• SC 364

    Geoffroy d’Auxerre

    Entretien de Simon-Pierre avec Jésus

    novembre 1990

    Introduction, texte, traduction et annotation par Henri Rochais.

    Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique.
    ISBN : 9782204042871
    328 pages
    Quand, comme Pierre, on a tout quitté pour le Christ, que doit-il se passer ? Par l'ami et le secrétaire de Bernard de Clairvaux.

    Présentation

    Geoffroy d'Auxerre, compagnon, ami et secrétaire de Saint-Bernard commente dans ce petit opuscule la question de l'apôtre Pierre à Jésus : « Voici que nous avons tout laissé et nous t'avons suivi, quelle sera donc notre part ? », et la réponse de Jésus : « ... vous siégerez vous aussi... pour juger les douze tribus d'Israël. » C'est pour l'auteur un prétexte à formuler d'abord les exigences d'une vie non pas spécifiquement monastique, mais plus largement chrétienne, notamment la pauvreté volontaire, dépouillement non seulement des biens matériels, mais surtout des vices ; puis, dans un second temps, pour encourager au nécessaire renoncement, de parler de la « session » et du « centuple » qui en seront la récompense.

    Le texte témoigne de l'extraordinaire assimilation de la Bible chez cet auteur du XIIe siècle, de sa perspicacité à dénoncer les déficiences de ses contemporains, y compris les clercs, et de sa ferveur dans l'évocation du bonheur de la vie éternelle.

    Texte éminemment spirituel, nourri des Écritures, l'opuscule de Geoffroy méritait bien d'entrer dans la collection des Sources chrétiennes.

    Henri Rochais, éditeur dans cette même collection du Livre d’Étincelles de Defensor de Ligugé, est aussi co-éditeur, avec dom Jean Leclercq, des œuvres de Saint Bernard, dont il a traduit des morceaux choisis ainsi que les Prières et Méditations de saint Anselme.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    L’Entretien de Simon-Pierre avec Jésus commente, en 60 petits chapitres, la question de Pierre : « Voici que nous avons tout quitté et nous t’avons suivi, qu’en sera-t-il donc pour nous ? » et la réponse de Jésus : « Lors de la régénération, dit-il, quand le Fils de l’homme siégera sur le trône de sa majesté, vous siégerez vous aussi » etc., en Mt 19, 27-29. C’est à la fois une exhortation pressante à la conversion et un plaidoyer vigoureux en faveur d’une vie spirituelle authentiquement chrétienne, adressés en priorité aux clercs et aux moines, afin qu’ils s’engagent sur le chemin de la perfection et parviennent, étape après étape (thème de l’échelle spirituelle), à la nouvelle régénération promise.

    Jean-Noël Guinot

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Geoffroy commente, en 60 brefs chapitres, la discussion entre Pierre et Jésus : Voici que nous avons tout quitté et nous t’avons suivi (Mt 19, 27) et y traite de la conversion, qui consiste à tout quitter pour suivre le Christ. Geoffroy a probablement rédigé ce texte en 1147-1148 et le dédie à Henri de Pise qu’il espère voir entrer à Clairvaux (ce qu’il fera dès 1148), mais s’adresse à travers lui à tous les moines (bénédictins et cisterciens) et aux clercs.

    L’œuvre est transmise par 86 manuscrits, dont 26 datent du XIIe ou du début du XIIIe siècle (17 sont complets, avec la lettre d’envoi). Plusieurs manuscrits présentent le texte comme étant une collection d’extraits de Bernard (et en particulier, selon des historiens, un écho d’un sermon de Cologne perdu), que Geoffroy n’aurait donc fait qu’assembler ; mais son rôle est plus important, et s’il s’inspire de Bernard, on ne peut relever aucun vrai parallèle ; c’est surtout l’écriture qu’il cite.

     

    Prologue : lettre d’envoi à Henri de Pise. Importance de l’obéissance, qui est écoute de la parole de Jésus. Tout quitter pour n’aimer que Dieu et n’être pas asservi aux biens et aux vices. Sens figuré des richesses dans l’écriture. Appel à la perfection ; pour ceux qui ne le peuvent, le partage est un remède à leur infirmité.

