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SC 315
Théodoret de Cyr
Commentaire sur Isaïe, tome III
Sections 14-20septembre 1984Introduction, texte critique, traduction, notes et index par Jean-Noël Guinot.
Ouvrage publié avec le concours du Centre National des Lettres.ISBN : 9782204022620463 pagesLe grand prophète censé annoncer le Christ, dans un commentaire complet du 5e siècle.Présentation
Évêque de Cyr (en Syrie) au Ve siècle, Théodoret a commenté presque tout l'Ancien Testament et passe pour l'un des plus grands exégètes antiochiens. Héritier de Théodore de Mopsueste et de Jean Chrysostome, mais aussi des Cappadociens et de la tradition alexandrine dominée par Origène, il réalise dans son interprétation de l'Écriture une synthèse originale. Mais son activité d'exégète ne prend son véritable sens que si on la replace dans la lutte qui, d'Éphèse (431) à Chalcédoine (451), l'oppose à Cyrille et aux Alexandrins : dans le débat christologique qui divise le Ve siècle, l'Écriture peut seule, à ses yeux, permettre de trancher.
Avec ce troisième volume (voir SC 276, 295), s'achève la publication d'un des commentaires les plus représentatifs de son exégèse. En restant fidèle à une interprétation littérale et historique, Théodoret met en évidence le caractère messianique de la prophétie d'Isaïe et le fondement scripturaire de la christologie qui reconnaît dans le Christ deux natures unies, mais distinctes.Agrégé de lettres, Jean-Noël Guinot a enseigné de nombreuses année dans les classes de lycée, puis dans les classes préparatoires de lettres. Il a soutenu en 1975 une thèse de Doctorat d'État sur l'exégèse de Théodoret de Cyr. Détaché auprès du C.N.R.S., il travaille aujourd'hui au sein de l'équipe des Sources Chrétiennes.
Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume
Ce volume contient les sections 14 (sur Is 44,23 - 47), 15 (48-49), 16 (50-52,12), 17 (52,13 – 55), 18 (56-59), 19 (60-63,6) et 20 (63,7-66). Is 45, 17 (Israël est sauvé par le Seigneur d’un salut éternel) sert à montrer, puisqu’au temps de Théodoret Israël est humilié sous le joug romain, que la prophétie ne peut s’appliquer à lui mais bien aux chrétiens. Polémiques diverses contre les idoles. De temps en temps exploitation d’affirmations d’Isaïe sur l’unicité de Dieu dans un sens antiarien (Arius et Eunome souvent associés). La lamentation sur Babylone (Is 47) permet encore une polémique contre le paganisme, mais aussi une critique de l’infidélité d’Israël. Le Seigneur m’a envoyé ainsi que son Esprit (48, 16) fournit un argument sur la pluralité des personnes divines, à la fois contre les juifs et Sabellius. Le deuxième chant du serviteur (Is 49) ramène l’exégèse au Christ. Sur mes mains j’ai peint tes murs (49, 16) est lu comme un geste d’architecte qui fait un plan pour reconstruire ; Théodoret s’en tient ici au plan historique, mais lit les v. 22-23 comme une prophétie du Sauveur car il estime qu’ils ne se sont pas réalisés dans l’histoire. La punition d’Israël (Is 50) est celle de l’époque consécutive au Christ, où Dieu a permis la ruine de Jérusalem. Le quatrième chant du serviteur fait évidemment l’objet d’une lecture christologique suivie ; la stérile aux nombreux enfants (Is 54) est alors l’église, faite des nations jadis abandonnées, construite comme la Jérusalem nouvelle. Cherchez Dieu (Is 55, 6) s’adresse à Israël appelé à la repentance et promis à la miséricorde. Is 56, 8 est lu comme l’annonce du siège de Jérusalem par les Romains et les propos contre l’idolâtrie d’Is 57 sont autant de dénonciations de la conduite d’Israël qui a refusé le Christ et ne mérite pas l’héritage. Les appels à la conversion des chap. 58 et 59 s’adressent aussi aux juifs principalement mais sont plus universels. Les annonces d’Is 60 concernent les temps chrétiens, comme les derniers chapitres qui voient l’église resplendir et le Christ triompher du mal, non sans dénoncer encore les juifs : J’ai étendu mes mains le jour entier (65, 2) désigne le Christ sur la croix. Dieu a patienté à cause de l’Israël futur, l’église.
Extrait(s)
Sur Isaïe 44, 24 (SC 315, p. 15)
C’est moi le Seigneur qui ai fait tout cela… Cela encore suffit à réfuter la démence d’Arius et d’Eunome. Qui est, en effet, celui qui, à lui seul, a créé ces éléments ? Est-ce le Père ? Ainsi donc le Fils n’est pas créateur. Alors, est-ce le Fils ? Ainsi donc le Père n’est pas créateur. Mais si ce sont le Père et le Fils, comment comprendre le terme « seul » ? Assurément de l’unique divinité de la Trinité.
Sur Isaïe 58, 2 (SC 315, p. 213)
Ils me demandent maintenant un jugement équitable et désirent être proches de Dieu en disant : Pourquoi, puisque nous avons jeûné, ne l’as-tu pas vu ? Ils considèrent comme le sommet de la vertu de s’abstenir de nourriture et ils me blâment de ne pas les avoir jugés dignes d’une totale providence. Quant à la phrase : Ils désirent être proches de Dieu, Symmaque l’a rendue ainsi : Ils souhaitent la proximité de Dieu, et Aquila : Ils veulent l’approche de Dieu. Le texte fait donc bien voir que ce n’était pas eux qui désiraient approcher de Dieu, mais qu’ils voulaient que ce fût lui qui approchât d’eux par l’entremise de ses soins et de sa sollicitude, alors qu’ils adoptaient un mode de vie indigne de lui.
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