• SC 2 bis

    Clément d'Alexandrie

    Le Protreptique

    décembre 1949

    Introduction, traduction et notes par Claude Mondésert, s.j. – Deuxième édition, revue et augmentée du texte grec, avec la collaboration de André Plassart.

    Deuxième édition revue et augmentée (remplace le n° 2 paru en 1943)
    ISBN : 9782204076258
    359 pages
    Mieux que celui d'Orphée, le chant du Christ appelant à la conversion, par un maître alexandrin au tournant des 2e et 3e siècles.

    Présentation

    Ce traité qui relève d'un genre littéraire qui remonte à Aristote, celui du protreptique, est une invitation à la conversion, une exhortation à se tourner vers le véritable Logos. Écrivant dans un style raffiné, n'hésitant pas à recourir à la rhétorique traditionnelle et à une abondante documentation érudite, Clément met toute sa culture au service de la défense du christianisme.

    Commençant par opposer aux chants erronés de la mythologie païenne le chant véritable du Logos, nouvel Orphée, qui est venu apporter le salut aux hommes, il présente les principaux aspects de la foi chrétienne, de l'économie du salut à la rédemption. Il passe alors à la critique de la religion grecque en attaquant les mystères, notamment ceux d'Éleusis auxquels il a sans doute été initié, l'astrologie, le culte des démons et les sacrifices humains. S'il s'en prend également aux mythes, c'est en admettant qu'ils peuvent traduire des intuitions justes sur la condition humaine même si c'est de façon déformée, et il n'hésite pas reconnaître chez les poètes et les philosophes grecs la présence de lueurs de vérité qui témoignent qu'ils ont été eux-mêmes inspirés par le Logos. Mais désormais, une nouvelle étape est franchie : depuis l'Incarnation, il faut abandonner les coutumes fausses et vaines des ancêtres et faire confiance à Celui qui a toujours manifesté sa bienveillance pour l'humanité.

    L'ouvrage se clôt sur un appel à fuir l'attrait qu'exercent les sirènes du plaisir pour monter sur le navire piloté par le Christ et retrouver, grâce à lui, sa ressemblance d'origine avec Dieu.

     

    Claude Mondésert, s.j. († 1991), est l'un des trois fondateurs de la collection Sources Chrétiennes qu'il a dirigée pendant près de quarante ans. Spécialiste de Clément d'Alexandrie, il a édité, seul ou en collaboration, plusieurs ouvrages de cet auteur.

    André Plassart, ancien professeur à la Sorbonne, a collaboré à la deuxième édition de ce volume.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Le Protreptique de Clément d'Alexandrie (SC 2 bis), édité par le P. Claude Mondésert, fait partie de ces ouvrages de la Collection qu'il faut périodiquement réimprimer. A la vérité, cette invitation à la conversion – tel est le sens du titre –, cette exhortation à se tourner vers le véritable Logos, a de quoi séduire le lecteur.

    Clément lui propose d'entendre un chant nouveau, bien différent de celui des Amphion, Arion ou Orphée de la mythologie grecque, un chant qui tout à la fois, bien mieux que le leur, apprivoise les hommes et les rend vertueux, ordonne et soutient l'univers, guérit et libère. La critique de la religion grecque et des mystères païens, ceux d'Éleusis en particulier auxquels Clément fut sans doute initié et que nous connaissons essentiellement grâce à lui, celle de l'astrologie, du culte des démons et des sacrifices humains, occupent ensuite plusieurs chapitres. Puis Clément en vient à la critique des mythes et à l'examen des opinions émises sur Dieu par les philosophes et les poètes. Sa critique se fait alors beaucoup moins radicale : il se plaît au contraire à reconnaître chez plusieurs d'entre eux des étincelles de vérité, signe manifeste à ses yeux qu'ils ont été, à leur insu, inspirés par le Logos divin. Néanmoins, et malgré la sympathie que Clément d'Alexandrie, contrairement à d'autres Pères, a souvent manifestée à l'égard de la philosophie grecque, il convient désormais de franchir une nouvelle étape en reconnaissant le Logos véritable qui s'est incarné, en courant sans hésiter à l'appel du Christ et en se laissant conduire par lui au salut. Cela implique de renoncer à la séduction des sirènes de l'erreur pour suivre ce Christ, nouvel Orphée et nouveau Dionysos – le dernier chapitre fait inclusion avec le premier – pour se laisser initier à ses mystères, pour entrer avec lui dans le chœur des élus qui chantent la gloire du Père, pour retrouver la ressemblance originelle avec Dieu, une fois devenus « portraits du Logos ». « Telles sont les fêtes bachiques de mes mystères », s'écrie Clément : « Si tu le veux, reçois, toi aussi, l'initiation, et tu prendras part au chœur des anges autour de Dieu 'qui n'a pas eu de naissance et n'aura pas de mort' (Platon, Timée 52 A), du seul vrai Dieu, tandis que le Logos de Dieu s'unira à nos hymnes ».

    Peu de Pères sans doute auront tenté, avec une telle ferveur, de convertir la philosophie et les mystères païens pour donner accès aux mystères chrétiens.

