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SC 285
François d’Assise
Écrits
décembre 1981Texte latin de l’édition K. Esser. — Introduction, traduction, notes et index par Théophile Desbonnets, Jean-François Godet, Thaddée Matura et Damien Vorreux.
ISBN : 9782204072359408 pagesIndisponible chez notre éditeurFrançois, et un retour au langage originel, celui des « frères » de l’Église (au XIIIe s.).
Présentation
Tout le monde sait que François d’Assise prêchait aux oiseaux… Mais combien savent que François – qui pourtant se qualifiait de simple et illettré – nous a transmis son esprit et son idéal dans des écrits dignes de figurer parmi ceux des grands spirituels du Moyen Âge occidental ?
La personne du chantre et du prédicateur s’efface dans la simple louange du Père du ciel et de son œuvre de salut par le Christ dans l’Église. Psaumes, laudes, salutations, Cantique s’adressent au « Très-Haut, tout-puissant, bon Seigneur », une fois à la « Dame, reine sainte mère de Dieu » ou même aux saintes vertus, reine Sagesse, Dame pauvreté… Et c’est à tous les hommes que François adresse son appel à la pénitence, à l’amour et au service de Dieu sur les pas de Jésus Christ : « le projet » qu’il propose à ses Frères dans les deux Règles, il le reprend à peu près tel quel à l’adresse de tous les croyants dans ces manifestes évangéliques que sont les Lettres aux clercs, aux fidèles, aux chefs des peuples.Le texte de François présenté ici s’appuie sur la magistrale édition critique donnée à Grottaferrata en 1976 par K. Esser.
La collaboration de quatre autres franciscains, Th. Desbonnets, Th. Matura, J.-F. Godet, D. Vorreux, a procuré traduction et index, ainsi que deux introductions : l’une sur l’authenticité des écrits, l’autre sur l’image de François qui s’en dégage, assez différente de celle offerte par la littérature des « fioretti ».Le mot des Sources Chrétiennes
Déjà réimprimés en 1997, les Écrits de François d'Assise (SC 285) et de Claire d'Assise (SC 325) l'ont été de nouveau en cette année 2003, le 750e anniversaire de la fondatrice des Sœurs Pauvres. Tous ceux qui vivent la spiritualité franciscaine ou souhaitent mieux la connaître se réjouiront de savoir remis en circulation ces textes fondateurs.
De François d'Assise, le grand public connaît surtout l'histoire du loup de Gubbio et, à travers les fresques de Giotto, quelques scènes de sa vie, celles notamment qui témoignent de son amour pour la nature, dont le Saint François prêchant aux oiseaux est l'une des plus célèbres. Mais de ses écrits, connaît-il beaucoup plus que le Cantique de frère soleil, qui célèbre Dieu en toute sa création, l'un des plus anciens témoins de la littérature italienne naissante, en dialecte ombrien ? Il ignore tout d'ordinaire de ses écrits conservés en langue latine, qui constituent son enseignement spirituel, sa manière de pénétrer le mystère de Dieu, à la fois dans son œuvre de création et de rédemption du monde, sa manière de concevoir la vie chrétienne et de tracer à l'homme un chemin de conversion.
Aussi tous les Écrits de François, dont l'authenticité est reconnue, ont-ils été réunis et commentés dans ce volume par les soins de quatre frères mineurs, Théophile Desbonnets, Jean-François Goddet, Thaddée Matura et Damien Vorreux. Ils sont regroupés en trois grandes sections : les Règles et exhortations ; les Lettres ; les Prières et écrits de facture lyrique, psaumes, laudes et cantiques. Un index analytique facilite l'étude thématique de l'œuvre écrite de François et permet tout à la fois d'en saisir l'unité d'inspiration et d'en repérer les thèmes récurrents.Jean-Noël Guinot
Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume
Les plus anciens témoins des écrits de François sont deux autographes, la Bénédiction pour frère Léon avec les Louanges de Dieu, et la Lettre au frère Léon. Ont été transcrits au xiiie siècle la Lettre à tous les clercs et l’Admonition 6. Par la suite, le corpus des œuvres s’est constitué à partir de quatre collections : le ms. 338 de la Biblioteca comunale d’Assise, milieu xiiie, le plus ancien et le plus prestigieux ; un ensemble de onze mss du xive au xve s. compilés à Avignon ; un groupe de 8 mss du xive au xve s. provenant de couvents franciscains (groupe de la Portioncule) ; enfin 11 mss du Nord ou des Pays-Bas.
La première édition, en 1623, de L. Wadding, n’est pas une édition critique. Au début du xxe s., l’édition du P. Lemmens et celle de H. Boehmer rejettent certains textes comme inauthentiques. L’édition de référence, celle du P. K. Esser (1976), faite sur la base de 147 mss, retient 30 écrits comme authentiques.
Les écrits peuvent être classés en 3 ensembles :
I. Règles et exhortations : Les 28 Admonestations (enseignement oral de François mis par écrit par un auditeur) ; la Joie parfaite (dont la source serait une parabole dictée par François) ; la Règle de 1221 (œuvre collective à laquelle François prit part) ; la Règle de 1223 (qui porte la marque de François, mais a été modifiée par la Curie romaine pour entrer dans les cadres du droit canonique) ; la Règle pour les ermitages et le Testament ; le Testament de Sienne (œuvre dictée). Enfin les Écrits pour les sœurs de Claire (insérés dans la Règle rédigée par Claire elle-même).
