• SC 374

    Eugippe

    Vie de saint Séverin

    octobre 1991

    Introduction, texte latin, traduction, notes et index par Philippe Régerat.

    Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique et de l'Institut autrichien de Paris.
    ISBN : 9782204044608
    326 pages
    Le Norique (la moderne Autriche) au 5e siècle, à travers la vie de celui qui fut son apôtre.

    Présentation

    Ascète, prédicateur et homme d'action, Séverin est un de ces témoins qui au Ve siècle incarnent les vertus évangéliques dans un monde qui voit l'écroulement définitif de l'ordre romain. Aux avant-postes de l'Empire, dans une province danubienne agitée en tous sens par les errances des tribus germaniques, il est pour toute une population désemparée un homme de Dieu, un intercesseur auprès des puissants et un guide dans les moments les plus critiques. Sa Vie, composée en 511 par Eugippe, abbé du monastère de Lucullanum près de Naples, est un document historique d'une valeur inestimable, qui fourmille de détails concrets sur « la vie quotidienne aux temps des Barbares » ; elle marque aussi un tournant dans l'évolution du genre hagiographique et traduit l'émergence d'un nouvel idéal de sainteté où le service des hommes compte autant que le renoncement aux biens de ce monde.

    Philippe Régerat, agrégé d'Histoire, a été lecteur de français à l'Université de Salzbourg ; il enseigne actuellement à l'Institut universitaire de formation des maîtres de Reims.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    La genèse de cette Vita nous est connue par la lettre qu’Eugippe adresse au diacre Paschase de Rome pour lui demander de réviser son ouvrage, et par la réponse de ce dernier. Pour assurer à son texte une large diffusion, l’auteur a pris le parti de la simplicité. Divisée en 46 capitula, la Vita accumule les épisodes destinés à prouver l’élection de S. Séveriin, le grand apôtre du Norique, et l’action de la grâce divine à travers toutes ses actions. Elle a pour but non seulement d’offrir un modèle de sainteté à valeur universelle et de remplir le rôle d’édification de toute littérature hagiographique, mais aussi de fixer la tradition d’une communauté monastique en lui conservant le souvenir de ses origines, enfin de promouvoir le culte du saint et de ses reliques. Elle est surtout un témoignage précieux sur le monachisme sévérinien et sur la vie chrétienne dans le Norique à l'époque des invasions barbares des Ve-VIe siècles.

    Jean-Noël Guinot

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    La vie de Séverin est rédigée en Italie au monastère de Castellum Lucullanum et est documentée par la correspondance échangée entre Eugippe et le diacre Paschase : elle nous éclaire sur le refus d’Eugippe d’utiliser la rhétorique classique, et son dédain pour la littérature profane. Son ouvrage repose uniquement sur la foi et son but est d’édifier le lecteur.

    Nous possédons quatre familles de manuscrits, dont trois sont intéressantes, classées par Th. Mommsen :

    • Une première famille comprenant les mss Lateranus 79 (Xe s., Rome), Sublacensis 2 (XIe s., Subiaco), Casinas (XIe s., Monte Cassino), Vaticanus 1197 (XIe s., Vatican).
    • La deuxième rassemble un manuscrit de Turin (biblioteca nazionale, F IV 25, Xe s.), de Rome (biblioteca Vallicelliana, XII, XIIe s.), et deux de Milan (biblioteca ambrosiana, D 525 inf., XIe et I 61 inf., XI/XIIe s.)
    • Troisième famille : Vindobonensis n. 416 (Vienne, XIe/XIIe s.) ; Melk, Stifsbibliothek, n. 30 ; ser. nov. 3608 (XIIe/XIIIe s., Vienne)

    L’editio princeps date de 1570 (L. Surius) et est souvent très défectueuse. L’édition de Th. Mommsen a longtemps fait autorité ; il a fallu attendre 1963 pour que paraisse une nouvelle édition de E. Vetter, qui a servi ici. Le texte est divisé en chapitres et paragraphes conformément à l’usage introduit par H. Sauppe en 1877.

    On n’assiste pas aux progrès continus de Séverin vers un idéal supérieur, mais on lit une accumulation d’épisodes prouvant son élection divine. On suit la vie de Séverin dans son déroulement chronologique mais aussi spatial, comme un voyage à travers le Norique et la Rhétie seconde articulé en trois parties, qui rappellent certains traits caractéristiques de la structure des Evangiles : action et prédication dans le Norique ; vallée de Salzach et Danube jusqu’en Rhétie pour le ramener à son point de départ.

    Le texte présente tout d’abord la correspondance entre Eugippe et Paschase, puis un sommaire en 46 points (ou « mémoires »).

