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SC 203
Nersès Šnorhali
Jésus, Fils unique du Père
décembre 1973Introduction, traduction de l’arménien et notes par Isaac Kéchichian, s.j.
Ouvrage publié avec le concours de la Fondation Calouste Gulbenkian et des Arméniens du Liban.ISBN : 9782204035934242 pagesIndisponible chez notre éditeurAu 12e siècle, un évêque et poète arménien dialogue avec le Christ.
Présentation
Le poème Jésus, Fils unique du Père est une œuvre représentative de la littérature arménienne. En 1152, Nersès, futur patriarche de l’Église arménienne, a écrit ces 4000 vers en distiques, rimés d’une manière inspirée par la poésie arabe. Le poème se présente comme une prière, un dialogue entre Jésus Christ, Fils unique du Père, et Nersès devenu fils par grâce. Ils constituent une sorte d’épopée sacrée de l’Ancien et du Nouveau Testament, d’Adam à la Parousie du dernier jour, retraçant ainsi toute l’histoire religieuse du monde.
Le livre présente la première traduction du texte arménien en français et comporte un index scripturaire, une carte de la situation politique de l’Arménie au XIIe siècle et une planche.
Jésuite d’origine arménienne, né en Turquie, Isaac Kéchichian (1917-2005) fut directeur du Collège Saint-Grégoire-l’Illuminateur à Beyrouth (Liban). On lui doit aussi dans la collection une traduction fameux Livre de prières de Grégoire de Narek (SC 78).
Le mot des Sources Chrétiennes
Nersès IV Šnorhali, ou « le Gracieux », ainsi nommé à cause de son aimable caractère et de la grâce de son style, est l’un des plus grands auteurs de la littérature arménienne.
Longtemps secrétaire et assistant de son frère aîné Grégoire III, qui fut pendant 53 ans patriarche de l’Église arménienne, Nersès lui succéda immédiatement en 1166 et exerça cette haute charge jusqu’à sa mort, le 13 août 1173.
En ce huitième centenaire, la collection Sources Chrétiennes est heureuse de publier l’ouvrage principal de ce pasteur admirable, canonisé par son Église à cause de ses vertus et de sa science théologique, inlassable et ardent promoteur d’une union de l’Église d’Arménie avec l’Église de Byzance – projet qui, malheureusement, ne put aboutir.
Écrits théologiques et exégétiques, hymnes liturgiques, lettres et poèmes : Nersès a laissé une œuvre importante. Il a été pour les Arméniens ce qu’avaient été Ephrem pour les Syriens et Romanos le Mélode pour les Byzantins.
Les 4000 vers de ce poème constituent une sorte d’épopée sacrée de l’Ancien et du Nouveau Testament, d’Adam à la Parousie du dernier jour : histoire religieuse du monde retracée à travers un dialogue entre Jésus-Christ, Fils unique du Père et Nersès, devenu fils par grâce.
Aussi connu chez les Arméniens que le fameux Livre de prière de Grégoire de Narek (SC 78), cet ouvrage rencontrera sans aucun doute, autant que lui, la faveur de beaucoup de lecteurs modernes.Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume
Achevé en 1152, le poème Jésus, fils unique du Père est le plus célèbre de Nersès Šnorhali, et c’est également un des ouvrages les plus répandus chez les Arméniens, après les Évangiles, les Psaumes et le Livre de Prières de Grégoire de Narek. Ses manuscrits, dont les plus anciens se trouvent à Erevan, se comptent par centaines ; on en trouvait autrefois dans tous les couvents d’Arménie. Cette traduction des Sources Chrétiennes est fondée sur la lecture des trois plus vieux manuscrits d’Erevan – en en relevant les variantes –, écrits respectivement entre 1276 et 1279, en 1284 et en 1321. De plus, la dernière édition du poème (sur une quinzaine, dont la première date de 1643 à Venise), publiée à Venise en 1928, établie sur plus de dix manuscrits, a aussi servi de base à cette traduction. La seule traduction en langue moderne avant celle-ci était en anglais, réalisée par Jane S. Wingate à New York en 1947.
Le poème Jésus, fils unique du Père est un dialogue entre le Christ et Nersès, devenu fils par la grâce, mais indigne et prodigue. Par extension, c’est le récit de l’histoire de l’humanité sauvée depuis Adam jusqu’à la Parousie, de l’Ancien au Nouveau Testament.
C’est un poème de quatre mille vers, originellement écrit sans interruption. Les livres imprimés le divisent traditionnellement entre trois Livres et un Mémorial. Mais cette édition propose des variations dans cette division. En l’absence d’indication dans les manuscrits, et en suivant le mouvement de pensée, les vers octosyllabes du poème ont été répartis en strophes (quatrains), et des titres qui soulignent les grandes parties de l’œuvre ont été introduits : l’Ancien Testament (strophes 1-324), le Nouveau Testament (str. 325-857), la Parousie (str. 858-960), le Mémorial (str. 961-1000). Des sous-titres réalisent une unité autour d’un récit, d’une parabole, d’une parole ou d’un personnage biblique.
Le style de Nersès présente des qualités originales. En effet, il a assimilé à la fois l’héritage littéraire de son peuple et celui des peuples voisins, arabes et byzantins. Aussi utilise-t-il dans ce poème un procédé de prosodie rimé et monorime propre à la poésie arabe, « qafié », qui se généralisera ensuite dans la poésie arménienne. Sa langue se rapproche de la langue classique ; son rythme, limpide et simple, invite à la méditation.
Extrait(s)
Str. 369-370 (Mt 5, 14-16, p. 112)
Lumière de Lumière, Fils unique du Père,
Par la lumière Tu as inondé le genre humain ;
Et les disciples du Verbe de lumière,
Tu les as appelés lumière par ton nom.
Illumine par leur lumière
Les ténèbres d’ignorance de (mon) âme,
Bien que je ne (l’aie pas placée) sur le chandelier,
Mais comme une lampe sous le boisseau.
Errata
Page Localisation Texte concerné Correction Remarques
Volumes SC connexes
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SC 78
Le Livre de prières
décembre 1961
Le plus grand poète arménien, au 10e siècle, proclamé « Docteur de l'Église » en 2015.