• SC 10 bis

    Ignace d'AntiochePolycarpe de Smyrne

    Lettres. Martyre de Polycarpe

    décembre 1998

    Texte grec, introduction, et traduction et notes par Pierre-Thomas Camelot, o.p.

    Deuxième édition revue et corrigée (remplace le n° 10 paru en 1945)
    ISBN : 9782204085489
    253 pages
    Indisponible chez notre éditeur
    « L’heure de ma naissance approche… » Deux évêques livrent le témoignage de leur vie.

    Présentation

    Les Lettres d'Ignace d'Antioche, bien que leur authenticité soit toujours débattue, sont un document majeur du christianisme primitif. Nous sommes au début du IIe siècle : Ignace, évêque d'Antioche, l'une des principales communautés chrétiennes, a été arrêté et fait route vers Rome où il doit subir le martyre. Au cours de son voyage, il rencontre des chrétiens d'Asie Mineure (Éphèse, Smyrne...) et leur écrit des lettres. Nous avons là un témoignage unique sur les premiers débats théologiques, comme la question des chrétiens « judaïsants » ou celle du docétisme, et sur l'importance que commence à prendre l'évêque dans les Églises locales. L'Épître aux Romains, la plus célèbre, exprime en des pages inoubliables le désir d'union au Christ qui fait l'espérance du futur martyr.

    Les Lettres et le Martyre de Polycarpe (évêque de Smyrne jusqu'au milieu du IIe siècle et destinataire d'une des lettres d'Ignace) complètent ce panorama du christianisme tel qu'il se présente sur les terres de sa naissance, une ou deux générations après les apôtres.

    Pierre-Thomas Camelot (1901-1993), dominicain, a enseigné la patrologie au Saulchoir. Outre les Lettres d'Ignace, il a publié dans Sources Chrétiennes, les Discours contre les païens d'Athanase (SC 18 bis) et a collaboré avec C. Mondésert à l'édition du Stromate II (SC 38) de Clément d'Alexandrie.

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Ignace d'Antioche, Lettres

    Présentation

    Les Lettres d’Ignace, évêque d’Antioche, mort martyr sous Trajan vers 117, sont un joyau du christianisme antique, mais elles ont souvent fait l’objet de vifs débats sur leur authenticité et leur datation. Nous en connaissons 3 recensions : une brève, de 3 lettres seulement sous une forme courte, en syriaque ; une moyenne, de 7 lettres, en grec ; une longue, de 13 lettres (dont les 7 précédentes sous une forme plus longue). Une majorité de savants considère que la recension moyenne est authentique. Certains estiment que ces lettres sont un faux, ou que tout au moins elles ont été interpolées, vers la fin du 2e siècle : on croit y déceler en effet au moins une allusion anti-valentinienne, et une autre anti-monarchianiste. Surtout, son insistance sur l’autorité du seul évêque dans l’église locale, relativement précoce, a étonné et fait penser qu’on avait fabriqué ce texte à la fin du siècle en le mettant sous le nom d’une figure respectée d’évêque-martyr, pour contribuer à établir partout l’épiscopat monarchique qui peinait à s’imposer. De fait le thème de l’unité et de l’obéissance à l’évêque est omniprésent dans les lettres, sauf la Lettre aux Romains, toute consacrée au martyre prochain d’Ignace.

    Les 7 lettres nous sont transmises grâce à deux manuscrits grecs, un du 10e siècle qui contient la Lettre aux Romains, l’autre du 11e siècle qui contient les 6 autres. Il y eut dès l’Antiquité des traductions de ces lettres en syriaque, en copte, en arménien.

    Contenu

    éphésiens : Remerciements pour la visite de leur évêque et de quelques autres frères ; exhortation à l’unité, autour de l’évêque, des prêtres et de tous ; harmonie et force de la communauté unie ; mise en garde contre des hérésies ; tenir unis dans la droite doctrine ; le mystère du Christ.

