• SC 237

    Cyrille d'Alexandrie

    Dialogues sur la Trinité, tome II
    Dialogues III-V

    octobre 1977

    Texte critique, traduction et notes par Georges-Matthieu de Durand, o.p.

    Ouvrage publié avec le concours du Conseil canadien de recherches sur les humanités et du Centre National des Lettres.
    ISBN : 9782204011556
    470 pages
    Le Fils est-il Dieu ? Et l'Esprit ? Au début des années 420, les acquis de près d'un siècle de controverses.

    Présentation

    Face aux négations ariennes, Cyrille défend que Dieu doit intervenir pour diviniser l’homme : il faut un Fils pour faire des hommes des fils. Cyrille marque l’importance des personnes où les Trois collaborent chacun sous un aspect original à une action infrangiblement une.

    Georges-Matthieu de Durand, o.p., est professeur agrégé à l’Université de Montréal.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Les sept Dialogues sur la Trinité font parties de la série des trois grandes œuvres dogmatiques antiariennes écrites par Cyrille entre 424 et 429. Ils en occupent le milieu chronologique, écrits après le Thesaurus et avant le Commentaire de l’évangile de Jean. Ils se présentent comme un long entretien entre un interlocuteur A, représentant l’auteur, qui occupe évidemment le plus long temps de parole, et un interlocuteur B (le vieillard Hermias), de bonne volonté mais parfois naïf, qui lui pose toutes les questions sur lesquelles Cyrille veut s’exprimer. Il n’y a pas de plan évident à l’ensemble, hormis le fait que le dernier Dialogue (VII) est consacré au Saint-Esprit. La théologie trinitaire qui se déploie semble être structurée par une formule-clef, héritée d’Athanase, qui serait : « du Père, par le Fils, dans l’Esprit ». Elle n’en part pas moins de l’homoousios, tout l’effort de Cyrille se voulant défense de la foi de Nicée contre l’arianisme.

    La tradition du texte n’est pas très abondante : 6 manuscrits connus, le plus ancien du XIe siècle, les autres du XIVe ou XVe. Une tradition indirecte montre que l’œuvre a été utilisée dans divers florilèges dogmatiques, en particulier ceux liés aux controverses sur le filioque entre le XIIe et le XVe siècle.

    Bernard Meunier

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Ce volume contient les Dialogues III à V.

    Dialogue III : On ne peut dire le Père seul Dieu véritable, le Fils l’est aussi, leur consubstantialité oblige à le penser. La plénitude nous vient du Père et du Fils, par l’Esprit. Cette habitation en nous du Père et du Fils n’est pas l’habitation de deux Dieux. La création à l’image, énoncée au pluriel en Gn 1, 26, est opérée par les trois. La législation du Fils est très au-dessus de la Loi : elle vient du Père. Le Fils est vie par nature, non par don reçu du Père. En recevant le Nom au-dessus de tout nom (Ph 2, 9) il ne gagne rien : il le reçoit dans l’incarnation, il l’a dès toujours comme Fils : il était Dieu. Si nous devenons fils adoptifs dans le Fils, c’est que celui-ci est Fils par nature, sinon il ne pourrait conférer la filiation. Il a tout ce qu’a le Père. Sens de : La tête du Christ, c’est Dieu (1 Co 11, 13) : le verset dit l’identité de nature (de même que le Christ est la tête de l’homme comme nouvel Adam).

    Dialogue IV : Le Fils n’est pas une créature. Dire que le Fils est Fils par nature n’entraîne pas une diminution de la substance du Père. Expressions du NT attestant la filiation véritable. Père et Fils sont des relatifs : ils coexistent forcément. Leur connaissance réciproque montre aussi l’identité de nature. Le Fils n’étant pas créé, on peut lui rendre un culte : même la Loi y invite. Le titre de « premier-né » (Col 1, 15) vient au Fils unique de son abaissement dans l’incarnation, il reste l’unique engendré. Nous-mêmes sommes appelés dieux (Ps 81, 6) par façon de parler, non par nature. Le Fils n’est pas qu’une créature à part, il est Dieu. Il n’est pas un intermédiaire : il nous confère la vie divine, la filiation : s’il en dispose, il est Dieu. Examen de textes scripturaires objectés par les hérétiques, comme Pr 8, 22. Le Fils n’est pas l’instrument dont Dieu avait besoin pour créer.

    Dialogue V : Le Fils possède par nature les attributs divins, comme le Père. Le Fils en tant que Dieu n’a pas reçu du Père la vie, la gloire, la sainteté. Il faut rapporter à son anéantissement, i.e. à son état dans l’incarnation, tout le langage du don et de la réception. C’est pour notre salut que le Fils a accepté d’entrer dans le devenir. Ne pas mélanger les attributs divins et humains. Les attributs divins ne sont pas dans le Fils par participation. Le Fils n’est pas l’image et l’empreinte de la volonté du Père, mais de sa substance, dans son hypostase propre. C’est par lui que nous sommes selon l’image. De même, nous participons par lui de la vie parce qu’il est Vie comme le Père ; il nous donne l’Esprit de vie. Examen de deux textes scripturaires, Jn 14, 28 (le Père plus grand que moi) et Jn 20, 17 (mon Dieu et votre Dieu). Le Fils possède tous les biens divins dont il est le dispensateur ; il appelle le Père « son Dieu » en tant qu’humain. Ne pas confesser les Trois dans une seule nature, c’est confesser trois dieux. Le Fils est égal au Père en tout point, en tout attribut, en tout pouvoir. Sa soumission finale au Père (1 Co 15, 28) n’engage pas la nature mais la volonté et dit l’unique volonté des deux.

    Extrait(s)

    Dial. Trin. III, 485c-d (SC 237, p. 81)

    Comprends-le, cher ami : recevoir à la manière d’un octroi le Nom au-dessus de tout nom (Ph 2, 9), c’est ce qu’on appelle l’anéantissement – l’abaissement du Verbe jusqu’à nous en vertu de l’économie. Or si l’on découvre que recevoir fait partie des limitations liées à l’anéantissement, il apparaît désormais que tout ce qui se situe avant l’anéantissement échappe complètement à la nécessité de recevoir : il possédait de par sa nature ce qu’il était, savoir d’être en la forme de Dieu le Père (Ph 2, 6). Et s’il s’est abaissé lui-même, passant d’une situation sublime et excellente à une inférieure, il retournera sans aucun doute à cette élévation antérieure : ce ne sera pas se précipiter sur une gloire et un honneur étrangers, mais bien sur ce qui était à lui au commencement.

    Errata

    Page

    Localisation

    Texte concerné

    Correction

    Remarques

    115

    note sur § 496

    37-38 Ps. 118, 56

    37-38 Ps. 118, 94

     

    193

    § 522 l. 30

    ont

    auraient

     

    374

    note sur § 523

    10-13 I

    10-13 II

     

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