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SC 22 bis
Léon le Grand
Sermons, tome I
Sermons 1-19mars 1964Introduction de Dom Jean Leclercq. — Traduction et notes de Dom René Dolle.
Deuxième édition (remplace le n° 22 paru en 1949)
ISBN : 9782204038133295 pagesL'année liturgique en compagnie d'un pape, au milieu du 5e siècle, sur près de 100 sermons.
Présentation
« C’est Pierre qui a parlé par la bouche de Léon », s’écriaient les Pères du concile de Chalcédoine en 451. Ce qu’ils disaient des formules théologiques de Léon le Grand l’est peut-être encore davantage de ses Sermons. Prononcés entre 440 et 458, ils ont été réunis de son vivant même et selon son désir. En presque 100 prédications, le pape accompagne les fidèles de Rome tout au long de l’année liturgique. C’est en effet en fonction de celle-ci que, à défaut d’une nouvelle édition critique du texte latin, l’éditeur a choisi d’établir un nouveau classement des sermons, en 4 tomes.
Ce tome I contient dix sermons sur Noël, nos 1 à 10, un sermon sur l’Incarnation, no 11 et huit sermons sur l’Épiphanie, nos 12-19. Le théologien et l’homme de pouvoir ici se montre ici plutôt comme un pasteur, aussi éloquent que souple dans son langage, et notamment comme l’auteur de quelques-uns des plus belles pages écrites sur l’enfance.
Ce livre est dû à deux moines de l’abbaye bénédictine de Clervaux (Luxembourg) : Jean Leclercq, qui a écrit l’introduction, et René Dolle, auteur de la traduction et des notes de ce volumes et des trois suivants (SC 49, 74 et 200).
Le mot des Sources Chrétiennes
Certainement ressenti comme une urgence, l’édition des Sermons de Léon le Grand voit le premier de ses quatre tomes sortir en 1947-1949 quatre ans après le lancement des Sources. Le travail a été confié à l’excellente équipe de l’abbaye de Clervaux au Luxembourg. Dom Jean Leclercq donne la substantielle introduction ; dom René Rolle poursuivra la traduction et l’annotation jusqu’à la fin. Dans l’attente d’une publication par l’Académie de Vienne, qui ne viendra pas, l’antique édition des frères Pierre et Jérôme Ballerini (Venise, 1755), passé par Migne (PL 54, 1846), reprend du service, moyennant des corrections selon les variantes évidentes. Les Frères Ballerini s’étaient fondés sur les sermonnaires surabondants mais disparates pour le rangement des sermons. En 1974, trois tomes étant déjà parus aux Sources, le professeur Antoine Chavasse, dans les numéros CXXXVIII et CXXXVIIIA du Corpus Christianorum Series Latina, exploite une voie nouvelle en isolant des collections ordonnées par Léon lui-même, en particulier celle qui est conservée dans un manuscrit de Reichenau actuellement à la bibliothèque de Karlsruhe (voir l’avant-propos dans le premier tome du CCSL). Voilà qui a permis, précisément, d’éditer dans le tome 4 des Sources Chrétiennes les sermons 65 à 98, issus de Reichenau, en complément de ce qui est déjà paru dans trois premiers tomes, c’est-à-dire les Sermons 1 à 64. De fait, saint Léon, qui est le premier pape et sans doute le premier auteur chrétien à avoir classé lui-même les produits de son éloquence, a pris soin de diffuser ses sermons en quatre groupes de pièces prononcées sur cinq ans, de 441 à 445 et 452 à 454, les dix de Noël, par exemple, étant rangées à la suite. Ainsi est-il possible de dater nombre des sermons. Voici qui en dit long sur les capacités intellectuelles du pape, mais aussi sur son souci d’aider avec clarté son peuple dans la connaissance concrète et exacte de sa foi.
Dom Dolle a fourni dans le tome 4, par une introduction et une concordance des sermons Ballerini-Migne/Sources Chrétiennes (p. 7-15 et p. 323), des explications nécessaires à l’agencement qui vient d’être présenté. Mais il est clair qu’une réédition des Sermons de saint Léon devrait les ranger selon le texte et le classement d’Antoine Chavasse. Ainsi entrerait-on plus justement dans la puissante pensée du Pasteur qui guide son troupeau des considérations ecclésiales du groupe 1 au groupe 4 à travers les groupes 2 et 3, lesquelles traitent du cycle de Noël puis du cycle de Pâques, le centre du Mystère. La première version des Sources Chrétiennes faisait passer en bloc du centre du mystère à la vie ecclésiale. Il est certain que Léon a raison plus que nos actualisations infondées philologiquement, celles-ci, quoi qu’il en soit, nous ayant tellement apporté.
(décembre 2020)
Dominique Bertrand
Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume
Sermons
Remarquables par la clarté des idées, la concision et l'élégance du style, la pureté de la langue, les Sermons de Léon le Grand, comme plus tard les Sermons pour l'année de S. Bernard, ont été réunis, de son vivant même et sous son contrôle, en deux collections, la première regroupant les sermons prononcés de 440 à 445, la seconde leur ajoutant une série de sermons prêchés ultérieurement jusqu'en 458. Ainsi parvient-on à dater de manière certaine la plupart d'entre eux, la première collection offrant en outre l'avantage de transmettre les sermons dans l'ordre où ils ont été prononcés.
Le texte latin donné n’est pas une nouvelle édition critique. Il se distingue néanmoins de l’édition Ballerini-Migne, jusque là édition de référence, par un nouveau classement des sermons. Faute d’étude solide basée sur des critères externes et sur une édition critique, l’éditeur a donc choisi d’adopter comme plan le cours de l’année liturgique à l’époque de saint Léon.