II. 9 lettres (la plupart adressées à des collectivités) : Lettre à tous mes clercs (mars 1220) sur l’Eucharistie ; Lettre à tous les fidèles sur l’état pénitentiel (dont le premier état serait peut-être le noyau de la règle du Tiers-Ordre) ; Lettre à tout l’Ordre (1226) ; Lettre à tous les custodes (1220) ; Lettre aux chefs des peuples (peut-être la retraduction latine d’une traduction espagnole) ; Lettre à un ministre (sur les devoirs du supérieur) ; Lettre à frère Léon ; Lettre à saint Antoine.
III. Prières et écrits de facture lyrique : Salutation des vertus (genre littéraire de la laude) ; Salutation à la Vierge Marie ; Exposition du pater Noster (texte dont François n’est peut-être pas l’auteur, mais qu’il aurait considéré comme représentatif de sa pensée) et Louanges pour les heures (centon de versets bibliques ou inspirés par l’Écriture) ; Psaumes des mystères du Seigneur Jésus (office votif, centon de versets bibliques) ; Exhortation à la louange de Dieu (laude en forme de centon) ; Prière devant le crucifix de Saint-Damien ; Bénédiction à frère Bernard (œuvre dictée) ; Bénédiction à frère Léon (laude en forme de « mémorial » de l’expérience des stigmates) ; Cantique des créatures (écrit en 1225-1226 en dialecte ombrien) ; Exhortation aux Pauvres Dames.
La vision qui se dégage des écrits de François est trinitaire ; elle montre Dieu à l’œuvre dans l’histoire y déployant son dessein de salut. L’homme, fait à l’image de Dieu, est au centre de la création et le Christ est présent en ce monde par le sacrement de l’Eucharistie et par la Parole. L’Église est l’espace de la foi et de la conversion évangélique. Cette doctrine n’est donc ni christocentrique ni anti-ecclésiastique.
Les prières de François sont des prières de louange, célébrant le mystère de Dieu et son œuvre de salut ; c’est toute la création qui est invitée à louer Dieu. La Passion même est toujours mise en perspective avec la Résurrection. Cependant François insiste aussi sur le mal et la corruption de l’homme : car la source du mal n’est pas le diable, mais s’enracine dans le cœur de l’homme. C’est à la condition de se détourner de son moi charnel par la pénitence qu’il peut recevoir la sagesse divine et l’amour divin. Il doit en effet marcher sur les traces du Christ, c’est-à-dire mettre en pratique les préceptes de l’Évangile dans un renoncement radical à soi-même et au monde, et exercer l’amour du prochain par la charité, l’humilité et les aumônes.
Le lien avec l’Église et avec la papauté est réaffirmé, malgré les critiques qui s’expriment chez certains de ses contemporains. Ces dispositions sont applicables, à des degrés divers (la pauvreté absolue est exigée seulement des frères), à tous les chrétiens, laïcs ou religieux. Pour les frères, la prédication ne consiste pas en un prêche officiel, mais doit s’appuyer sur l’exemple. La joie et la paix de l’esprit peuvent alors survenir, par la miséricorde et la grâce de Dieu.
Extrait(s)
Extrait : La Joie parfaite, p. 119-121
(1) Le même [frère Léonard] rapporta au même endroit qu’un jour, à Sainte-Marie, le bienheureux François appela frère Léon et dit : « Frère Léon, écris. » (2) Et lui répondit : « Voilà, je suis prêt. » (3) « Écris, dit-il, quelle est la vraie joie. (4) Un messager vient et dit que tous les maîtres de Paris sont venus à l’Ordre ; écris : ce n’est pas la vraie joie. (5) De même, tous les prélats d’outre-monts, archevêques et évêques ; de même, le roi de France et le roi d’Angleterre ; écris : ce n’est pas la vraie joie. (6) De même, mes frères sont allés chez les infidèles et les ont tous convertis à la foi ; de même, je tiens de Dieu une telle grâce que je guéris les malades et fais beaucoup de miracles : je te dis qu’en tout cela n’est pas la vraie joie. (7) Mais quelle est la vraie joie ? (8) Je reviens de Pérouse et par une nuit profonde je viens ici, et c’est un temps d’hiver, boueux et froid au point que des pendeloques d’eau froide congelée se forment aux extrémités de ma tunique et me frappent toujours les jambes, et du sang jaillit de ces blessures. (9) Et tout en boue et froid et glace, je viens à la porte et, après que j’ai longtemps frappé et appelé, un frère vient et demande : Qui est-ce ? Moi je réponds : Frère François. (10) Et lui dit : Va-t-en ; ce n’est pas une heure décente pour circuler ; tu n’entreras pas. (11) Et à celui qui insiste il répondrait à nouveau : Va-t-en ; tu n’es qu’un simple et un ignare ; en tout cas, tu ne viens pas chez nous; nous sommes tant et tels que nous n’avons pas besoin de toi. (12) Et moi je me tiens à nouveau debout devant la porte et je dis : Par amour de Dieu, recueillez-moi cette nuit. (13) Et lui répondrait : Je ne le ferai pas. (14) Va au lieu des Crucigères et demande là-bas. (15) Je te dis que si je garde patience et ne suis pas ébranlé, qu’en cela est la vraie joie et la vraie vertu et le salut de l’âme.
Errata
Page Localisation Texte concerné Correction Remarques 287 TITRE PSAUMES DES MYSTERES DU SEIGNEUR JESUS Sur le titre de cet écrit, cf. supra, p. 41 291 l. 13 épouse de l’Esprit-Saint Sponsa Spiritus sancti : François d’Assise semble être le premier, en Occident, à user de cette appellation. Les Pères de l’Église ne l’ont pas utilisée.
Volumes SC connexes
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SC 325
Écrits
décembre 1985
À l'origine des clarisses, la disciple de François et la première femme à rédiger une Règle.
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