• SC 257

    Théodoret de Cyr

    Histoire des moines de Syrie, tome II
    Histoire Philothée XIV-XXX. Traité sur la Charité (XXXI)

    avril 1979

    Texte critique, traduction, notes et index par Pierre Canivet et Alice Leroy-Molinghen.

    Réimpression de la première édition revue et corrigée (2013)
    ISBN : 9782204013932
    468 pages
    Le désert de Syrie en 31 vivants portraits, au milieu du 5e siècle.

    Présentation

    Théodoret, évêque de Cyr près d’Antioche au milieu du Ve siècle, est plus connu pour ses travaux d’exégète et pour les polémiques christologiques auxquelles il a été mêlé. Cette fois, il choisit de raconter un monde qu’il aime et admire, et dont il a personnellement connu nombre d’acteurs : les premiers moines syriens. En même temps qu’il se faisait l’historien de tous les chrétiens dans son Histoire ecclésiastique, il se fait ici l’historien du monachisme en son pays, soucieux de garder la mémoire des grandes figures d’ermites – notamment les fameux stylites – et d’édifier par leur exemple les générations futures en leur donnant le goût du combat spirituel, comme Athanase l’avait fait en écrivant la Vie d’Antoine.

    L’Histoire Philothée est une source irremplaçable pour connaître le mouvement monastique oriental et la vie chrétienne en Syrie du Nord. Les données qu’elle renferme et le témoignage personnel de Théodoret, dont la présence confère au récit une vérité singulière, entraîne le lecteur à découvrir la spiritualité profonde des moines ascètes et l’action divine qui l’explique.

    Elle se présente sous la forme d’un recueil composé de trente notices d’inégale longueur dont chacune a pour titre le nom d’un ascète. Dans un souci de rendre un hommage égal à tous les moines qui se sont signalés par leurs vertus et leur charismes, Théodoret a choisi les ascètes les plus représentatifs des divers modes de vie ascétique, soit dans les déserts, soit à proximité des agglomérations, seuls ou en communauté. Il s’agit de proposer des modèles de vie et d’ascèse et d’édifier les fidèles chrétiens : à travers leurs combats secrets, ces moines se hissent à la hauteur des héros de l’épopée, luttant contre les passions en écrasant les ennemis invisibles de leur âme tout en assurant la garde de leurs sens. Il nous livre une histoire pleine de couleurs, jusqu’à l’extravagance, qui nous fait entrer dans le quotidien des premiers moines – dont trois femmes –, avec leur austérité et leur humanité.

    Anges ou philosophes qui détiennent au regard de la foule de mystérieux pouvoirs, Théodoret ramène aussi tous ces moines à la condition banale de simples hommes qui, sans faire de miracles mais avec beaucoup d’amour, doivent suivre le Christ dans la bonne comme dans la mauvaise fortune, prêts à quitter leur quiétude pour le service de leurs frères. Son histoire n’oublie pas la théologie : derrière le merveilleux et les prouesses ascétiques extrêmes de ses héros, c’est la grâce de Dieu à l’œuvre qui est partout chantée et proposée en partage.

    Pierre Canivet, spécialiste de Théodoret de Cyr, était professeur à l’Université de Paris-X-Nanterre. Il a édité dans la collection la Thérapeutique des maladies helléniques, et a traduit l'Histoire ecclésiastique de Théodoret.

    Alice Leroy-Molinghen était professeur de langue et civilisation byzantine à l’Université Libre de Bruxelles.

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Histoire philothée (Histoire des moines de Syrie) Chapitres 14-30

    L’évêque de Cyr a écrit cette « Histoire philothée ou Vie ascétique » en hommage aux ermites syriens qu’il a connus ou dont il a entendu parler en Syrie ou Mésopotamie. On pourrait traduire : Histoire des amis de Dieu. En 30 chapitres, il évoque près de 70 figures d’ascètes, les deux derniers chapitres étant consacrés à des femmes. Théodoret a rédigé ce mémorial du désert vers 444. Son texte se trouve, en tout ou partie, dans une bonne quarantaine de manuscrits grecs, et il en existe des versions anciennes en syriaque, géorgien et arabe (mais non en latin). Dans le prologue il explique la nécessité de conserver la mémoire de ces grands ascètes qui valent bien les grands généraux ou les grands athlètes de l’histoire, et annonce qu’il consacrera à chaque figure un récit particulier pour mettre en évidence la diversité des charismes ; il prévient en même temps son lecteur qu’il va raconter des choses incroyables, mais qu’il faut le croire tout de même ! Puis il passe aux récits de vies, en exposant l’ascétisme incroyable de beaucoup, et en insistant sur le fait qu’il tenait de témoins directs la plupart des faits racontés (voire qu’il était lui-même ce témoin). Ces récits, en effet, fourmillent en miracles et prouesses surhumaines.

