• SC 378

    Galand de Reigny

    Parabolaire

    avril 1992

    Introduction, texte critique, traduction, notes et index par Colette Friedlander, Jean Leclercq et Gaetano Raciti.

    Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique.
    ISBN : 9782204046022
    471 pages
    La vivante mise en scène du vice et de la vertu, par un cistercien au 12e siècle.

    Présentation

    Voici un livre plein de fraîcheur et de simplicité. Comme le remarque dom Jean Leclercq, dans son Introduction, l’auteur, Galand, moine d’une abbaye du diocèse d’Auxerre affiliée à Clairvaux en 1134, n’est et ne veut être qu’un écrivain de second rang :

    « Je déploie mes pauvres marchandises devant mes frères ... et je crois bien que les effets bon marché trouvent plus d’acheteurs que les vêtements coûteux et excellents. »

    Pour ce faire, il se coule dans le genre éminemment pédagogique de la Parabole, tellement mise en valeur par Jésus lui-même. Et nous avons ainsi, grâce à lui, une intéressante et savoureuse ouverture sur ce que pouvait être la prédication ordinaire destinée à la multitude des moines et des moniales, la plupart non lettrés, du Moyen Âge.

    Tous les aspects de la foi chrétienne sont traités au long des 34 petits textes qui composent le Parabolaire. Mais tout est abordé par la pratique des vertus et la dévotion affective au Christ. Ce serait une erreur de confondre la visée constante de l’œuvre avec un moralisme. Avec jovialité et avec un grand sens des multiples aspects concrets de l’existence, Galand de Reigny propose une véritable vie spirituelle à celles et ceux qui se mettent à son école. Il devrait y en avoir encore beaucoup aujourd’hui.

    Ajoutons que ce volume constitue l’édition princeps du Parabolaire.

    Ont collaboré à cette édition dom Jean Leclercq, moine de Clervaux, pour l’introduction, le frère Gaetano Raciti, moine d’Orval, et la sœur Colette Friedlander, moniale cistercienne, pour le texte, la traduction et les index. Ces deux derniers auteurs ont déjà travaillé ensemble pour achever l’édition des Sermons d’Isaac de l’Étoile (SC 207 et 339).

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Précédé d’une lettre-dédicace à S. Bernard et d’une Préface, où Galand rappelle les circonstances à l’origine de l’ouvrage, ce recueil de 34 textes est un bon exemple de littérature monastique populaire, de ce genre humble des Sentences et des Paraboles que Bernard lui-même n’a pas dédaigné de pratiquer. Conformément aux lois d’un genre alors répandu, chacun de ces textes offre une histoire ou parabole, mettant en scène des personnages qui ne sont très souvent que la personnification de réalités abstraites – les vices et les vertus le plus souvent – dont l’auteur dégage ensuite « en clair » le sens. De manière très vivante et concrète, usant volontiers de la dramatisation du récit, Galand propose ainsi aux moines non seulement un enseignement moral, mais aussi un véritable itinéraire de vie spirituelle.

    Jean-Noël Guinot

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Entre 1128 et 1153, Galand, moine à l’abbaye cistercienne de Reigny près d’Auxerre, rédige pour ses frères moines, à la demande de son abbé, un recueil de 34 récits pour les instruire en les amusant. Les différentes facettes de la vie monastique sont abordées de façon pratique, à travers des historiettes à clef dont la morale est explicitée en fin de récit ou au cours même du récit au moyen de gloses. Ces « paraboles » s’apparentent à des allégories, des personnifications de vices et de vertus ou des prosopopées (la parabole 1 fait parler le diable puis le Sauveur), mis en scène le plus souvent dans de courts récits commentés ensuite. L’intérêt de cette œuvre est de nous montrer, à côté des grandes œuvres spirituelles des « ténors » cisterciens ou victorins du temps, une prédication plus ordinaire, plus accessible à un public moins lettré.

    L’œuvre nous est transmise par deux manuscrits cisterciens du XIIe siècle (aucun n’est autographe), et on en trouve des extraits dans trois autres manuscrits du XIIIe ou du XIVe siècle.