    Première partie : aux clercs. Qu’ils n’abusent pas de leur fonction en confisquant l’argent qu’ils reçoivent pour les pauvres, en profitant des avantages matériels qu’ils ont : ils doivent être exemplaires, rester vigilants pour ne pas perdre leurs vertus et être de bons pasteurs. Pour être des médiateurs auprès de Dieu ils doivent se garder des convoitises terrestres, prendre leur part des labeurs humains et partager tout ce qu’ils ont pour ne pas être passibles du jugement.

    Deuxième partie : le chemin de la perfection. Pierre a tout quitté : sans doute n’avait-il pas grand-chose, mais il a renoncé au principe même de posséder, principe qui nous rend insatiables tant que ce n’est pas Dieu qui nous rassasie. La conversion demande de tout quitter sans rien garder, pour une nouvelle naissance de l’âme. Réflexion sur l’au-delà où le Christ nous attend. L’échelle à gravir pour y parvenir : signification symbolique. Le combat spirituel, jusqu’à la croix du Christ. Jugement et rétribution. Patience à garder en cette vie. Les promesses du Christ se réalisent dès ici-bas. Les efforts qui nous sont demandés sont peu de chose : ne pas se fier aux apparences. Ne pas rechercher des consolations superficielles, mais les biens spirituels. Ne pas douter de la récompense, mais l’abandon des biens doit être total : une petite chose gardée corrompt tout le reste et empêche Dieu d’agir. Ne pas chercher de garanties sur le « centuple » terrestre : c’est la visite de l’Esprit et la présence du Christ. L’éternité sera davantage encore.

    Extrait(s)

    chap. 1 (SC 364, p. 61)

    « Simon-Pierre dit à Jésus : Voici que nous avons tout quitté et nous t’avons suivi. » Parole sûre et digne d’un entier consentement que cet entretien de Simon-Pierre et de Jésus. L’obéissance, à vrai dire, a un rapport étroit, intime avec le salut, mais seule l’obéissance ferme et constante, qui est fondée sur la pierre. « L’obéissance en effet vaut mieux que les victimes » ; de même : « Refuser de se soumettre équivaut à un péché de sorcellerie. » C’est pourquoi le Sauveur a, lui aussi, préféré cette vertu à la vie même, choisissant de mourir plutôt que de désobéir. Enfin, au témoignage de l’ Apôtre, « le nom même de Jésus, qui est au-dessus de tout nom et devant qui tout genou fléchit », est la récompense de l’obéissance.

    chap. 54 (SC 364, p. 273-275)

    Quiconque aura quitté son père ou sa mère… recevra le centuple (Mt 19, 29) (…) — J’ai entendu, dit celui qui cherche une occasion de se perdre et, comme on dit vulgairement, une paille pour s’éborgner, j’ai entendu parler de tel et tel qui avaient tout quitté et sont revenus à leur vomissement. Comment avaient-ils reçu le centuple ? (…)

    Quelqu’un peut-il être repoussé du collège des disciples, sinon celui qui tient la cassette ? Car il y a une cassette non seulement pour l’argent, mais aussi pour la volonté propre. Qu’il scrute donc ses voies et ses soucis, celui qui se plaint que lui manque la grâce du centuple promis. à n’en point douter, il trouvera un recoin, une auberge, un refuge, non ceux du Fils de l’Homme mais tanière de renard ou nid d’oiseaux. Mais je vous prie de le croire, il est bien plus parfait pour lui de suivre le Christ seul (…) Qu’il ne retienne rien pour soi, rien pour les siens, de peur que cette miette de ferment ne corrompe toute la pâte.

    Errata

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    Texte concerné

    Correction

    Remarques

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    W. Wiliams

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    ait

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    128

    n. a

    Ps. 22,4 ; Jér. 48, 17

    Lc 10,7 (1 Tm 5,18)

     

    128

    n. b

    Ps. 36,7

    1 Co. 9,13

     

    128

    n. c

    Is. 40,7

    1 Tm 6,8

     

    128

    n. d

    Jac. 4,15

    In. 13,29

     

    133

    l. 2

    sèchera

    séchera

     

    139

    l. 2

    asurément

    assurément

     

    144

    l. 8

    subitaneus ei superveniat interitus

    subitaneus ei superveniat interitus

    La citation se poursuit.

    151

    l. 13

    Quand

    Quant

     

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    confessait

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    espérerait-il

     

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    ne peut être

    ne peut pas être

     

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    l. 9

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