-
SC 372
Cyrille d'Alexandrie
Lettres festales (I-VI), tome I
septembre 1991Louis Arragon – Marie-Odile Boulnois – Pierre Évieux – Marguerite Forrat – Bernard Meunier – William H. BurnsIntroduction générale par Pierre Évieux. — Introduction critique et texte grec par William H. Burns. — Traduction et annotation par Louis Arragon, Marie-Odile Boulnois, Marguerite Forrat et Bernard Meunier.
Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique et de l'Œuvre d'Orient.ISBN : 9782204042741423 pagesLa Bonne nouvelle de Pâques, adressée chaque année par Cyrille aux Égyptiens, de 412 à 444.Présentation
Tout au long de son épiscopat (412-444), Cyrille d'Alexandrie a envoyé, chaque année, une lettre qui communique aux communautés d'Égypte, mais aussi plus largement aux diverses Églises, la date de la « fête » par excellence, la Pâque. Cette compétence avait été de fait reconnue peu à peu, à partir du concile de Nicée, à l'Église de cette métropole réputée pour ses savants et, notamment, ses astronomes. Chaque fois, l'évêque profite de la Lettre Festale pour enseigner et exhorter en fonction des problèmes de l'heure. On a ainsi, dans ces sortes de mandements de carême, une documentation des plus importantes, à la fois pour suivre l'évolution du grand théologien et pour connaître les aspirations et besoins des chrétiens de la première moitié du Ve siècle.
Une équipe présente ici le résultat de son travail en commun : les cinq premières Lettres Festales du jeune évêque. Une ample introduction donne les informations de base qui font comprendre la période et définissent le genre littéraire utilisé par l'alexandrin. L'édition sera poursuivie dans les années qui viennent.
Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume
Lettres festales
Chaque année, l’archevêque d’Alexandrie a la charge d’annoncer la date de Pâques à toute la chrétienté ; la détermination de cette date posait toujours des problèmes, or il y avait à Alexandrie toute la science astronomique nécessaire pour la calculer avec justesse, d’où la mission de l’évêque de la ville. Comme ses prédécesseurs depuis au moins le IIIe siècle, Cyrille s’acquitte de cette tâche et en profite pour annoncer, du même coup, le début du jeûne de carême, en exhortant plus largement ses ouailles au jeûne et à la conversion, d’où cette série de Lettres festales, une par an, qui ressemblent à des homélies et obéissent à un plan constant, au moins pour le début : la fête pascale approche, préparons-nous, jeûnons ; et pour la fin : récapitulation de l’histoire du salut (création, chute d’Adam, péché des païens et infidélités des juifs), jusqu’à la venue du Christ, en passant par l’obstruction des juifs, instruments du diable, et le triomphe du Sauveur ; puis annonce de la date de début du carême et de la grande Semaine pascale. Entre les deux les considérations peuvent varier selon les préoccupations de l’année. Nous avons ainsi 29 Lettres Festales de Cyrille, numérotées de 1 à 30 (le numéro 3 n’a pas été attribué, et la première Lettre est sans doute un collage des deux premières primitives), et couvrant les années 413 à 444.
Quatorze manuscrits grecs contiennent le texte des Festales de Cyrille (dont l’un n’a que la première), mais tous dépendent du premier, l’Ottobonianus gr. 448 du XIIe siècle, dont ils sont des copies.
Lettres festales 1-6
Ce premier tome donne les 5 premières Lettres, c’est-à-dire de 1 à 6, le n° 3 étant sauté ; en réalité, la série est continue et commence apparemment en 414, c’est-à-dire deux ans après le début de l’épiscopat de Cyrille, mais on a établi (après l’édition SC), d’après un papyrus copte qui fournit un morceau manquant, que la première Lettre était double, collant le début de la lettre de 413, mutilée de l’annonce finale de la date de Pâques (présente dans le copte), et la lettre de 414.
La lettre 1 (pour 413 et 414), outre les éléments communs à toutes les lettres, développe le thème du jeûne et ses exemples bibliques, en polémiquant contre le jeûne juif qui est une hypocrisie. La lettre 2 (pour 415) se livre à un développement lyrique sur le thème du printemps spirituel, explique ce qu’est le sacrifice véritable et propose une « voie moyenne » pour tout chrétien, entre l’héroïsme de l’ascèse et le laisser-aller moral. La lettre 4 (416) réfléchit sur le refus du salut et charge les juifs, plus coupables que les Grecs, eux dont l’incrédulité, d’ailleurs prédite dans l’écriture, est inexcusable. La lettre 5 (417) est centrée sur la naissance et le sacrifice d’Isaac dont elle fait une lecture typologique (les deux alliances Agar/Sara, Isaac-Christ). La lettre 6 fournit un développement plus long que d’habitude sur l’égarement des Grecs et l’aveuglement des juifs et insiste sur la circoncision et le sabbat spirituels.
