• SC 392

    Cyrille d'Alexandrie

    Lettres festales (VII-XI), tome II

    juin 1993

    Sous la direction de Pierre Évieux. — Traduction et annotation par Louis Arragon, Pierre Évieux, Robert Monier.

    Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique.
    ISBN : 9782204048019
    327 pages
    La Bonne nouvelle de Pâques, adressée chaque année par Cyrille aux Égyptiens, de 412 à 444.

    Présentation

    Ces cinq Lettres Festales annoncent la date de Pâques pour les années 419 à 423. Cyrille accomplissant ce devoir annuel qui incombe à l'évêque d'Alexandrie, insiste, évidemment, sur les éléments fondamentaux du kérygme : l'incarnation du Verbe, Fils unique de Dieu, la rédemption de l'humanité par la mort et la résurrection du Christ ; mais ses Festales tiennent aussi compte des problèmes rencontrés par leurs destinataires, qui sont, avant tout, les chrétiens d'Égypte. En 418 et 419, les calamités naturelles qui frappent le pays, et la famine qui s'ensuit, provoquent des troubles sanglants dans les campagnes : embuscades, crimes, pillages, où les chrétiens eux-mêmes sont impliqués. Cyrille doit rappeler que l'amour et le partage sont une règle d'or pour le chrétien. D'un autre côté, face à ceux qui mettent en cause l'unité des deux natures dans le Christ, ou à ceux qui hésitent encore entre Dieu et les « faux-dieux », Cyrille doit aussi intervenir pour expliciter le contenu de la foi orthodoxe : les titres de « Monogène » et de « Premier-né » conviennent au seul et même Christ. En outre, il faut choisir sans duplicité : on ne peut être à la fois chrétien et idolâtre. Appelés à se conformer au Christ, en triomphant du péché et en vivant dans l'amour mutuel, les chrétiens seront rétablis dans l'incorruptibilité avec le Christ, dans sa gloire.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    L'objet principal des Lettres festales (VII-XI) de Cyrille d'Alexandrie est d'annoncer la date de Pâques aux Églises, mais l'évêque en profite pour rappeler aux fidèles le sens du carême et ses exigences pratiques, et aussi, à me époque où certains mettent en cause l'unité des deux natures dans le Christ, les fondements de la foi orthodoxe.

    Comme le précédent, ce volume est le fruit d'une collaboration entre un chercheur anglais, le Rév. W.H. Burns pour le texte grec, et plusieurs membres français d'une « équipe Cyrille » : P. Évieux, L. Arragon et R. Monier.

    (J.-N. Guinot, 1994)

    Jean-Noël Guinot

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Lettres festales 7-11

    La lettre 7 (pour 419) contient un curieux passage qui fait allusion à des calamités naturelles (feu et famine) qui se sont récemment produites en égypte, et qui, pour Cyrille, sont le châtiment de violences survenues auparavant ; on ne sait à quoi il fait allusion. La lettre 8 (420) se fait encore l’écho de problèmes analogues : encore une catastrophe naturelle (la grêle) qui détruit les moissons, encore la famine, et le banditisme pour s’emparer des victuailles circulant sur le Nil, banditisme auquel des chrétiens sont liés… Cyrille le dénonce, avant de proposer un exposé sur l’incarnation et l’unité de la divinité et de l’humanité dans le Christ. La lettre 9 (421) revient, comme la 2, sur le symbolisme du printemps modèle de renaissance spirituelle, puis met en garde les chrétiens hésitants sur le choix net à faire dans leur vie, entre le paganisme et la foi au Christ, et la conduite à laquelle doit porter une conversion véritable. La lettre 10 (422) commence par décrire l’œuvre de salut du Christ et notre nécessaire participation, puis refait un parcours biblique de la délivrance, celle des hébreux dans l’Exode, insistant toujours sur les choix à faire ; elle propose à chacun de se sanctifier en se conformant au Christ qui nous montre ce qu’est Dieu. La lettre 11 (423) est centrée sur le partage ; elle revient sur la lutte contre le mal, par les efforts et la grâce du Christ, invite à la fraternité. Elle rappelle l’histoire de Lazare et du mauvais riche (Lc 16), insistant sur la mauvaise vie de celui-ci, avec son essaim de flatteurs et ses danseuses, et sur le dénuement du pauvre, pour affirmer l’égalité foncière des humains et l’exigence de la rétablir dès cette vie par le partage, comme les hébreux partageaient la manne. Cyrille rappelle aussi le sort des iduméens et du tyran de Babylone (2 R 24) : injustice et exactions sont toujours punies par le Dieu juste et sauveur.