    Magnésiens : être uni à Dieu c’est être uni à l’évêque qui en tient la place ; la concorde ; contre les judaïsants ; s’affermir dans les enseignements du Seigneur et des apôtres.

    Tralliens : éloge des Tralliens soumis à l’évêque, comme leurs prêtres et leurs diacres ; l’humilité ; fuir l’hérésie ; foi au Christ vraiment né, mort et ressuscité ; unité.

    Romains : Salutation à l’église qui préside ; demande : ne pas intervenir dans l’idée de lui éviter le martyre, mais prier pour qu’il aille au terme ; son désir de mourir par les bêtes pour s’unir au Christ et imiter la passion de son Dieu.

    Philadelphiens : éloge de leur évêque ; fuir les hérétiques, être unis dans l’eucharistie autour de l’évêque ; aimer l’évangile et les prophètes ; préférer le christianisme au judaïsme ; garder l’unité ; les prophètes annoncent, l’évangile accomplit.

    Smyrniotes : Jésus est vraiment né, a vraiment souffert et est ressuscité ; fuir les hérétiques, qui seront jugés ; suivre l’évêque ; recommandations pour l’église d’Antioche.

    à Polycarpe : Conseils à un jeune évêque ; fuir les hérétiques ; s’occuper de tous ; adresse aux Smyrniotes : endurance, soumission à l’évêque, communion avec l’église d’Antioche.

    Martyre de Polycarpe

    Présentation

    Polycarpe, évêque de Smyrne, est mort martyr vers 167 (la date a été discutée). Ce récit a été écrit dans l’année qui a suivi, premier exemple de ce genre littéraire du martyre, qui fera école. Le texte s’efforce de montrer que le martyre de Polycarpe est une imitation de la passion du Christ, un « martyre selon l’évangile ».

    Le texte grec est transmis par 6 manuscrits du 10e au 13e siècle. L’appendice final (chap. 22) transmis avec le texte est un ajout plus tardif (probablement fin 4e siècle). Eusèbe a connu le texte, qui fut aussi traduit en latin et, au moins des extraits sinon l’ensemble, en syriaque, en copte et en arménien.

    Contenu

    Polycarpe comme Jésus. éloge des autres martyrs ; avertissement : ne pas aller au-devant du martyre, l’accepter simplement. Polycarpe prévenu par une vision de son martyre proche ; il se cache hors de la ville ; trahi par un esclave, il est arrêté et accepte son sort. Il prie puis est emmené en ville, maltraité, et entre dans le stade. Il confesse sa foi devant le proconsul ; sa force et sa joie. Hostilité de la foule. Le bûcher. Prière de Polycarpe. On le brûle sans le tuer, alors on le transperce d’un poignard. Les chrétiens ne peuvent récupérer son corps qui est brûlé. éloge de Polycarpe. Adresse finale aux frères qui avaient demandé ce récit, salutation, post-scriptum de datation de l’événement. Appendice tardif.

    Polycarpe de Smyrne, Lettre aux Philippiens

    Seule subsistante des lettres écrites par Polycarpe selon Irénée, la Lettre aux Philippiens a été rédigée, d’après les §§ 1 et 13, peu après le passage d’Ignace et avant que la nouvelle de son martyre ne soit parvenue en Orient. Il se peut que la lettre telle que nous l’avons soit le résultat de deux parties (le § 13 et le reste) cousues ensemble ; comme le § 13 fait allusion aux lettres d’Ignace, les tenants de l’inauthenticité de ces lettres estiment logiquement que ce passage est une interpolation tardive destinée à accréditer le faux, mais l’hypothèse ne s’impose guère.

    Transmis par 9 manuscrits, le texte grec s’arrête au chap. 9 et est complété par deux citations d’Eusèbe en grec et une version latine ancienne de l’ensemble de la lettre.