Extrait(s)
(LF 2, 3, SC 372, p. 197-199)
« Quand Moïse dit : Observe le mois des nouvelles pousses et tu feras la pâque pour le Seigneur ton Dieu (Dt 16, 1), n’avons-nous pas le devoir d’annoncer le moment de la fête qui est déjà là ? Oui elle s’en va, l’odieuse menace de l’hiver ; les voilà repoussées, les intempéries et les ténèbres ; pluies et vents aux élans sauvages sont désormais loin de nous. Les brises printanières se lèvent de nouveau : en libérant le cultivateur de la crainte et de l’inaction, c’est comme une voix qu’elles font entendre aux laboureurs ; cette voix dit qu’il faut se mettre à son ouvrage. Car les prairies font jaillir aux regards des fleurs multicolores, les plantes de la montagne et celles des jardins enfantent les rejetons qu’elles portaient en elles, et les plaines déjà se couvrent de verdure, montrant encore un mémorial de la bonté du Seigneur qui fait croître l’herbe pour le bétail (Ps 103, 14), dit l’écriture. (…)
Il fallait que la nature humaine le dispute aux sillons verdissants et se montre fleurie, pour ainsi dire, des rejetons de la piété. (…) Oui il s’en va à sa perte, le démon, cet auteur du mal qui s’abattait sur les âmes à la façon de l’hiver et déversait sur nous, comme une pluie d’averse, les désirs dévoyés. La force des souffles impurs a été repoussée, l’odieux nuage du péché a été balayé par la grâce, voici étendue sur nous comme une lumière de printemps. »
(p. 315)
Puisque Dieu ne devait remplir la promesse donnée au sujet d’Isaac que par la croix du Christ – qui faisait passer la bénédiction sur toutes les nations –, il était nécessaire, pour faire comprendre la nature et l’importance de la grâce qu’il faisait à Abraham en livrant, pour le salut de sa descendance, son propre fils à la mort, que Dieu lui dise – et cela est très significatif :
« Prends ton fils » ; et, rallumant en quelque sorte en lui la tendresse naturelle à un père pour son seul et unique enfant, il ajoute et répète : « Ton bien-aimé, celui que tu aimes, Isaac, et offre-le sur l’une des montagnes que je te dirai»; c’est comme s’il disait :
« Afin que tu comprennes par ta souffrance ce que plus tard supportera aussi le Père de tous en offrant en sacrifice surnaturel le Fils qu’il aimait. » Et son admiration extrême pour ceci, le Sauveur lui-même l’a signifiée en disant quelque part : « Oui, Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son Unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle. »Errata
Page
Localisation
Texte concerné
Correction
Remarques
42
l. 5
s’accompagent
s’accompagnent
55
l. 2 ab imo
déchirent
déchire
55
l. 2 ab imo
coupent
coupe
55
Dernière ligne
vont
va
118
l. 6 ab imo
Il
il
183
l. 5 ab imo
ma main je le prendrai
ma main, je la prendrai
249
l. 7
laisserai
laisserais
253
l. 10
écarte
écartent
275
l. 1
mes bien-aimés
[mes] bien-aimés
313
l. 7 ab imo
diraia.
diraia. »
Volumes SC connexes
-
SC 27
Anonyme
Homélies pascales, tome I
décembre 1950
« Un long jour de lumière, éternel : la Pâque mystique, célébrée en figure par la Loi et accomplie par le Christ ! »
-
SC 36
Anonyme
Homélies pascales, tome II
décembre 1953
À partir de l'Exode, une solide catéchèse pascale, depuis attribuée à Apolinaire de Llaodicée, un grand auteur controversé.
-
SC 48
Anonyme
Homélies pascales, tome III
décembre 1957
En Anatolie en 387, la fête de Pâques imite les temps de la Passion du Christ.
-
SC 317
Anonyme
Histoire « acéphale » et Index syriaque des Lettres festales d'Athanase d'Alexandrie
février 1985
L'histoire dramatique d'Athanase, recordman du nombre d'exils, de 328 à 373.
-
SC 146
Anonyme
Deux homélies anoméennes pour l'octave de Pâques
décembre 1969
« Dieu l'a ressuscité » – donc le Fils est subordonné au Père ? Au 4e siècle, un Grec exprime sa conviction.
-
SC 116
Sermons pour la Pâque
décembre 1966
L’événement central de la vie chrétienne, par le Docteur de la grâce.
-
SC 187
Hésychius de Jérusalem – Basile de Séleucie – Jean de Béryte
Homélies pascales
décembre 1972
De Jérusalem à Constantinople, l'annonce de la Résurrection, en divers lieux du monde grec.
Du même auteur
-
SC 624
Contre Julien, tome IV
janvier 2022
Le christianisme peut-il prétendre à l'héritage juif, et même à l'universel ? La réponse du grand Alexandrin
-
SC 600
Commentaire sur Jean, tome I
décembre 2018
L'Évangile du Dieu fait chair : dans les années 420, un commentaire-réquisitoire contre les ariens.
-
SC 582
Contre Julien, tome II. Livres III-V
décembre 2016
Sarcasmes et questions de fond : l'Alexandrin répond à l'empereur qui incarna la « réaction païenne » au christianisme.
-
SC 434
Lettres festales (XII-XVII), tome III
août 1998
La Bonne nouvelle de Pâques, adressée chaque année par Cyrille aux Égyptiens, de 412 à 444.
-
SC 392
Lettres festales (VII-XI), tome II
juin 1993
La Bonne nouvelle de Pâques, adressée chaque année par Cyrille aux Égyptiens, de 412 à 444.
-
SC 322
Contre Julien, tome I
novembre 1985
Sarcasmes et questions de fond : l'Alexandrin répond à l'empereur qui incarna la « réaction païenne » au christianisme.
-
SC 246
Dialogues sur la Trinité, tome III
juin 1978
Le Fils est-il Dieu ? Et l'Esprit ? Au début des années 420, les acquis de près d'un siècle de controverses.
-
SC 237
Dialogues sur la Trinité, tome II
octobre 1977
Le Fils est-il Dieu ? Et l'Esprit ? Au début des années 420, les acquis de près d'un siècle de controverses.
-
SC 231
Dialogues sur la Trinité, tome I
septembre 1976
Le Fils est-il Dieu ? Et l'Esprit ? Au début des années 420, les acquis de près d'un siècle de controverses.
-
SC 97
Deux dialogues christologiques
décembre 1964
Jésus ne serait pas le Dieu Verbe ? Cyrille s'insurge.