    Extrait(s)

    (LF 9, 3-4, SC 392, p. 143-149)

    Si tu approches de la foi, avance nettement, c’est-à-dire sans restriction, avec un esprit qui ne boîte pas, et un cœur qui non seulement soit sans partage, mais pour parler plus vrai, qui incline totalement vers ce qui permet à la grâce de délivrer celui qui fait une conversion vraie ; car nul ne peut servir deux maîtres (Mt 6, 24). (…) Supposons quelqu’un devenu barbare : en bas âge les barbares l’ont pris et élevé chez eux, il en a adopté les mœurs, s’est conformé à leurs coutumes et à leurs lois sauvages. Puis, le cours du temps le faisant progresser en intelligence, il comprend qu’il est privé de la patrie qui l’a porté, il en éprouve dès lors du chagrin et désire revoir cette patrie bien aimée. (…) Le diable craignait qu’en nous rangeant aux côtés du vrai Dieu, et qu’en cherchant avec ardeur à connaître le créateur de l’univers, nous secouions le joug de son oppression, et que nous décidions de revenir en toute hâte à la beauté première de notre nature. Voilà bien la raison pour laquelle il a obscurci l’œil de notre entendement et, après avoir mis l’être humain aux fers de pseudo-cultes inventés, il a fait de lui, qui était libre, comme un captif enchaîné. Mais le Verbe fils unique de Dieu a resplendi pour nous et nous a arrachés aux chaînes du diable : de prisonniers, il nous a faits libres.

    (p. 301-303)

    Conclusion

    Partage et orthodoxie

    8.    Si je vous ai rapporté ces récits-là, ce n’est pas pour de vains applaudissements à d’inutiles paroles que nos oreilles auraient saisies, mais pour que, prenant pour pédagogue l’expérience de l’histoire, nous refusions d’imiter les méchants. Car, puisque nous avons reconnu le Dieu de l’univers, (Dieu) de bonté et de miséricorde, nous devons non pas nous réjouir du malheur d’autrui mais partager sa souffrance, l’assister volontiers, et lui faire oublier ses peines à force d’affection dépourvue de ressentiment. Or pour cela il faut non pas attaquer ceux qui sont déjà à terre, ni bien sûr sauter de joie devant les malheurs de ceux qui tombent, quand bien même on pourrait tout faire sans en être empêché, mais plutôt craindre dans l’un et l’autre cas : pleins d’empressement pour le bien, et nous distinguant par un cœur généreux, préparons notre esprit à l’acquisition de la vertu, en commençant par semer pour ainsi dire et par enraciner chacun dans nos âmes l’orthodoxie d’une foi irréprochable.

    Confession de foi

    Il faut que le vrai chrétien qui aime réellement Dieu croie en un seul Dieu Père Tout-Puissant, en un seul Seigneur Jésus Christ son Fils, et en l’Esprit Saint, de sorte évidemment que, dans sa pensée et ses paroles, Dieu le Père soit vraiment la source de celui qu’il engendre personnellement, et comme la racine donnant son propre fruit coéternel à elle.

