• SC 339

    Isaac de l'Étoile

    Sermons, tome III
    Sermons 40-55

    novembre 1987

    Texte établi par Anselm Hoste et Gaetano Raciti, ocso. — Traduction et notes par (†) Gaston Salet, s.j. et Gaetano Raciti.

    Ouvrage publié avec le concours du Centre National des Lettres.
    ISBN : 9782204028660
    434 pages

    Plus de 50 sermons pour l'année liturgique, par l'abbé de l'Étoile, au 12e siècle.

    Présentation

    Moins connu que saint Bernard, Guillaume de Saint-Thierry ou Aelred de Rievaulx, l’abbé de l’Étoile, au diocèse de Poitiers, n’en occupe pas moins une place éminente dans ce XIIe siècle qui est le siècle d’or de la littérature monastique, notamment cistercienne. Anglais, formé dans les meilleures écoles de son temps, Isaac est à la fois un théologien averti, un fin lettré et un spirituel attentif aux besoins de sa communauté. De là le charme et la profondeur de son enseignement, celui d’un véritable disciple de l’abbé de Clairvaux.
    Par ce tome III s’achève l’édition de ce qui nous reste de la prédication d’Isaac de l’Étoile. Le tome I (SC 130) recouvre la fin et le début de l’année de liturgique : le tome II (SC 207), le carême; celui-ci, le temps pascal avec quelques sermons pour le sanctoral (fêtes de la Sainte Vierge et des saints Jean-Baptiste, Pierre et Paul, etc.) ; certains textes sont des fragments inédits découverts par le Frère G. Raciti. On trouve en outre dans ce volume les index des citations bibliques et des mots latins pour l’ensemble des sermons.

    Gaetano Raciti, o.c.s.o. (1939-2022), moine d’Orval, a été le maître d’œuvre de ce dernier tome. Il a pu bénéficier du texte établi par Dom Anselme Hoste, o.s.b. (1930-2017), abbé de St. Pietersabdij, à Steenbrugge, et de la traduction de Gaston Salet, s.j. (1891-1966), théologien et humaniste, qui fut longtemps professeur au scolasticat de Lyon-Fourvière, en même temps que prédicateur très écouté, et consacra ses dernières années à l’édition de ses auteurs chers : Richard de Saint-Victor, Anselme de Havelberg, Isaac l’Étoile.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Avec le tome III des Sermons d'Isaac de l'Étoile (SC 339), désormais, tout ce qui est actuellement connu du sermonaire de ce cistercien contemporain de saint Bernard est publié. À  l'occasion des solennités de la fin du temporal, Pâques, Ascension, Pentecôte, et de quelques fêtes du sanctoral, on retrouve en ce volume la réflexion dense, savoureuse qui est le grand charme de la théologie monastique au XIIe siècle, en particulier une doctrine précise et forte sur le corps mystique du Christ vivant à travers l'histoire.
    Le Frère Gaetano Raciti, moine d'Orval, qui a déjà beaucoup travaillé au tome II (SC 207), est le maître d'œuvre de ce volume, auquel ont collaboré dom Anselm Hoste, abbé de Steenbrugge, et l'initiateur de l'entreprise, le Père Gaston Salet, mort en 1966. L'Index analytique des mots latins de l'ensemble des sermons, placé à la fin de ce tome III, sera désormais un instrument indispensable pour toute étude sur la pensée et la langue de l'abbé de l'Étoile et, plus largement, des théologiens précédant immédiatement la scolastique.

    Dominique Bertrand

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Ce volume constitue le dernier tome de l’édition des Sermons d’Isaac de l’Étoile par le Père Gaston Salet. Celui-ci avait traduit les 55 sermons connus à partir de l’édition Tissier, reprise par Migne ; puis il l’avait revue d’après le texte critique établi par Dom Anselm Hoste. Après son décès en 1966, le tome I fut confié au Père Bernard de Vregille (1967). Le tome II fut révisé par le Père Raciti, autant pour l’établissement du texte latin que pour sa traduction (1974) ; il découvrira ainsi dans un manuscrit d’Oxford une dizaine de pages de sermons perdus, édités en fin de ce tome III.