Les sermons du pape Léon ne sont généralement pas un commentaire à proprement parler du texte évangélique, bien que l’enseignement donné soit presque toujours en lien avec l’évangile du jour, expliquant son contenu d’ensemble, s’attardant aux détails quand ils sont nécessaires à la compréhension du mystère de la foi. L’enseignement des fidèles ne vise pas seulement à éclairer leur foi mais aussi à leur apprendre à louer Dieu. De là vient le ton enthousiaste avec lequel le pape parle des mystères : l’âme doit sans cesse être, selon lui, dans l’admiration des œuvres divines. Il cherche donc à susciter chez les fidèles une admiration communicative. Il s’ensuit que, même si le Pape ne méconnaît pas la présence du mal dans le monde, la foi chrétienne doit être emplie de joie et d’optimisme.
Au cœur de la théologie de saint Léon se trouve l’union hypostatique, c’est-à-dire l’union dans la personne unique du Christ de deux natures, humaine et divine. Saint Léon insiste sur la diversité et l’unité dans le Christ, qui sont inséparables. Cette union se réalise au profit de l’humanité, car elle l’élève et le Seigneur s’abaisse au rang d’esclave sans déchoir. Ainsi le pape s’oppose-t-il à la fois aux erreurs des manichéens et des ariens. L’Incarnation est toujours considérée à partir de son but, la rédemption. Si Dieu s’est fait homme, si le Seigneur est venu sur terre, c’est pour nous sauver. Ainsi les sermons papaux accordent-ils une grande importance à la vie terrestre du Christ, à sa mission publique, puis à la nécessité de sa Passion pour que l’homme soit sauvé. De la christologie léonienne découle son ecclésiologie : tous les hommes appartiennent à la même nature humaine, or celle-ci a été unie à Dieu dans le Christ, donc tous les hommes qui adhèrent au Christ sont de ce fait unis entre eux et à Dieu. La foi en l’union hypostatique est donc indispensable, et elle conditionne toute la vie sacramentelle et morale. Ce que propose saint Léon ne repose pas seulement sur des directives pratiques pour l’entraide quotidienne entre les hommes : il s’agit des fondements doctrinaux d’une conception de la charité vivifiée et éclairée par le mystère de l’Incarnation.
Sermons 1-19
Le tome I contient dix sermons sur Noël, nos 1 à 10 (en chiffres arabes) ; un sermon sur l’Incarnation, no 11 ; huit sermons sur l’Épiphanie, nos 12-19. Saint Léon, qui a inventé dans l’année liturgique le cycle de Noël, y a donné ses chefs-d’œuvre, lui qui est intervenu pour gérer à Chalcédoine, concile œcuménique IV (451), les questions cruciales concernant l’incarnation du Verbe.
Extrait(s)
Deux termes ont paru résumer la force, en même temps que la belle facture, des Sermons de Léon dans un essai publié dans Liturgie, « La dynamique de l’année liturgique selon Léon le Grand » (D. Bertrand, n° 155, décembre 2011, p. 316-341) : l’un biblique : hodie, l’autre latin, dignitas. Très utilisés par le prédicateur, nous en citons les premiers emplois dans le premier sermon du cycle de Noël, respectivement dans le premier et le dernier paragraphes, p. 66 et 72.74:
Salvator noster, dilectissimi, hodie natus est, gaudeamus. Neque enim locum est ibi esse tristitiae, ubi natalis est vitae ; quae consumpto mortalitatis timore, nobis ingerit de promissa aeternitate laetitiam. Nemo ab hujus alacritatis participatione secernitur, una cunctis laetitiae communis est ratio ; quia Dominus noster, peccati mortisque destructor, sicut nullum a reatu liberum reperit, ita liberandis omnibus venit. Exsultet sanctus, quia propinquat ad palmam. Gaudeat peccator, quia invitatiur ad veniam. Animatur gentilis, quia vocatur ad vitam.
Agnosce, o christiane, dignitatem tuam, et divinae consors naturae, noli in vererem vilitatem degeneri conversatione redire. Memento cujus capitis et cujus corporis sis membrum. Reminiscere quia erutus de potestate tenebrarum, translatus es in Dei lumen et regnum. Per baptimatis sacramentum Spiritus sancti factus es templum : noli tantum habitatorem pravis de te actibus effugare, et diaboli te iterum subjicere servituti : quia pretium tuum sanguis est Christi ; quia in veritate te judicabit, qui in misericordia te redemit, qui cium Patre et Spiritu sancto regnat in saecula saeculorum. Amen.
XXXIV, 1, Quatrième sermon pour l’Épiphanie, p. 237-239
Bien-aimés, c’est, pour toute vraie piété, un devoir aussi juste que raisonnable, en ces jours qui proclament les œuvres de la divine miséricorde, que de se réjouir de tout cœur et de célébrer avec honneur ce qui a été accompli pour notre salut ; or voici que nous invite à une telle dévotion la loi même du cycle temporel, qui, après le jour où le Fils de Dieu coéternel au Père naquit de la Vierge, nous a en peu de temps ramené la fête de l’Épiphanie consacrée par la manifestation du Seigneur. La providence divine a placé cette fête en un grand secours pour notre foi, car, tandis qu’on rappelle par cette sainte solennité que le Sauveur enfant fut adoré dès sa naissance, on prouve par des témoignages pris dès ses origines qu’il est né avec une vraie nature humaine.
Errata
Page Localisation Texte concerné Correction Remarques 57 l. 2 ab imo VAN DE VORSTC. VAN DE VORST C. 57 l. 4 ab imo SAINT-CHÉRON A. DE. SAINT-CHÉRON A. DE, 67 l. 7-8 n’a trouvé, parmi les hommes, personne n’a trouvé parmi les hommes personne 146 § 5, l. 2 offerat offerant
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