concerne les dates de la vie du Christ et s’efforce de prouver que l’Annonciation et la Résurrection ont lieu un même jour de l’année, le 25 mars ; d’autre part, il y est affirmé que le Christ aurait vécu 49 ans, sa vie ayant comporté 7 phases de chacune 7 ans. Le Fragment prétend retranscrire une chronologie très ancienne, qui aurait été recueillie par l’évêque Alexandre de Jérusalem.
La construction du monde
La construction du monde (De fabrica mundi) se présente comme un petit traité sur le nombre 7. Les nombres 4, 6 et 7 régissent le monde : chacun a une signification triple, dans la semaine primordiale, dans l’économie de l’Incarnation et dans la vie de l’Église. Victorin s’est inspiré de l’Ad Quirinum de Tertullien, mais les questions d’arithmologie proviennent vraisemblablement des premières communautés judéo-chrétiennes.
Extrait(s)
(p. 81)
2. « Le cheval noir » signifie la famine. Car le Seigneur dit : « Il y aura aussi des famines en divers endroits. » Cette parole s’applique spécialement au temps de l’Antéchrist, époque où il y aura une grande famine qui fera du tort aux hommes mêmes. « La balance à la main » est la balance du jugement qui doit manifester les mérites de chacun. « Une voix » dit en effet : « Ne fais pas de tort au vin et à l’huile », c’est-à-dire, ne frappe pas de fléaux l’homme spirituel. Voilà pour le cheval noir.
« Un cheval roux, et celui qui le montait avait un glaive » : par là sont signifiées les guerres à venir, selon ce qu’on lit dans l’Évangile : « On se dressera nation contre nation et royaume contre royaume, et il y aura un grand tremblement de terre. » Voilà pour le cheval roux.3. « Un cheval blême, et celui qui le montait avait pour nom ‘Mort’ ». Le Seigneur avait, entre autres catastrophes, prédit qu’il y aurait aussi des pestes et des épidémies. Quand Jean ajoute « Et l’Enfer le suit », cela revient à dire qu’il attend pour engloutir nombre d’âmes impies. Tel est le cheval blême.
Sur l’Apocalypse, VIII, 2 (SC 423, p. 89)
« Il ne faut pas non plus s’attacher à l’ordre dans lequel les choses sont dites : l’Esprit Saint septiforme, après avoir passé en revue les événements jusqu’aux derniers temps, jusqu’à la fin, revient à nouveau sur les temps dont il avait parlé et complète ce qu’il avait dit plus brièvement. Il ne faut pas chercher un déroulement chronologique dans l’Apocalypse, mais chercher ce qu’elle veut dire ; car il y a risque de verser dans les fausses prophéties. Ainsi, ce qui est écrit à propos des trompettes est repris dans les coupes et concerne tantôt les désastreux fléaux envoyés au monde, tantôt les actes insensés de l’Antéchrist lui-même, tantôt les blasphèmes des peuples, tantôt le fait que les fléaux ne s’abattent pas indistinctement sur tous les hommes, tantôt l’espoir du règne des saints, tantôt la ruine des cités, tantôt la ruine de Babylone, c’est-à-dire de Rome. »
Errata
Page
Localisation
Texte concerné
Correction
Remarques
79
l. 13
transmetttent
transmettent
101
l. 5
à cause la redevance
à cause de la redevance
109
l. 8 en partant de la fin
entre la montagne et de la mer
entre la montagne et la mer
111
l. 8
précèdant
précédant
119
l. 3-4
nous même
nous-même
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