    Ce second tome donne la fin de l’histoire Philothée (XIV-XXX), où l’on trouvera en particulier l’histoire de l’ermite syrien le plus célèbre, Syméon le Stylite (chap. 26). Ce chapitre, que Théodoret avait écrit du vivant du personnage, a fait l’objet dans un des manuscrits d’une réécriture, après la mort de Syméon (et sans doute après celle de Théodoret), où la fin a été remaniée pour faire place au récit de la mort de Syméon, et où tous les verbes au présent ont été mis au passé. Les Vies sont les suivantes : Maèsymas, Acepsimas, Maron, Abrahamès de Carrhes, Eusèbe d’Asikha, Salamanès, Maris, Jacques de Cyrrhestique, Thalassios et Limnaios, Jean (disciple de Maron), Zébinas et Polychronios, Asclépios, Syméon le Stylite, Baradate, Thalélaios, Marana et Cyra, Domnina. Les trois dernières sont des vies de femmes. Plusieurs des autres font partie de l’entourage de Maron ; la notice (chap. 16) consacrée à ce dernier est très brève, et Théodoret est notre seule source sur la vie de cet ascète guérisseur dont la tradition fera plus tard l’ancêtre de l’église maronite.

    Traité sur la charité

    Le Traité sur la divine charité se présente dans la plupart des manuscrits comme le chapitre 31 de l’Histoire philothée, que Théodoret (l’attribution à l’auteur fut parfois contestée mais est admise aujourd’hui) a ajouté après la rédaction des notices, pour mieux mettre en lumière ce qui les fonde et explique les choix parfois extrêmes de tous ces ascètes : l’amour de Dieu.

    Le Traité sur la divine charité est une sorte de postface que Théodoret a voulu ajouter à ses récits, comme pour en donner la clef. Le mot agapè (charité) apparaît en effet très peu dans l’exposé de toutes les prouesses ascétiques de ses héros, comme si la raison profonde de leurs choix avait été perdue de vue. Théodoret a donc voulu ajouter une réflexion sur le principe de toute vie monastique, montrant qu’elle est inspirée par l’amour de Dieu. Il compare l’élan que cet amour inspire à l’élan amoureux de l’expérience commune pour en montrer la force. Il en donne maint exemple tiré de l’écriture et propose spécialement, après Moïse, l’épouse du Cantique et Paul, la figure de Pierre comme exemple de quelqu’un saisi par l’amour du Christ et désireux d’aller jusqu’au bout dans le don de sa personne, malgré ses insuffisances.

    Extrait(s)

    (Histoire philothée 26, 12, Syméon le Stylite, SC 257, p. 185) :

    « Les visiteurs venaient en nombre incalculable, tous essayaient de le toucher et de récolter quelque bénédiction au contact de ses fameux manteaux de peau. Au début il trouva cet excès d’honneur déplacé, puis la chose lui causant même une fatigue insupportable, il imagina de se tenir debout sur la colonne. Il la fit d’abord tailler de 6 coudées, ensuite de 12, après cela de 22, et maintenant de 36 : car il aspire à s’envoler vers le ciel et à quitter ce terrestre séjour. »

    (Traité sur la divine charité 11, SC 257, p. 287-289) :

    « Quand la question (Pierre, m’aimes-tu ?) fut reprise pour la troisième fois, le bienheureux Pierre ne répond plus avec le même sang froid, mais la crainte l’envahit, le trouble entre dans son cœur, il s’inquiète de sa décision, il redoute que le Maître, prévoyant un second reniement, ne sourie de ses déclarations d’amour. (…) Tous ces souvenirs lui faisaient peur et l’empêchaient de faire avec sang froid la réponse opportune. Il ressentit une vive et profonde morsure, et pourtant il laissa au Seigneur le soin de juger, (…) il reconnaît que la connaissance exacte de toutes choses appartient au seul créateur de toutes choses : Seigneur, dit-il, tu sais tout, tu connais tout, tu sais que je t’aime (Jn 21, 17). Car tu sais que je t’aime et tu en es témoin ; et toi, tu sais encore mieux si je continuerai à t’aimer. »

    Errata

    Page

    Localisation

    Texte concerné

    Correction

    Remarques

    332

    INDEX DES NOMS PROPRES

    Saracène / Sara (intervertis)

     

     

    465

    ADDENDA ET CORRIGENDA, dernier mots

    Jérusalem 1975

    Milan 1975

     

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