     

    Lettre (à Bernard de Clairvaux) et préface pour présenter la nature et le but de l’ouvrage. Parabole 1. La chute du genre humain et le salut ; appel du Sauveur. 2. Ce que fait la miséricorde ; le Christ et le monde, deux commerçants bien différents. 3. L’œuvre de la discorde. 4. Quand Luxure visite Chasteté ; défaites et victoires. 5. Les moines cloîtrés et ceux qui sortent pour leurs travaux : qui est enviable ? 6. Vraie et fausse conversion du religieux. 7. Comment la volonté mauvaise chasse la bonne et doit à son tour céder la place. 8. Comment Dieu rappelle à lui les pécheurs et comment ils répondent. 9. Comment Dieu neutralise le diable ; foi, espérance, charité ; goûter les corrections ; comment agit la grâce ; qu’est-ce que la beauté spirituelle ; peut-on tricher dans la prière ? 10. Peut-on se protéger des tentations charnelles ? 11. Nous avons besoin de componction, de charité, de confiance en Dieu, d’humilité… et de tentations pour rester vigilants ! 12. Le combat du Christ et du diable et ses effets dans le monde. 13. La vie monastique demande un renoncement au monde sincère et total. 14. Comment guérir de l’envie et de la luxure. 15. Les mauvaises conduites et leurs conséquences. 16. Les vices se vantent de leurs exploits en nous. 17. Les guérisons spirituelles, miracles d’aujourd’hui. 18. L’amour de Dieu, première des vertus, inaltérable. 19. La foi triomphe de l’idolâtrie. 20. L’obéissance confond la désobéissance. 21. La simplicité confond la fourberie. 22. Vertus nécessaires aux petits et aux grands. 23. La générosité déloge de nos cœurs l’avarice. 24. La vie spirituelle méprise le divertissement, mais l’orgueil la guette. 25. Comment l’église se garde du diable pour se donner au Christ. 26. Le péché peut tout envahir. 27. Règle de vie. 28. L’esprit ne doit pas laisser la chair commander. 29. Ce parabolaire est sans prétention, mais rendra service à qui le lit humblement. 30. La parabole nourrit sans ennuyer. 31. Penser à la croix du Christ permet de discerner et d’accomplir sa mission. 32. Esclaves, affranchis ou fils : comment nous passons d’un état à l’autre vis-à-vis de Dieu. 33. Mieux vaut être un moine pauvre qu’un grand de ce monde. 34. L’âme doit gouverner le corps et ne pas le laisser prendre le dessus. 35. Au lecteur : voici une petite marchandise. Lettre à Bernard de Clairvaux : veille sur notre monastère. Appendice introduisant une compilation de textes (absente), de Bernard ou d’autres auteurs.

    Extrait(s)

    Parabolaire 23, 1 (SC 378, p. 343)

    Comme l’avarice tenait son discours, voici que la libéralité survient tout à coup et, saisissant ce qu’elle disait, s’écrie : « Fuis, fuis, peste ! Tais-toi, tais-toi pour de bon, folle ! Ton économie que voilà, ta peur de dangers hypothétiques, qu’ils aillent se perdre avec toi (Ac 8, 20) ! Les miens seront en effet d’autant plus abondamment pourvus, par le don de Dieu, qu’ils donneront plus largement. Mais s’ils se mettent à épargner et à se montrer regardants, sur le champ Dieu retirera aussi sa main, et alors ils seront vraiment dans le besoin ! »

    à ces mots, l’avarice jugea qu’elle n’arriverait à rien. « Fais ce qui te plaira, dit-elle ; Je disais cela pour ton bien. Adieu ! » Une fois sortie : « Bougre ! se dit-elle, que j’ai eu peur tandis qu’elle parlait, pauvre de moi ! J’ai bien failli y rester. »

    (SC 378, p. 407)

    7.  Ose plus encore et dis : « Ô Seigneur Père, je ne parais pas en ta présence les mains vides », car ce que ton fils a fait lorsqu’il était dans le monde, c’est pour moi qu’il l’a fait. Tout ce qu’il a réalisé, c’est pour moi qu’il l’a réalisé. Je te mets ses œuvres devant les yeux, Seigneur, je t’offre ses actions, j’oppose sa sainteté à ta colère, je mets sa mort entre moi et la mort que je mérite ; j’ai recours aux peines qu’il a subies pour repousser loin de moi les peines qui me sont dues. Certes, je n’ai pas fait dignement pénitence ni satisfait pleinement : mais ce qui m’a manqué, lui l’a accompli à ma place. J’aurais dû certes me repentir avec plus de tristesse, mais son âme est devenue pour moi triste à en mourir. J’aurais dû te prier et te supplier davantage, mais lui, tombé en agonie, priait de façon très instante et ruisselait d’une sueur de sang. Il m’aurait fallu mieux satisfaire en me corrigeant, mais lui a vraiment satisfait assez et encore assez pour moi en mourant. Donc, bien que mes propres mérites ne me rendent pas digne d’être sauvé, je ne puis plus être séparé de lui, dont je suis devenu membre en croyant. Il me faut rester attaché à ma tête ; il n’est pas permis de me séparer du corps de la sainte Église.

    Errata

    Page

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    Texte concerné

    Correction

    Remarques

    5

    Moitié

    Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique

     

    Mention à enlever.

    325

    l. 10 ab imo

    tu n’a jamais été

    tu n’as jamais été

     

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