• SC 127

    Gertrude d’Helfta

    Œuvres spirituelles, tome I
    Les Exercices

    Série des Textes Monastiques d'Occident XIX
    décembre 1967

    Texte latin, introduction, traduction et notes par Jacques Hourlier et Albert Schmitt.

    ISBN : 9782204036733
    310 pages
    Les révélations et les instructions d'une grande mystique dans un monastère de Saxe, à la fin du 13e siècle.

    Présentation

    Gertrude d’Helfta, moniale allemande du XIIIe siècle, a laissé une œuvre spirituelle importante. En marge de sa grande œuvre intitulée Le Héraut, dans les sept Exercices publiés dans ce volume elle propose des conseils spirituels, des gestes, des oraisons brèves, pour que la vie quotidienne s’emplisse de Dieu : exercice pour recouvrer l’innocence baptismale, exercice de la conversion spirituelle, exercice du divin amour... L’idée est de se remémorer les grâces reçues, la prévenance divine, pour faire de chaque heure un nouveau départ dans la vie mystique. Ces pages sont remplies de chants d’amour pour Dieu et pour son Fils, le Bien Aimé, tour à tour contemplé dans sa gloire ou son abaissement, comme celui qui s’offre dans l’hostie ou celui qui passe fugitivement dans l’âme assoiffée. On suit ainsi la vie intérieure de cette femme ardente, dont l’œuvre a laissé son empreinte dans plusieurs familles spirituelles.

    Le mot du directeur de Collection

    Ste Gertrude vécut dans la seconde moitié du XIIIe siècle, au monastère d’Helfta, en Saxe, mais son nom demeura inconnu jusqu’à ce que, en 1536, Dom Lanspergius, de la célèbre Chartreuse Sainte-Barbe de Cologne, publiât ses œuvres.
    Orienté d’abord dans la ligne d’une spiritualité cistercienne, le monastère d’Helfta fut ensuite marqué par la direction des dominicains et des franciscains, et caractérisé par une «piété liturgique» contemplative.
    À partir du moment où ils furent connus, les écrits de Gertrude d’Helfta jouirent d’une grande faveur, furent souvent traduits et réédités, Bien plus, on les étudia et on s’en inspira pour rédiger des livres très divers, allant des traités spirituels les plus solides jusqu’aux plus jolies mignardises. Enfin, comme on pouvait s’y attendre, ces textes n’échappèrent pas aux polémiques qui foisonnèrent au moment de la Réforme et de la Contre-Réforme : ils furent critiqués et raillés par les uns, défendus et loués par les autres. Une certaine hostilité subsista contre eux même parmi les catholiques, du XVIIe au XXe siècle. Mais H. Bremond parle de « cette incomparable Gertrude, toujours chère à la ferveur catholique ». En fait, nombreux furent les admirateurs, parmi lesquels il faut compter quelques grands spirituels, tels le Bienheureux Pierre Favre, Louis de Blois, et beaucoup de religieux : Chartreux, Carmes, et Carmélites, Bénédictines de France et de Lorraine, Mauristes, enfin plusieurs théologiens de la dévotion au Sacré-Coeur.
    On lira avec intérêt les pages de l’œuvre de Gertrude d’Helfta, et celles qui tâchent de résoudre les divers problèmes posés par le livre des Exercices.
    Dom Hourlier et Dom Schmitt se montrent là, comme dans la traduction et les notes de ce volume, d’excellents éditeurs d’une belle œuvre spirituelle.

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    En marge de son grand œuvre, intitulée Le Héraut, ou Mémorial de l’abondance de la divine charité (publié dans les volumes Sources Chrétiennes 139, 143, 255 et 331), Gertrude d’Helfta, moniale allemande du XIIIe siècle, a laissé ces Exercices. À partir de la première édition, celle de Lanspergius, de la chartreuse de Cologne, en 1536, ils connurent, une grande diffusion, signe du succès rencontré dans les milieux religieux les plus divers, bénédictins, mais aussi carmélitains et même jésuites.