    Sermon 40 (pour le jour de Pâques) : La tendresse de Dieu a surpassé toute tendresse humaine (amour conjugal, amour des parents, amour de l’homme pour soi-même). Pour répondre à cette charité manifestée dans le mystère du Christ, nous devons mourir et ressusciter avec lui, et chercher vraiment les réalités d’en haut.

    Sermon 41 (pour le jour de Pâques) : Pâques. Résurrection et naissance. Il y a, pour le chrétien, trois naissances : à la vie humaine, à la vie de la grâce (qui doit être entretenue par les sacrements), à la gloire.

    Sermon 42 (pour le jour de l’Ascension) : Seul monte au ciel le Fils de l’homme descendu du ciel. Ce Fils de l’homme, c’est le Fils de Dieu devenu homme par l’Incarnation, avec lequel nous sommes par l’adoption filiale le Christ total. En lui, nous-mêmes montons au ciel. Les trois générations ou naissances du Christ : éternelle, temporelle, mystique.

    Sermon 43 (pour le jour de la Pentecôte) : Le même Esprit Saint, donné auparavant pour la puissance, est donné le jour de la Pentecôte aux apôtres pour la vertu ; il est donné finalement pour la paix et la gloire. La puissance est digne d’admiration, mais la vertu est plus utile. La vertu que la charité enflamme et que la vérité illumine est prudente, sobre, patiente et juste.

    Sermon 44 (pour le jour de la Pentecôte) : Les moissons de la Pâque et les vendanges de la Pentecôte. L’Esprit est à la fois l’eau qui purifie au baptême et le vin qui procure la sobre ivresse à la table eucharistique. Par le Fils qui est Vérité et l’Esprit qui est Charité, nous montons à la Puissance de Dieu.

    Sermon 45 (pour le jour de la Pentecôte) : Les missions du Fils et de l’Esprit sont complémentaires. Après la Rédemption, il fallait l’Esprit pour donner l’amitié divine. L’Esprit tempère la justice et la sainteté brûlantes de Dieu (les dispositions du cosmos en donnent quelque analogie).

    Sermon 46 (pour la Nativité de saint Jean Baptiste) : Grandeur de Jean Baptiste attestée par le Christ. Sa naissance préfigure celle du Christ. L’union de Zacharie et d’Elisabeth symbolise l’union dans l’être humain de l’esprit et de la chair, mais plus profondément encore celle de la raison et de la volonté, origine du libre arbitre, que seule la grâce peut féconder.

    Sermon 47 (pour la Nativité de saint Jean Baptiste) : La sainteté de Jean Baptiste est fondée sur l’humilité. Il se proclame seulement l’ami de l’Époux. Si nous voulons être les amis de l’Époux, le Verbe, nous avons à reconnaître et à aimer la voix de l’Époux, mais également la voix de l’Épouse, l’Église. La voix de l’Épouse, c’est la parole et le commandement de l’autorité ecclésiastique ; la voix de l'Époux, c’est tout événement voulu ou permis par Dieu.

    Sermon 48 (pour la Nativité de saint Jean Baptiste) : Le prédicateur explique dans une « apologie » pourquoi il a changé sa manière : il ne veut plus, en s’attachant aux méthodes nouvelles, prônées par certains docteurs très en vogue, légitimer les audaces à venir. Il critique également les procédés des ordres militaires, dont pourront s’autoriser plus tard les ennemis de l’Église. Quelques mots sur le rôle de Jean Baptiste préparant la venue du Christ.

    Sermon 49 (pour la fête des saints Pierre et Paul) : Notre vie terrestre est une mort : la mort est le commencement de la vraie vie. On parvient à cette vie par la miséricorde, dont les degrés sont de donner ce qu’on peut, de donner en une fois tout ce qu’on a, de se donner soi-même pour sauver les autres ; et c’est ce qu’ont fait les apôtres.

    Sermon 50 (pour la fête des saints Pierre et Paul) : Justification de l’observance cistercienne : travail, silence, obéissance, abstinence, solitude, vie de communauté. À la différence des faux ermites et pseudo-moines, les vrais cénobites continuent l’idéal de vie de l’Église primitive.

