• SC 325

    Claire d’Assise

    Écrits

    décembre 1985

    Introduction, texte latin, traduction, notes et index par Marie-France Becker, Jean-François Godet et Thaddée Matura.

    Réimpression de la première édition

    ISBN : 9782204072366
    245 pages
    Indisponible chez notre éditeur

    À l'origine des clarisses, la disciple de François et la première femme à rédiger une Règle.

    Présentation

    Claire d’Assise fut la première femme à rédiger une règle de vie religieuse, en un temps où un concile, Latran IV, venait d’interdire toute nouveauté en ce domaine. C’est dire l’importance de ce que tout d’abord on osa seulement intituler Forme de vie. C’est dire aussi le prix des Lettres, du Testament autobiographique et de la Bénédiction, seuls vestiges, avec la Règle des Sœurs pauvres, d’une activité littéraire qui fut, sans aucun doute, plus ample. Liée au Poverello par la même estime de la pauvreté évangélique et par une intime amitié spirituelle, Claire se révèle par ces textes, peu nombreux mais denses, en sa forte originalité. La spiritualité franciscaine en est équilibrée, dilatée et ce livre constitue désormais le complément nécessaire des Écrits de François d'Assise publiés dans cette même collection pour le huitième centenaire de sa naissance.
    Négligés jusqu'au milieu de ce siècle, les Écrits de sainte Claire sont ici publiés pour la première fois dans leur langue originale avec une traduction française.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Les Écrits conservés de Claire d'Assise sont peu nombreux, non parce qu'elle aurait peu écrit, mais parce qu'on mit sans aucun doute moins de soin à les recueillir que ceux de Saint François. D'où la pauvreté aussi de la tradition manuscrite qui les transmet, et l'absence jusqu'à la fin du XXe siècle d'une édition complète de ces textes. De même, la présente édition, due à une sœur pauvre, Marie-France Becker, et aux frères mineurs, Jean-François Godet et Thaddée Matura, fut-elle la première, en 1985, à présenter l'ensemble des écrits de Claire dans leur langue originale, le latin, accompagnés d'une traduction française. Voici la liste des pièces qui composent le petit corpus des Écrits de Claire : quatre lettres adressées à la bienheureuse Agnès de Prague, vestiges d'une correspondance sans aucun doute plus abondante entre elle et cette fille d'un roi de Bohême, entrée au monastère qu'elle fonda à Prague pour y vivre en sœur pauvre ; une lettre adressée à Ermentrude de Bruges, qui après un pèlerinage à Assise transforma en monastère de Sœurs Pauvres son ermitage de Bruges et fonda d'autres monastère en Flandre ; un Testament, qui, comme ceux de François, évoque les commencements de sa quête spirituelle, son amour de la pauvreté évangélique, les aspirations qu'elle partage avec François et les frères mineurs ; enfin la Règle, qui définit et exprime la forme de vie qu'elle a choisie de mener et qui sera celle des Sœurs Pauvres ou Clarisses. Claire fut, en effet, la première femme à rédiger une règle de vie religieuse, et encore ne put-elle réaliser ce dessein qu'au soir de sa vie, après bien des difficultés : le quatrième concile de Latran, en 1215, presque au lendemain du jour (1212) où Claire avait secrètement quitté la maison paternelle pour rejoindre la Portioncule et embrasser le genre de vie du Poverello, avait interdit la rédaction de nouvelles règles de vie monastique. Claire se vit donc imposer successivement la Règle de saint Benoît et la Règle d'Hugolin qui s'en inspirait largement, mais sans mettre l'accent sur la forme de haute pauvreté qu'elle entendait pratiquer, puis la Règle du bienheureux François, avant de pouvoir rédiger sa propre Règle et d'obtenir son approbation par le pape Innocent IV, deux jours avant sa mort, survenue le 11 août 1253.
    Les Écrits de François et de Claire complètent donc la déjà longue série de Règles monastiques éditées dans Sources Chrétiennes. Comme celui de François, le volume des Écrits de Claire s'achève par un utile index analytique : ces deux index conjugués aideront le lecteur à pénétrer au cœur même de la spiritualité franciscaine.

    Jean-Noël Guinot

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Claire partagea avec François d’Assise (voir SC 285) le même désir de suivre radicalement Jésus Christ et de vivre selon l’évangile. Ils donnèrent naissance à la grande famille franciscaine.