    Errata

    Page

    Localisation

    Texte concerné

    Correction

    Remarques

    194

    n. 1

    Ephés

    Éphés

     

    289

    n. 4

    Os. 10,3 (PG 71, 31 B)

    Os. II, 1 (PG 71, 57 C ; Pusey I, p. 43, 24)

     

    311

    l. 1

    mes bien-aimés

    [mes] bien-aimés

     

    334

    l. 4 ab imo

    Scolies

    Scholies

     

Volumes SC connexes

  • SC 27
    SC 27

    Anonyme

    Homélies pascales, tome I

    décembre 1950

    « Un long jour de lumière, éternel : la Pâque mystique, célébrée en figure par la Loi et accomplie par le Christ ! »

  • SC 36
    SC 36

    Anonyme

    Homélies pascales, tome II

    décembre 1953

    À partir de l'Exode, une solide catéchèse pascale, depuis attribuée à Apolinaire de Llaodicée, un grand auteur controversé.

  • SC 48
    SC 48

    Anonyme

    Homélies pascales, tome III

    décembre 1957

    En Anatolie en 387, la fête de Pâques imite les temps de la Passion du Christ.

  • SC 317
    SC 317

    Anonyme

    Histoire « acéphale » et Index syriaque des Lettres festales d'Athanase d'Alexandrie

    février 1985

    L'histoire dramatique d'Athanase, recordman du nombre d'exils, de 328 à 373.

  • SC 146
    SC 146

    Anonyme

    Deux homélies anoméennes pour l'octave de Pâques

    décembre 1969

    « Dieu l'a ressuscité » – donc le Fils est subordonné au Père ? Au 4e siècle, un Grec exprime sa conviction.

  • SC 116
    SC 116

    Augustin d’Hippone

    Sermons pour la Pâque

    décembre 1966

    L’événement central de la vie chrétienne, par le Docteur de la grâce.

  • SC 187
    SC 187

    Hésychius de JérusalemBasile de SéleucieJean de Béryte

    Homélies pascales

    décembre 1972

    De Jérusalem à Constantinople, l'annonce de la Résurrection, en divers lieux du monde grec.

Du même auteur

  • SC 641
    couverture SC641

    Commentaire sur Jean, tome II. Livre II

    décembre 2023

    Le plus divin des Évangiles, commenté par un grand Alexandrin dans les années 420.

  • SC 624
    couverture SC624

    Contre Julien, tome IV. Livres VIII-IX

    janvier 2022

    Le christianisme peut-il prétendre à l'héritage juif, et même à l'universel ? La réponse du grand Alexandrin

  • SC 600
    SC 600

    Commentaire sur Jean, tome I. Livre I

    décembre 2018

    L'Évangile du Dieu fait chair : dans les années 420, un commentaire-réquisitoire contre les ariens.

  • SC 582
    SC 582

    Contre Julien, tome II. Livres III-V

    décembre 2016

    Sarcasmes et questions de fond : l'Alexandrin répond à l'empereur qui incarna la « réaction païenne » au christianisme.

  • SC 434
    SC 434

    Lettres festales (XII-XVII), tome III

    août 1998

    La Bonne nouvelle de Pâques, adressée chaque année par Cyrille aux Égyptiens, de 412 à 444.

  • SC 372
    SC 372

    Lettres festales (I-VI), tome I

    septembre 1991

    La Bonne nouvelle de Pâques, adressée chaque année par Cyrille aux Égyptiens, de 412 à 444.

  • SC 322
    SC 322

    Contre Julien, tome I. Livres I-II

    novembre 1985

    Sarcasmes et questions de fond : l'Alexandrin répond à l'empereur qui incarna la « réaction païenne » au christianisme.

  • SC 246
    SC 246

    Dialogues sur la Trinité, tome III

    juin 1978

    Le Fils est-il Dieu ? Et l'Esprit ? Au début des années 420, les acquis de près d'un siècle de controverses.

  • SC 237
    SC 237

    Dialogues sur la Trinité, tome II

    octobre 1977

    Le Fils est-il Dieu ? Et l'Esprit ? Au début des années 420, les acquis de près d'un siècle de controverses.

  • SC 231
    SC 231

    Dialogues sur la Trinité, tome I

    septembre 1976

    Le Fils est-il Dieu ? Et l'Esprit ? Au début des années 420, les acquis de près d'un siècle de controverses.

  • SC 97
    SC 97

    Deux dialogues christologiques

    décembre 1964

    Jésus ne serait pas le Dieu Verbe ? Cyrille s'insurge.