    Extrait(s)

    (p. 185)

    4. 1. À la même époque une bande de pillards barbares fit une incursion soudaine et emmena avec elle tout ce qu’elle trouva hors des murs, les hommes aussi bien que le bétail. De nombreux habitants de la cité se rassemblèrent alors chez l’homme de Dieu, tout en larmes, et lui racontèrent les pertes et les malheurs qu’ils venaient de subir en lui montrant les traces laissées par les derniers pillages. 2. Mais lui interrogea Mamertinus, qui était alors tribun et qui fut par la suite ordonné évêque pour savoir s’il avait à sa disposition des hommes armés qui pussent se lancer d’urgence à la poursuite des brigands. Celui-ci répondit : « J’ai bien encore quelques soldats à ma disposition, mais je n’ose pas engager le combat contre un ennemi aussi nombreux. Si toutefois Ta Vénération nous l’ordonne, nous croyons, malgré l’insuffisance de notre armement, pouvoir grâce à tes prières remporter la victoire. » 3. Et le serviteur de Dieu dit : « Même si tes soldats sont sans armes, ils en trouveront maintenant chez l’ennemi : en effet, il n’est besoin ni de la force du nombre ni du courage de l’homme lorsque Dieu se montre en toute circonstance notre défenseur. Tu n’as qu’une seule chose à faire : au nom de Dieu pars sans tarder, pars et garde confiance. »

     

    41, 1. Le jour même où le très bienheureux Séverin devait quitter son corps, il l’annonça plus de deux ans à l’avance par l’indication que voici. Le jour de l’Epiphanie, comme le saint prête Lucillus était venu lui faire part du service solennel qu’il célèbrerait le lendemain pour l’anniversaire de la mort de son père spirituel saint Valentin, ancien évêque de Rhétie, Séverin lui répondit : « Si le bienheureux Valentin t’a désigné pour célébrer cette solennité, moi aussi, je te laisse le soin de célébrer mes vigiles le même jour quand je serai sorti de ce corps. » 2. Lucillus fut saisi de tremblement à ces mots et protesta énergiquement que c’était à lui en quelque sorte de partir le premier vu l’état de décrépitude où il se trouvait. Séverin ajouta alors : « Il en sera comme tu l’as entendu, saint prêtre, et les décrets du Seigneur ne seront pas abolis par quelque volonté humaine que ce soit. »

    Errata

    Page

    Localisation

    Texte concerné

    Correction

    Remarques

    11

    l. 5

    castellum

    Castellum

     

    12

    n. 15

    CSL

    CCL

     

    13

    l. 9

    κατασκενῆς ἀνθρῶπου

    κατασκευῆς ἀνθρώπου

     

    23

    l. 17

    castellum

    Castellum

     

    30

    n. 31

    αἰθοποϊα

    ἠθοποῐΐα

     

    43

    l. 6

    Matth. 6, 3

    Matth. 26, 73

     

    43

    l. 9 ab imo

    catégories

    catégorie

     

    47

    l. 5 ab imo

    Casinas

    Casinensis

     

    47

    l. 4 ab imo

    Vaticanus 1197

    Vaticanus lat. 1197

     

    48

    l. 5

    XII

    T XII

     

    58

    l. 10

    Nordique

    Norique

     

    59

    l. 8

    aucune force ne soit

    aucune force soit

     

    64

    l. 12

    le province

    la province

     

    66

    l. 8

    n’est

    s’est

     

    93

    l.é

    cette appel

    cet appel

     

    97

    l. 16

    elle-mêmes

    elles-mêmes

     

    131

    l. 13

    ch. 43, 1

    ch. 43, 8

     

    151

    l. 23

    procurés

    procurées

     

    152

    l. 12

    praticius

    patricius

     

    178

    n. 2

    p. 000

    p. 115

     

    181

    n. 3

    un cohorte

    une cohorte

     

    188

    n. 1

    πυργος

    πύργος

     

    191

    l. 12

    regard9

    regardg

     

    207

    l. 1

    préalable3

    préalable1

     

    207

    l. 4

    épiscopale1

    épiscopale2

     

    207

    l. 12

    sainteté2

    sainteté3

     

    215

    l. 4

    l’âge

    d’âge

     

    218

    l. 6 ab imo

    quo

    quod

     

    223

    l. 14 ab imo

    passé

    passée

     

    227

    l. 10

    tout

    toute

     

    277

    l. 14

    bien

    lien

     

    278

    l. 3

     

     

    La traduction de famulus dei est manquante.

    278

    l. 2

     

     

    La traduction de sollicitus est manquante.

    289

    l. 5

    partir

    partit

     

    297

    l. 1

     

     

    Il manque la traduction latine des deux premières phrases de la page.

    327

    col. 2, l. 9

    Supplice

    Supplique

     

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