    Claire, née en 1193 dans une famille de la noblesse d’Assise, se convertit vers l’âge de seize ou dix-sept ans et se lie d’amitié avec un de ses concitoyens, fils de marchand, Francesco di Pietro di Bernardone, François d’Assise. Décidée à vivre, comme François, selon l’évangile, malgré l’opposition de sa famille, elle reçoit la bénédiction de l’évêque d’Assise, Guido, proche de François. Le soir du dimanche des Rameaux de l’an 1212, Claire s’enfuit de la maison paternelle pour rejoindre à la Portioncule, dans la plaine au-dessous d’Assise, François et ses frères. Après avoir séjourné dans différents monastères, bientôt rejointe par sa sœur Agnès, elle fonde l’Ordre des Sœurs Pauvres, les Clarisses. François installe ses sœurs dans l’église de Saint-Damien, dépendant de l’évêque d’Assise, et leur donne une règle où l’accent était mis sur la pauvreté évangélique et l’appartenance à une même famille. En 1215, suite à la décision du Concile de Latran IV de ne plus autoriser de nouvelles règles de vie religieuse, Claire adopte la Règle de saint Benoit. Elle obtient du pape Innocent III un privilège, celui de la pauvreté, qui garantit aux Sœurs Pauvres de Saint-Damien le droit de vivre sans propriétés ni revenus. En 1218-1219, le cardinal Hugolin, légat du pape Honorius III en Toscane, compose une règle consistant en observances très strictes. François meurt en 1226. En 1234, Claire entre en relations épistolaires avec Agnès de Prague, fille du roi de Bohême, qui fonda un monastère à Prague. En 1247, le pape Innocent IV promulgue une règle qui place les sœurs sous la juridiction des Frères Mineurs et prend comme base juridique la Règle du bienheureux François. Mais finalement Claire rédige sa propre règle, qui sera approuvée par le pape en 1253. Claire meurt le 11 août 1253 ; elle est canonisée en 1255.

    Peu d’écrits sont conservés, malgré une correspondance qui dut être très abondante, et les manuscrits sont rares. Dans plusieurs cas (correspondance avec François, Hugolin et Agnès), nous n’avons pas les lettres de Claire. Les écrits se résument donc à cinq lettres (dont 4 à Agnès de Prague, 1 à Ermentrude de Bruges), la Règle, un testament et une bénédiction. Le présent volume publie pour la première fois l’ensemble des écrits de Claire dans leur langue originale accompagnés d’une traduction française. Se dégage de ces écrits une figure féminine déterminée, combative, persévérante, qualités qui finissent par lui garantir ce à quoi elle tient absolument : l’originalité de sa forme de vie dans « la très haute pauvreté » et le lien à François et à son Ordre. Claire est la première femme à composer une règle pour les femmes. Elle est une des rares figures féminines de cette époque qui ait laissé des textes écrits. Les femmes de l’Antiquité et du Moyen Age dont nous connaissons des écrits religieux sont rares : Égérie, Dhuoda, Héloïse, Hildegarde de Bingen ; Gertrude et les deux Mechtilde plus tard. Elle fut en outre une grande spirituelle, comme le révèlent les Lettres qui contiennent une vision très élaborée de l’expérience chrétienne, surtout dans sa dimension nuptiale. Le style de Claire est très oratoire, poétique, parfois obscur. On suppose que Claire avait au moins autant, et sans doute plus de culture (savoir lire et écrire en latin) que François, étant donné son rang social ; d’autre part, elle avait probablement recours à des secrétaires. Elle s’inscrit dans la spiritualité de son temps, en particulier cistercienne, comme l’indiquent le thème nuptial, la mystique de la pauvreté et de la croix, et le thème du miroir.

    Extrait(s)

    Règle, § 7-15, p. 145

    (7) Moi, frère François, tout petit, je veux suivre la vie et la pauvreté de notre très haut Seigneur Jésus Christ et de sa très sainte mère et persévérer en cela jusqu’à la fin ; (8) et je vous prie, mes dames, et je vous donne le conseil de vivre toujours dans cette très sainte vie et pauvreté. (9) Et gardez-vous bien de vous en éloigner jamais en aucune façon, sur l’enseignement ou le conseil de qui que ce soit. (10)Et comme moi je fus toujours soucieuse avec mes sœurs de garder la sainte pauvreté que nous avons promise au Seigneur Dieu et au bienheureux François, (11) qu’ainsi les abbesses qui me succéderont dans l’office et toutes les sœurs soient tenues de l’observer inviolablement jusqu’à la fin, (12) c’est-à-dire en ne recevant et en n’ayant ni possession ni propriété, ni par elles-mêmes ni par personne interposée, (13) ou même quelque chose qui pourrait raisonnablement être dit propriété, (14) sinon la quantité de terre que la nécessité requiert pour l'honnêteté et le retrait du monastère ; (15) et que cette terre ne soit pas travaillée, sinon comme jardin pour la nécessité des sœurs mêmes.

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