• SC 105

    Anonyme

    La Règle du Maître, tome I
    Prologue – Chapitre 10

    Série des Textes Monastiques d'Occident XIV
    décembre 1964

    Introduction, texte, traduction et notes par Adalbert de Vogüé.

    ISBN : 9782204037822
    457 pages
    Indisponible chez notre éditeur
    La Règle qui inspira la règle de saint Benoît, au début du 6e siècle.

    Présentation

    La Règle du Maître est le modèle suivi par saint Benoît pour sa règle bénédictine. Elle entre dans les détails de la vie communautaire, nous permettant ainsi de compléter notre connaissance de la vie quotidienne dans les monastères de l’époque et de mieux distinguer l’originalité de saint Benoît.

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    La Règle du Maître, rédigée probablement non loin de Rome, dans le premier quart du VIe siècle, par un auteur anonyme, recueille entre autres héritages celui de Jean Cassien. Elle précède la Règle de saint Benoît qui s’en inspire. Ces deux règles sont le fondement de la vie bénédictine.

    La Règle du Maître n’est pas un simple recueil de règlements, « mais une véritable règle de vie, qui embrasse toute l’existence, matérielle et spirituelle, de la communauté monastique aussi bien que des individus qui la composent » (A. de Vogüé). Elle en trace les grandes perspectives, sans pour autant négliger le détail de l’observance.

    Placée sous l’autorité de l’abbé, la communauté comprend deux « décades » (dix moines), dirigées chacune par deux prévôts, soit vingt-quatre religieux. Les prévôts organisent le service de la communauté, l’enseignement et le travail manuel. Le cellérier est en charge de l’approvisionnement de bouche, le custos ferramentorum est à la fois magasinier, linger, sacristain, trésorier, bibliothécaire et dépositaire. Il y a deux portiers et des artisans. En dehors de ces charges permanantes, les autres services sont assurés par roulements hebdomadaires. Les minores se répartissent en plusieurs catégories selon l’âge, le degré d’instruction, la vertu et l’avancement dans la vie spirituelle. Les litterati savent lire, les psalterati connaissent le psautier.

    Le monastère comprend l’oratoire, le réfectoire avec ses dépendances (cuisine et cellier), le dortoir, une loge pour le portier, divers ateliers et un bâtiment distinct pour les hôtes, ainsi qu’un jardin cultivé par les moines. L’ensemble se situe à l’intérieur de la clôture, qui ne comporte qu’un accès.

    L’année comprend deux temps, l’hiver et l’été (commençant à Pâques). Comme l’office divin et le régime des jeûnes, l’horaire de la journée de travail dépend de la saison. Le rythme répond à des raisons pratiques et religieuses (la préparation et la célébration de Pâques). Le pôle de la semaine est le dimanche. La journée est occupée aux trois quarts par le travail manuel (métiers artisanaux et jardinage). L’opus spiritale est constitué de la lectio et de la rumination des psaumes. Un temps libre peut être consacré aussi à l’étude. Le régime alimentaire est assez libéral, le régime des punitions prévoit des avertissements avant l’excommunication. En matière de veille, le Maître conserve une observance primitive, la grande vigile de la nuit du dimanche. Le cycle des heures de l’office suit les heures solaires.

    L’office divin : les petites heures (prime, tierce, sexte et none) correspondent à l’unique office de nuit, tandis que le lucernaire (office de la fin du jour) fait pendant aux matines (office de la fin de la nuit). L’Eucharistie est reçue quotidiennement sous les deux espèces, peu avant le repas, sans impliquer la célébration de la messe. Le rituel est décrit avec une très grande précision. Les oraisons sont des rites simples et brefs, parfois en silence ; les trois grandes cérémonies sont la réconciliation, la profession et la bénédiction abbatiale.

    L’idéal spirituel : le monastère est « une école où l’on apprend à servir Dieu… Tout y est calculé en vue d’accomplir la volonté divine et d’éliminer entièrement le péché de chaque existence individuelle » (A. de Vogüé). Le service de Dieu est une lutte avec le diable. Il suppose une ascèse individuelle, reposant sur les vertus maîtresses que sont l’obéissance, la taciturnité et l’humilité. Le premier pas est le renoncement au monde (se dépouiller de tout avoir). L’obéissance à la règle et à l’abbé ne souffre aucune restriction.

    Le monastère est défini comme Schola Christi. Les « docteurs » (évêques et abbés) sont pour le Maître les successeurs des apôtres. L’abbé s’inscrit dans la succession apostolique par l’ordination que lui confère l’évêque. Pensé par comparaison avec l’Église, le monastère s’en distingue cependant par bien des aspects. Pour le monastère, c’est la règle qui est la « loi de Dieu », et l’autorité abbatiale est ainsi étroitement encadrée. L’autorité de la règle elle-même vient de ce que le maître se reconnaît le pouvoir de légiférer, par exemple en qualité de fondateur. L’auteur de la Règle du Maître serait l’abbé d’un petit monastère, qui écrirait pour d’autres communautés, peut-être encore à fonder. Il procèderait donc à la systématisation d’une expérience réelle, celle de son monastère.

    Le texte complet est donné par le ms. P, Paris, BN, lat. 12205 (fin VIe-début VIIe s.), auquel s’ajoutent des extraits fournis par des documents parfois eux-mêmes très anciens (ms. E, Paris, BN, lat. 12634). La Règle se présente comme un texte anonyme, qui a circulé dans le sud de l’Italie et en particulier à Vivarium. Saint Benoît est le seul témoin assuré de l’influence de cette règle. Les éditions modernes sont celle du mauriste Ménard en 1638, puis celle de Migne, qui reprend l’édition de Holste de 1661. En 1953, enfin, Vanderhoven et Masai publient l’édition diplomatique des mss P et E.

    Les 95 chapitres se présentent en général sous la forme de questions et réponses, sur le modèle de la règle de Basile. Il est probable que l’ordre chronologique de la rédaction n’a pas coïncidé avec l’ordre des chapitres dans l’œuvre achevée, et qu’il y a eu des additions et des déplacements. Cependant le texte peut bien être attribué à un auteur unique.

    Les sources littéraires sont avant tout l’Écriture, principalement les Psaumes, cités d’après le Psautier Romain. Le Maître cite également les Institutions de Cassien, la Vita Pauli de Jérôme, des écrits apocryphes (Actes d’André, de Jean, Visio Pauli, des passions romaines), etc.

    Extrait(s)

    Règle du Maître 2, 41-48 (SC 105, p. 361-363)

    « Quand l’abbé voudra faire ou accomplir quoi que ce soit pour le bien du monastère, il le fera avec le conseil des frères. Tous les frères seront convoqués et l’on traitera du bien du monastère en commun. … Si l’on doit demander conseil à tous, c’est que, parfois, autant d’hommes, autant d’opinions, si grande est la diversité, – il pourrait arriver qu’un conseil meilleur soit donné inopinément par celui dont on ne l’attendait pas, et que cela procure davantage le bien commun, – et quand les conseils sont nombreux, on trouve facilement la décision à prendre. Si, parmi tous les frères, personne ne peut donner un conseil approprié, alors l’abbé, après avoir rendu compte de sa décision, décrétera ce qu’il voudra, et il est juste que les membres suivent la tête. Si nous avons dit que tous les frères doivent être convoqués au conseil, c’est à cause de la maxime du monastère : le temporel du monastère est à tous et à personne. »

    Errata

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    Texte corrigé

    Remarques

    219

    l. 15

    Enrichidion

    Enchiridion

     

    380

    n. 6

     

     

    A. a. V. s’est corrigé Regards, p. 275.

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