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SC 319
Tertullien
Exhortation à la chasteté
juin 1985Introduction, texte critique et commentaire par Claudio Moreschini. — Traduction par Jean-Claude Fredouille.
Ouvrage publié avec le concours du Centre National des Lettres.ISBN : 9782204024174217 pagesChasteté et continence : dans un débat pastoral incessant, la position rigoriste du Carthaginois.Présentation
Ce traité constitue chronologiquement le second volet d'un triptyque, dont le premier est la Lettre À son épouse et le troisième l'ouvrage Sur le mariage unique. La rédaction, en une quinzaine d'années, de trois livres sur le même sujet, la licéité des secondes noces, suffit à montrer l'importance d'une telle question aux yeux de Tertullien, mais aussi, indissociablement, dans la réflexion de l'Église ancienne. Le rigorisme du Carthaginois, son exaltation des vertus de chasteté et de continence, sa condamnation des secondes noces ne reflètent pas l'enseignement officiel de l'Église. Mais les positions prises par Tertullien sont révélatrices d'un débat qui la traverse depuis ses origines, dans sa recherche pastorale d'un équilibre entre l'idéal de l'ascèse et l'institution du mariage.
Claudio Moreschini dirige l'Istituto di Filologia latina de Pise. Il est l'auteur de plusieurs traductions en italien de Pères grecs et latins et de nombreux articles dans le domaine patristique.
Jean-Claude Fredouille, professeur de langue et de littérature latines à Lyon, entre autres publications concernant l'Antiquité tardive, a édité deux œuvres de Tertullien dans la collection Sources Chrétiennes.Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume
C’est probablement entre 207 et 212, dans la période où il est déjà influencé par le montanisme, que Tertullien écrit ce traité consacré au thème des secondes noces. Il s’était déjà exprimé là-dessus, quelques années auparavant, dans son traité à son épouse, où il n’autorisait que du bout des lèvres le remariage en cas de veuvage. Ayant évolué vers plus de rigueur, il a voulu reprendre la plume sur la même question pour interdire plus explicitement le remariage, l’assimilant à une débauche. Le traité, adressé à un veuf qui s’interroge, oppose nettement la foi et la chair comme deux puissances antagonistes et se termine en préconisant la continence comme la seule porte d’entrée possible pour le paradis. Un peu plus tard, son traité sur Le mariage unique reviendra de nouveau sur la question en durcissant encore sa position.
L’Exhortation a été transmise dans le codex Agobardinus du IXe siècle et aussi par trois manuscrits du XVe siècle (dont deux très proches), témoins du corpus clunisien qui a tendance à corriger le texte de Tertullien, non seulement pour certaines expressions, mais aussi pour des passages jugés entachés d’encratisme ou de montanisme. Deux autres manuscrits n’ont pas été utilisés pour la présente édition.
Il nous faut nous sanctifier, conformément à la volonté de Dieu. Cela passe par le renoncement à la sexualité, soit dès toujours, soit une fois baptisé, soit après le veuvage. Le libre arbitre humain, d’une manière générale, doit suivre la volonté de Dieu dans ce qu’elle a de plus exigeant. Examen du cas particulier des secondes noces. Lecture de 1 Co 7, 9.28-29.39-40 : tous ces passages ne visent pas à autoriser les secondes noces, mais au contraire à les déconseiller formellement (distinction entre ce que Paul dit en son nom propre et ce qu’il dit au nom du Seigneur). Adam et ève, type du mariage unique.
Réponse à des objections s’appuyant sur la polygamie des patriarches dans la Bible ou sur l’interdiction faite aux prêtres chrétiens de se remarier, qui suppose que les laïcs le peuvent. Extension de la réprobation de Tertullien au mariage en général, qui suppose des rapports sexuels auxquels il faudrait renoncer totalement. Le compagnonnage avec une femme peut se cantonner dans le domaine spirituel, et d’autre part un chrétien ne doit pas se soumettre aux usages de la société (y compris celui d’avoir des héritiers). Exemples de figures du passé ayant refusé tout second mariage, y compris chez les païens.
Extrait(s)
Cast. 2, 1-2 (SC 319, p. 71-73)
Le Seigneur a donné, le Seigneur a enlevé… (Jb 1, 21). Si nous reformons une union après que la première nous a été enlevée, il ne fait aucun doute que notre effort s’oppose à la volonté de Dieu, car nous voulons avoir de nouveau ce que Dieu n’a pas voulu que nous eussions. S’il l’avait voulu, il ne nous l’aurait pas enlevé. à moins que nous y voyions encore la volonté de Dieu, en prétextant que de nouveau Dieu a voulu que nous eussions ce qu’il n’avait plus voulu. Il n’appartient pas à une foi sincère et solide de tout rapporter de cette façon à la volonté de Dieu et de laisser ainsi chacun se flatter soi-même en disant que rien ne se fait sans son assentiment, sans comprendre qu’il y a quelque chose qui dépend de nous-mêmes. Au demeurant, toute faute aura son excuse si nous prétendons que nous ne faisons rien sans la volonté de Dieu.
Errata
Page
Localisation
Texte concerné
Correction
Remarques
14
l. 30
se sont laissés contaminer
se sont laissé contaminer
82
l. 3
etsi
et si
90
l. 9
compenscens
compescens
103
l. 14
tu n’a
tu n’as
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