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Dans la littérature spirituelle du XIV^e siècle, il est sans doute peu d’écrits aussi originaux que le Melos amoris, ou Chant d'amour, de l’ermite fameux de Hampole, l’anglais Richard Rolle († 1349). C'est ce traité qui est publié ici sur la base du manuscrit conservé à Dublin. Ce texte a été reconstitué et édité tout récemment, en 1957, par M. E.J.F. Arnould, et reproduit ici avec son accord et celui de la maison Blackwell.

Cette traduction française ne peut être qu’un essai, tellement l’originalité de Rolle se laisse libre cours dans ces pages denses, jusque dans des procédés littéraires et dans un vocabulaire si riche et si varié que ce texte est presque intraduisible.

À quel genre littéraire appartient cet ouvrage ? il n’est pas facile de le dire : ce n’est ni un traité de la prière, encore qu’il en soit constamment question ; ce n’est pas un exposé de théologie, bien qu’on y trouve une doctrine de la vie contemplative et de la charité ; ce n’est pas un commentaire exégétique, malgré l’abondance des versets des Psaumes, du Cantique et de l'Apocalypse ; ce n’est pas un « mémorial spirituel », tout plein qu’il soit d’une expérience personnelle. Le R.P. Vandenbroucke le rapproche des « mystères » du Moyen Âge, à cause de la multiplicité de ses personnages, à cause de son caractère dramatique et de son ampleur cosmologique. C’est au fond une sorte de « traité du progrès spirituel » rédigé selon un mode poétique très original et avec des séquences qui font songer au cinéma ou au roman modernes.

Il n’est que de prendre connaissance de ce livre peu ordinaire, excellemment présenté par un de nos meilleurs spécialistes de la littérature spirituelle de cette époque.