• SC 172

    Anonyme

    Épître de Barnabé

    décembre 1971

    Introduction, traduction et notes par Pierre Prigent. — Texte grec établi et présenté par Robert A. Kraft.

    Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique.
    ISBN : 9782204034784
    246 pages

    Sous le couvert de l’apôtre Barnabé, une lettre parfois transmise juste après l’Apocalypse.

    Présentation

    La Barnaba Epistolè est un recueil de différentes traditions que l’auteur anonyme a rassemblé pour des communautés pagano-chrétiennes. Il réunit des arguments apologétiques contre le Judaïsme, des prophéties de la passion et de la résurrection, des commentaires dans la tradition du midrash juif des textes bibliques et finalement une copie presque littérale d’un manuel de morale d’origine juive.

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    L’idée selon laquelle le Barnabé auquel cette épître a été attribuée était le compagnon de voyage de l’apôtre Paul n’est plus défendue. En dehors de la dissonance dans ses propos, le compagnon de Paul ne peut avoir vécu assez longtemps pour être considéré comme l’auteur d’une œuvre datant sans doute du IIsiècle. Ce Pseudo-Barnabé semble se présenter dans le corps de l’épître comme un didascale ; tout du moins se sent-il responsable de l’enseignement doctrinal des chrétiens auxquels il s’adresse. La question de savoir s’il était un pagano-chrétien ou un judéo-chrétien est discutée. Cependant, a priori, s’il connaît les traditions rabbiniques, il semble n’en n’avoir pas une connaissance directe. De plus, il s’adresse à des pagano-chrétiens et ne se distingue pas d’eux, en particulier lorsqu’il les oppose aux Juifs.

     

    L’Épître de Barnabé a été composée entre la fin du Ier siècle et le IIsiècle, sans doute dans son deuxième quart. Rédigée en grec, elle est composée de vingt-et-un chapitres (eux-mêmes subdivisés en versets), que seuls deux manuscrits ont conservés dans leur intégralité : le Sinaiticus ( fin du IVsiècle) et le Hierosolymitanus Taphou 54 (daté de 1056). Des manuscrits se situant entre le XIe et le XVII s. ont un texté mutilé du début (1,1 – 5,7a) ; un papyrus du IIIou IV s. comporte un fragment ; il existe aussi, outre quelques témoignages patristiques, une ancienne version latine (fin IIe – IIIe s.) conservée dans un manuscrit du IXe et des extraits en syriaque dans un témoin du XIIIe. Le texte semble avoir traversé différentes étapes de développement avant d’atteindre la forme qu’il a dans les textes grecs qu’on a retrouvés. 

    Ce texte intitulé Épître est davantage un traité, artificiellement présenté comme une lettre, qu’un texte appartenant au genre épistolaire ; et il s’agit d’avantage d’une compilation que d’une composition originale. Très tôt cependant, l’épître a un retentissement important et est citée par de nombreux auteurs, comme Clément d’Alexandrie. On la retrouve également dans le Codex Sinaiticus, au sein duquel elle se situe entre le Nouveau Testament et le Pasteur d’Hermas ; elle a donc été considérée un temps comme un texte scripturaire. L’auteur l’écrit en pensant à des communautés chrétiennes déterminées, qui semblent être composées de pagano-chrétiens, distingués ou opposés aux Juifs.

    Malgré des stades successifs de rédaction, l’Épître présente dans son ensemble des marques d’une unité de composition. Cependant, des passages se distinguent en raison de leur genre littéraire, des sujets abordés, de la méthode mise en œuvre et de l’accent théologique. Ainsi le thème des « Deux voies », d’origine juive, qui est placé en conclusion, ou les Testimonia, dans lesquels les citations bibliques s’enchaînent, parfois interrompues par quelques brèves réflexions, et pour lesquels l’auteur s’est appuyé sur des documents traditionnels, avec une méthode adaptée du midrash juif mais dans le but d’une distanciation par rapport au judaïsme. Il propose une interprétation allégorique ou typologique et travaille à dégager les implications sacramentelles des textes bibliques ou le sens christologique de l’Ancien Testament. Le but est avant tout de présenter aux lecteurs une connaissance – ou « gnose » – utile à leur salut : il faut atteindre le degré supérieur de la vie chrétienne où la foi s’épanouit en connaissance parfaite. L’un des caractères essentiels de cette gnose est d’être relative à l’intelligence des Écritures. La question du salut et la perspective eschatologique sont en conséquence très présentes, dans la mesure où l’auteur se situe dans les temps derniers. 

    Extrait(s)

    1, 4-5, p. 75-77

    C’est pour moi une absolue nécessité de vous aimer plus que mon âme, car la foi et l’amour qui vous habitent sont grands, fondés sur l’espérance de Sa vie. J’ai réfléchi que si je prenais le soin de vous communiquer une partie de ce que j’ai reçu, avoir servi des esprits tels que les vôtres me vaudrait récompense. Je me suis donc empressé de vous envoyer ces quelques lignes, afin que vous ayez aussi, en plus de votre foi, la connaissance parfaite.

    Errata

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