• SC 39.1

    Lactance

    De la mort des persécuteurs, tome I

    décembre 1954

    Introduction, texte critique et traduction de J. Moreau.

    Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique.
    ISBN : 9782204081641
    177 pages
    Indisponible chez notre éditeur
    Un pamphlet qui revient sur une époque dramatique, au début du 4e

    Présentation

    Une grande plume du christianisme latin, le rhéteur africain Lactance, installé en ce début du IVe siècle à la cour impériale de Nicomédie, écrit un pamphlet vengeur après la mort de plusieurs empereurs persécuteurs du christianisme, et juste au lendemain de la conversion de Constantin qui donne enfin droit de cité à la nouvelle religion. « Ceux qui avaient outragé Dieu sont à terre », triomphe-t-il. Cela nous vaut un récit enlevé, qui est un document historique de premier plan sur les événements troubles qui ont marqué la fin de la Tétrarchie et l’émergence de Constantin. Ce texte est, avec la Vie de Constantin d’Eusèbe (SC 559), le seul témoignage ancien sur la conversion de Constantin et ses circonstances. Il a été rédigé dans le contexte délicat où Licinius, empereur d’Orient et rival de Constantin, apparaît encore comme un soutien de la foi nouvelle, mais sera bientôt éliminé par l’empereur d’Occident et considéré lui-même par la mémoire chrétienne postérieure comme un persécuteur : la tension est déjà perceptible dans l’œuvre du rhéteur de la cour constantinienne.

    Cette œuvre importante, dont l’authenticité lactancienne et la datation autour de 320 ne font plus guère de doute aujourd’hui, s’accompagne d’une introduction nourrie et d’un commentaire historique abondant, à la hauteur des enjeux du texte, qui fait la matière du second volume.

    Jacques Moreau (1918-1961), professeur à l’Université de la Sarre, était spécialiste des persécutions du christianisme dans l’empire romain.

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    La thèse de l’authenticité lactancienne du De mortibus persecutorum, transmis par un unique manuscrit, le Colbertinus (Paris, BnF, Colb. 2627, du 11e s., est aujourd’hui presque universellement admise. En effet, aucune des raisons extrinsèques invoquées pour nier cette dernière ne semble probante face au témoignage de Jérôme qui la mentionne dans la liste des œuvres de Lactance. Sa transmission de ce texte passe par Aucune datation précise n’a, en revanche, encore été établie, quoique l’on estime la date la plus probable de publication de l’œuvre en 318-319. On situerait donc sa rédaction à l’époque où les relations, en apparence toujours cordiales, de Constantin et de Licinius, commencent à se tendre. Lactance, qui fréquentait avec assiduité la cour de l’empereur Constantin, constitue donc un témoin historique de premier plan pour les événements qu’il relate.

    Lactance s’attache ici à jeter le discrédit sur des princes nuisibles à l’empire comme à la religion. Son pamphlet se veut aussi politique que religieux : il mêle ainsi vision chrétienne et conception romaine et aristocratique. Lactance tente en effet de démontrer que tous les empereurs persécuteurs sont de mauvais empereurs et qu’aucun n’a échappé à une fin misérable. L’ouvrage revêt également une signification philosophique, en tant qu’il illustre l’idée de Providence : l’inéluctable accomplissement du dessein divin est figuré à travers la mort des persécuteurs. L’indignation de l’auteur contre les tyrans et son admiration pour les martyrs sont rendues avec une éloquence savante. Destinée à un public moins cultivé que celui des Institutions, son œuvre est écrite dans une langue relativement simple et son style reste globalement fidèle au goût classique.

    L’œuvre, composée de 52 chapitres, peut se diviser en cinq parties. La première, qui rassemble les chapitres 1 à 6, réunit une introduction et une galerie de portraits des persécuteurs antérieurs. La deuxième partie, qui va du chapitre 7 au chapitre 16, nous présente les principaux persécuteurs de l’époque choisie et nous raconte la grande persécution qui a eu lieu sous Dioclétien. La troisième partie, qui va des livres 17 à 35, est axée autour de la figure de Galère : elle relate d’abord les troubles politiques au cours desquels il s’affirme, puis les déchirements et complots qui voient l’émergence de Constantin, et enfin l’apogée puis le déclin de Galère. La quatrième partie, du chapitre 36 au chapitre 49, est centrée autour d’un nouveau persécuteur, Maximin, qui s’oppose à Licinius. Enfin, les chapitre 50 à 52 forment une sorte de finale à double-face : si les ennemis du Christ connaissent une fin pitoyable, son Église, en revanche, célèbre une glorieuse victoire.

    Extrait(s)

    Lactance s’adresse au destinataire de son œuvre, Donat, victime héroïque des persécutions (16, 7-9) :

    « C’est là le vrai triomphe : dominer les dominateurs du monde ! Car ils ont été vaincus et subjugués par ton courage, puisqu’au mépris de leurs ordres abominables, tu as, par la fermeté de ta foi et la force de ton âme, mis en défaut tout l’appareil d’intimidation d’une puissance tyrannique. Ni les verges, ni les pinces, ni le feu, ni le fer, ni les supplices de toute espèce n’ont rien pu contre toi : aucune puissance n’a été capable de t’enlever ta foi et ta piété. C’est bien là se montrer un vrai disciple de Dieu, un soldat du Christ qu’aucun ennemi ne peut réduire, qu’aucun loup ne peut ravir à la citadelle céleste, qui ne peut être trompé par aucun piège, vaincu par aucune souffrance, abattu par aucun supplice. »

    Errata

    Page

    Localisation

    Texte concerné

    Correction

    Remarques

    133 (droite)

    Apparat, l. 3

    τινι μεμειὣσθαι

    τινὶ μεμειῶσθαι

     

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