    Ce succès tardif recouvre plusieurs problèmes historiques, d’autant plus qu’aucun manuscrit de cette œuvre n’a été conservé. Plusieurs éléments ont donc été mis en question : si le titre original a plus de chances d’être Documenta spiritualium exercituum, les éléments de critique externe (témoignages des moniales d’Hefta sur les œuvres de Gertrude) et de critique interne (style, auteur qui parle au féminin) suggère que l’œuvre est bien de Gertrude ; quant à la langue, les Exercices ont toute chance d’avoir été rédigés en latin et non en allemand.

    Ce volume reproduit l’édition princeps de Lanspergius, la corrigeant ponctuellement avec les conjectures d’éditeurs postérieurs.

    Le succès de Gertrude à l’époque moderne montre qu’il existe, chez la moniale, à côté de traits  médiévaux (style, méthode de composition, spiritualité monastique traditionnelle, marquée par la liturgie), des éléments modernes (aspects subjectifs, sensibilité affective et chaleur des sentiments, esprit de systématisation).

    Dans ces sept Exercices (le nombre relève probablement d’une intention mystique), Gertrude livre des réflexions méditatives sur le baptême (livre 1), la conversion spirituelle (livre 2), la prise d’habit, la consécration (livre 3) et la profession (livre 4) religieuses, l’amour divin (livre 5), la louange et l’action de grâce (livre 6), la réparation des péchés et la préparation de la mort (livre 7), qui sont pour elle et ses sœurs autant d’instruments de perfection spirituelle ; elle éclaire des symboles, propose des gestes et suggère de brèves prières pour que la vie du croyant soit remplie de la présence de Dieu.

    Gertrude s’inspire du Cantique des cantiques et de l’Apocalypse, avec une grande liberté : poète, elle chante en son amour, écho de l’amour divin, sans se soucier d’une construction méthodique ; dramaturge, elle personnifie des attributs, campe des personnages ; musicienne, elle multiplie les variations sur un même thème ou combine entre eux d’autres thèmes, d’un chapitre à l’autre.

    Extrait(s)

    Œuvres spirituelles: Les Exercices 5 (Exercice du divin amour), 11-37 (SC 127, p. 158-159)

    « Ô Dieu, mon Dieu, près de toi dès l’aurore je suis éveillé. Mon âme a soif de toi, et combien ma chair languit après toi. Sur cette terre déserte, sans voie et sans eau, je me présente devant toi, dans le Sanctuaire, afin de contempler ta puissance et ta gloire. » (Ps 62, 1)

    Oui, ô Dieu d’amour, toi seul es mon complet et véritable amour. Tu es mon très cher Salut, toute mon espérance et ma joie. Mon suprême et souverain bien. Devant toi, mon Dieu, mon très cher amour, dès le matin, je me tiendrai et je verrai que tu es à jamais la suavité même et la douceur (Ps 5, 5). Tu es la soif de mon cœur. Tu es le rassasiement parfait de mon esprit. Plus je te goûte, plus j’ai faim. Plus je te bois, plus j’ai soif.

    Ô Dieu amour, te voir est pour moi comme un jour étincelant, ce jour unique, passé dans la maison du Seigneur, qui l’emporte sur mille autres (Ps 83, 11), ce jour vers lequel seul soupire mon âme, cette chose unique que tu as rachetée pour toi. Oh, quand me rassasieras-tu de la douceur de ta face melliflue ? Mon âme te désire et défaille (Ps 83, 3) à la pensée de tes abondantes délices. J’ai choisi et j’ai préféré d’être la dernière dans la maison de mon Dieu, afin de pouvoir aspirer à goûter ton très doux visage.

    Errata

    Page

    Localisation

    Texte concerné

    Correction

    Remarques

    -1

    Notes 4 et 6

    Ps. 41, 2.

    Ps. 41, 3.

     

    129

    n. 5

    Ps. 33,5.

    Ps. 33,6.

     

    130

    Notes 2-3

    2. Ps. 33.
    3. Ps. 33, 6.

    2. Ps. 23.
    3. Ps. 23, 6.

     

    309

    Dernière ligne

    Lanpsergius

    Lamspergius

     

    313

    col. 2, l. 25

    Zacharie, I 83

    Zacharie, I : 83

     

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    Le "mémorial de l’ abondance de la suavité divine", par une moniale du XIIIe siècle