    Sermon 51 (pour le jour de l’Assomption) : Marie, l’Église, chaque âme fidèle et le mystère de l’engendrement du Christ total. La Sagesse cherche son repos dans tous les humains, car tous ont été marqués de l’image et de la ressemblance divine. L’Histoire du salut. Action et contemplation.

    Sermon 52 (pour le jour de l’Assomption) : La femme qui, dans le Cantique, monte du désert symbolise Marie montant au ciel. À un autre niveau de lecture, on peut discerner les grandes étapes de la vie spirituelle. Cinq degrés de la justice, qui rayonnait en saint Bernard et qui est réalisée pleinement en Marie.

    Sermon 53 (pour le jour de l’Assomption) : Le cas exemplaire de Marie qui a été soutenue par Dieu dans l’épreuve, conduite dans une parfaite obéissance, et qui, ayant accueilli Dieu mieux que tout autre, a été accueillie d’une manière unique. L’amour de Dieu est toujours premier : il réconcilie, il fait devenir des justes, il donne sa gloire.

    Sermon 54 (pour la Nativité de Marie) : L’histoire de l’Ancien Testament (et en particulier le récit de la création) préfigure le Nouveau Testament, qui le récapitule et annonce le monde à venir.

    Sermon 55 (pour le jour de la Dédicace) : L’Église se bâtit au long des temps dans la diversité et la multiplicité, elle est mise à l’épreuve et purifiée. Sa dédicace à la fin des temps la fera participer à l’unité même de Dieu-Trinité. Si Jean l’a vue comme descendre du ciel en sa parure d’épouse, c’est que l’Époux lui en a déjà donné les arrhes après avoir pris ses faiblesses. Fonction exercée dans l’Église par la vie monastique contemplative.

    Les 3 textes inédits sont : I. Pour l’Épiphanie du Seigneur ; II. Sermon de la pérégrination ; III. Quatre sortes d’orgueilleux.

    Extrait(s)

    Extrait :  Sermon 43, § 21-24, p. 79-81

    21. La vertu que la charité enflamme et que la vérité illumine est prudente, sobre, patiente et juste. Par la prudence, elle évite les témérités et les nouveautés présomptueuses, les conseils trompeurs (Pr 12, 5) et la pseudo-science (cf. 1 Tm 6, 20), les ruses de Satan et les pièges des méchants (cf. Ep 4, 14) ; bref, elle écrase le dragon (Ps 90, 13) et foule bien vite aux pieds Satan (cf. Rm 16, 20) se déguisant en ange de lumière (2 Co 11, 14). 22. Par la sobriété, elle met un frein à la convoitise de la chair et refroidit l’ardeur des bouillonnements intérieurs ; elle tempère la curiosité extérieure et mortifie la convoitise des yeux (cf. 1 Jn 2, 16) ; elle marche sur l’aspic et le basilic (Ps 90, 13), en mettant en fuite par l’abstinence les instigateurs de la volupté et en déjouant par l'amour de la pauvreté les serviteurs de l’avarice. 23. Par la patience, elle en vient à ne plus craindre personne ; elle est arrachée à la peur des ennemis qui tuent le corps (Mt 10, 28), mais ne peuvent rien d’autre ; ayant subi l’épreuve des dérisions et des fouets, et même celle des chaînes et de la prison (He 11, 36-37), elle domine courageusement les lapidations, les mutilations et toute sorte de morts cruelles et raffinées ; elle écrase le lion (Ps 90, 13) et toute la rage des machinations diaboliques, en triomphant par sa magnanimité de l’esprit de pusillanimité et du souffle de la tempête (cf. Ps 54, 9). 24. Par la justice enfin, elle observe l’équité envers tous, elle ne fait aucune acception de personne, elle fait le bien à qui elle peut, elle souhaite le bien à tous, elle s’acquitte de son dû envers les savants et les ignorants (Rm 1, 14), elle aime tout le monde comme soi-même, elle prend un soin particulier de ceux de sa maison (1 Tm 5, 8). Et celui qui, par les autres vertus, a vaincu les démons, est, par la justice, rendu semblable aux anges, en attendant que, par la troisième donation du Saint Esprit, il puisse devenir leur égale (cf. Lc 20, 36).

    Errata

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