    (2004)

    Jean-Noël Guinot

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Présentation

    Autour de 190 environ, un chrétien cultivé d’Alexandrie, Clément, propose à un public cultivé des cours comme le font nombre de philosophes, pour les initier au christianisme, comme d’autres maîtres initient à la philosophie comme art de vivre. Dans l’auditoire, certains sont sans doute chrétiens, d’autres païens. à ceux-ci, grandis dans la culture grecque, intéressés par la philosophie, et tentés souvent de regarder de haut la foi toute neuve de ces disciples des Galiléens, Clément adresse son exhortation à adopter la foi chrétienne, en s’efforçant de leur montrer que celle-ci peut fort bien rivaliser avec les grandes écoles de la philosophie : cette exhortation, très écrite, pensée pour plaire à un public païen cultivé, relève d’un genre littéraire pratiqué au moins depuis Aristote qui avait écrit un Protreptique (aujourd’hui perdu). Le Protreptique de Clément n’invite pas, comme ses précédents païens, à se convertir à la philosophie, mais au Christ.

    L’œuvre est transmise avant tout par le Parisinus graecus 451 copié en 914 pour l’archevêque Aréthas de Cappadoce, et dont nous possédons encore 7 manuscrits dérivés, entre le XIe siècle et le XVe siècle. Les éditions modernes sont donc faites essentiellement à partir du manuscrit d’Aréthas.

    Contenu

    Chapitre 1. La Grèce est fière de ses chanteurs ; mais le Logos les surpasse tous par la puissance de son chant, qui est le chant même du créateur, et dont l’instrument est l’être humain. Il est l’accomplissement de tous les chants, de David aux évangélistes. 2. Oracles et mystères païens sont de honteuses supercheries, les mythes sur les dieux des histoires trop humaines et souvent impudiques ou violentes : nombreux exemples. La religion grecque est une histoire d’oubli du vrai et de divinisations indues ; les cultes attestent cette bassesse. 3. Inhumanité des dieux qui demandent des sacrifices humains. 4. Les statues des dieux sont de simples fabrications humaines, à l’image de ceux qu’elles représentent, et n’ont aucune sensibilité : les adorer est une superstition. Il faut s’élever des créatures au créateur. 5. Les philosophes ont eu sur Dieu des opinions fausses qui l’assimilent toujours plus ou moins à des éléments matériels et ne le distinguent pas du monde.

    6. Les philosophes ont parfois entrevu la vérité : Platon a vu un Dieu un, comme Moïse ; d’autres philosophes, cyniques, stoïciens ou pythagoriciens, ont dit sur Dieu des choses justes. 7. Les poètes aussi ont dit des choses vraies sur le divin, soit en parlant du vrai Dieu, soit en dénonçant l’indignité des faux dieux 8. Ce sont les auteurs bibliques qui disent vrai sur Dieu, ainsi que la Sibylle : les prophètes, Moïse, Salomon, David… 9. Le Logos de Dieu vient à nous lui-même ; il fait de nous des enfants de Dieu, c’est Jésus, qui apporte le salut. 10. On ne peut refuser le Logos de Dieu, on ne peut lui préférer des idoles repoussantes. Il faut passer du mal au bien, se convertir au vrai Dieu qui nous donne la grâce et la vérité. Nous sommes faits pour Dieu qui nous a faits à son image, sortons de notre sommeil idolâtre sans regretter nos faux dieux. Ouvrons les yeux, servons le vrai Dieu, suivons ses lois. 11. Maintenant que le Logos est là, c’est de lui seul que nous devons suivre l’enseignement, il est lui seul la lumière, lui seul la vérité, lui seul la vie. Purifions-nous pour qu’il habite en nous. 12. Les mystères du Logos sont supérieurs à tous les cultes, accourons pour les célébrer, nous qui sommes les portraits vivants du Logos et les enfants de Dieu.

    Extrait(s)

    Protr. IV, 58,3-59,2 (SC 2bis, p. 122-124)

    Les mariages, les procréations, les accouchements de vos dieux, leurs adultères qu’on chante, leurs banquets qu’on met en comédie, leurs rires dans les beuveries, qu’on étale en public, tout cela me force à crier – quand bien même je voudrais me taire – : hélas, quelle impiété ! Vous avez fait du ciel une scène, le divin est devenu pour vous une pièce de théâtre ; vous avez joué en comédie ce qui est saint, sous le masque des démons ; et votre superstition a transformé la vraie piété en drames satiriques.

    « Le joueur de lyre commença un beau chant » … Chante-nous, Homère, de ta belle voix, « les amours d’Arès et de son Aphrodite au diadème, leur premier rendez-vous secret chez Héphaïstos, et tous les dons d’Arès, et la couche souillée du Seigneur Héphaïstos… » Cesse ton chant, Homère ! Il n’est pas beau, il enseigne l’adultère…

    Errata

    Page

    Localisation

    Texte concerné

    Correction

    Remarques

    181

    n. 8

    Ps. 21, 23.

    Ps. 21, 23. Cf.Hb. 2, 11-12.

     

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