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SC 209
Paulin de Pella
Poème d'action de grâces et Prière
décembre 1974Introduction, texte critique, traduction, notes et index par Claude Moussy.
Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique.ISBN : 9782204037068231 pagesUne autobiographie poétique en forme d'action de grâces, par un écrivain latin du 5e siècle.
Présentation
L’Eucharisticos, poème autobiographique en latin de 616 hexamètres, a été publié par Paulin à quatre-vingt-trois ans, en 459, alors que l’Oratio, qui compte seulement 19 vers, est une poésie de jeunesse. Né à Pella en Macédoine, il est le petit-fils d’Ausone et vit à Bordeaux ; il fait partie de ceux qui ont fait échouer le siège de Bazas par les Wisigoths en 414. Converti à 45 ans à une vie plus radicalement chrétienne, il se retire comme ascète près de Marseille.
Le Poème d’action de grâces est à la fois confession de la vie de l’auteur, confession de sa foi et confession de sa louange à Dieu. Pour décrire l’action de grâces dans sa vie, Paulin a adopté une forme inspirée par un journal intime, une « éphéméride ». Cette conception de l’autobiographie est absolument nouvelle en Gaule. En outre, l’œuvre est un témoignage précieux sur l’époque des invasions.Claude Moussy, professeur émérite à l’université Paris-Sorbonne, est spécialiste de lexicologie et de sémantique latines.
Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume
Poème d'action de grâces
De Paulin de Pella, petit-fils d’Ausone, nous ne connaissons que le Poème d'action de grâces (Eucharisticos Deo sub ephemeredis meae textu) et la Prière. L’Eucharisticos fut publié en 459, mais il est probable que la plus grande partie du texte – à l’exception des vers 1-23 et 564-616 – ait été composée en 455. Si – il le reconnaît lui-même – Paulin est un styliste médiocre, son œuvre n’est pas celle d’un inculte. L’Eucharisticos fourmille de références textuelles et doit beaucoup aux Confessions d’Augustin d’Hippone. Le texte du poème a été transmis par deux manuscrits, dont un est aujourd’hui perdu. Il s’agit d’un Parisinus, utilisé par Margerin de la Bigne pour établir l’editio princeps au XVIe siècle, mais dont ce dernier ne donne pas la provenance. Le second est le Bernensis 17, du IXe siècle. Claude Moussy propose dans ce volume une nouvelle édition critique du texte latin.
Poème autobiographique, adoptant la forme d’une éphéméride, l’Eucharisticos passe en revue les principaux événements de la vie de Paulin, mais le but poursuivi par l’auteur diffère de celui de son grand-père Ausone : il ne s’agit pas pour lui de survivre dans la mémoire de la postérité, mais de rendre grâce à Dieu pour tous les bienfaits reçus. Sa volonté est de confesser la bonté miséricordieuse de Dieu plus que de faire connaître sa vie aux hommes ; en cela son dessein se rapproche beaucoup de celui d’Augustin dans les Confessions, ou de celui de saint Patrick dans sa Confession. Sans dissimuler ses erreurs ou ses insuffisances, Paulin confesse d’abord sa foi en Dieu par la louange et l’action de grâces. Hymne à la Providence en cette période particulièrement troublée, l’Eucharisticos retrace de façon impressionnante la misère du Midi de la Gaule au début de ce siècle et constitue un témoignage historique précieux sur les invasions en Aquitaine (Vandales, Goths, Alains ; incendie de Bordeaux en 414, siège de Bazas). À travers son propre itinéraire spirituel – sa « conversion » à l’âge de 45 ans et sa volonté de mener une vie d’ascèse en se retirant du monde, pour vivre en conuersus, à la manière de Paulin de Nole ou de Sulpice Sévère –, qui le conduit à se retirer sur un petit domaine à Marseille dans la dernière partie de sa vie, Paulin nous renseigne enfin sur la vie chrétienne en Gaule au Ve siècle et la recherche de l’idéal ascétique qui guide la vie de nombre de chrétiens de cette époque.
Prière
L’Oratio s. Paulini fut longtemps attribuée à Paulin de Nole avant que Pierre Courcelle n’identifie l’auteur de la Prière à celui de l’Eucharisticos. Elle est antérieure à 407, date à laquelle l’invasion vandale met un terme à la félicité de la vie de Paulin. Elle nous est connue par deux manuscrits du IXe siècle, le Leidensis Vossianus Latinus 111 et le Parisinus Latinus 7558, qui transmettent également tous deux des œuvres d’Ausone.
La Prière est une courte pièce de jeunesse de dix-neuf hexamètres, dont des références se trouvent dans l’Eucharisticos. Plusieurs vers du poème autobiographique de Paulin de Pella en constituent d’ailleurs une retractatio. Il ne s’agit pas d’une prière de louange mais de demande, et, en ceci, elle doit beaucoup aux derniers vers de l’Oratio matutina d’Ausone. En s’adressant à Dieu, Paulin paraît surtout désireux de conserver la prospérité dont il jouissait alors.
Extrait(s)
M’apprêtant à développer le récit de mes années écoulées et à décrire la suite des événements vécus au long des jours que j’ai parcourus, parvenu au terme d’une vie à la destinée incertaine, je te supplie, Dieu tout-puissant, de m’assister dans ma bienveillance pour moi et, inspirant mon ouvrage, de favoriser mon entreprise, si elle t’est agréable ; accorde à mes écrits de voir le jour, à tes souhaits d’être satisfaits, pour que, grâce à ton aide, je sois capable d’énumérer tous tes bienfaits. Car je te dois tous les moments que j’ai vécus, depuis le premier instant où j’ai respiré l’air lumineux de la vie […]. Qu’il me soit donc permis de célébrer tes bienfaits dans un poème et de te témoigner par le langage la reconnaissance que je ressens. Même enfermée dans notre cœur, cette reconnaissance t’est clairement connue, nous le savons bien, mais ma voix, qui connaît son secret, s’arrachant d’elle-même au silence des profondeurs de mon âme, fait jaillir la source de mes vœux qui s’épanchent en abondance. (Poème d'action de grâce 1-9, 17-21)
Père tout-puissant, toi à qui appartient la puissance souveraine sur l’univers, exauce-moi si mes demandes sont justifiées. (Prière V, 1-2)
Errata
Page Localisation Texte concerné Correction Remarques 112 l. 37 luimême lui-même 209 titre ORATIO PRIERE 235 Liste volumes parus (1-203) (1-209)