    Contenu

    évocation du passage d’Ignace et de ses compagnons ; suivre l’enseignement des apôtres et de Paul ; fuir l’amour de l’argent ; les devoirs des fidèles, clercs et laïcs, dans le monde ; réalité de la passion du Christ, qu’il faut croire et imiter ; charité fraternelle ; le cas du presbytre Valens : s’abstenir de l’avarice ; le traiter avec douceur. Envoi des lettres d’Ignace ; recommandation de Crescens, porteur de la lettre.

    Extrait(s)

    Ignace, Lettre aux Magnésiens 6-7 (SC 10bis, p. 85-87)

    Je vous en conjure, ayez à cœur de faire toutes choses dans une divine concorde, sous la présidence de l’évêque qui tient la place de Dieu, des presbytres, qui tiennent la place du sénat des apôtres, et des diacres qui me sont si chers, à qui a été confié le service de Jésus-Christ, qui avant les siècles était auprès de Dieu, et s’est manifesté à la fin. (…)

    De même que le Seigneur n’a rien fait, ni par lui-même ni par les apôtres, sans son Père avec qui il est un, ainsi vous non plus ne faites rien sans l’évêque et les presbytres ; n’essayez pas d’avoir l’air d’agir rationnellement quand vous faites quelque chose à part vous, mais faites tout en commun : une seule prière, une seule supplication, un seul esprit, une seule espérance dans la charité, dans la joie irréprochable ; cela, c’est Jésus-Christ, à qui rien n’est préférable. Tous, accourez pour vous réunir comme en un seul temple de Dieu, comme autour d’un seul autel, en un seul Jésus-Christ sorti du seul Père, tourné vers le seul, allant à lui.

    Martyre de Polycarpe 14 (SC 10bis, p. 227-229)

    Prière de Polycarpe

    Seigneur, Dieu tout puissant, Père de ton enfant bien aimé et béni Jésus-Christ, par qui nous avons reçu connaissance de ton nom ; Dieu des anges, des puissances, de toute la création et de toute la race des justes qui vivent devant toi, je te bénis pour m’avoir jugé digne de ce jour et de cette heure, de prendre part parmi les martyrs au calice de ton Christ, pour la résurrection en vie éternelle de l’âme et du corps dans l’incorruptibilité de l’Esprit Saint.

    Avec eux puissé-je être admis aujourd'hui devant toi en sacrifice gras et agréable, comme tu l’avais préparé et manifesté d’avance, comme tu l’as réalisé, Dieu sans mensonge et véritable. C’est pourquoi pour toutes choses encore je te loue, te bénis, te glorifie par le grand-prêtre éternel et céleste Jésus-Christ, ton enfant bien aimé, par qui soit à toi, avec lui et le Saint Esprit, la gloire maintenant et dans les siècles à venir. Amen.

    Lettre aux Philippiens 12 (SC 10bis, p. 193)

    Que Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, et lui-même, le grand-prêtre éternel, le fils de Dieu, Jésus-Christ, vous fassent grandir dans la foi et dans la vérité, en toute douceur et sans colère, en patience et longanimité, endurance et chasteté ; qu’il vous donne part à l’héritage de ses saints, et à nous-mêmes avec vous, et à tous ceux qui sont sous le ciel, qui croient en notre Seigneur Jésus-Christ et en son Père qui l’a ressuscité d’entre les morts.

    Priez pour tous les saints. Priez aussi pour les rois, pour les autorités et les princes, et pour ceux qui vous persécutent et vous haïssent, pour les ennemis de la croix. Ainsi le fruit que vous portez sera visible à tous, et vous serez parfaits en lui.

    Errata

    Page

    Localisation

    Texte concerné

    Correction

    Remarques

    15

    n. 1

     

    Cette version longue comprend, outre les lettres authentiques, une lettre adressée à Ignace par Marie la Prosélyte (ou de Cassobola), cinq lettres adressées par Ignace, respectivement à cette Marie, à Marie (et Jean), aux Philippiens, aux Antiochiens, à Héron diacre. Or c’est une traduction latine de cet ensemble, réalisée entre le VIe et le IXe siècle, qui sera diffusée comme authentique dans tout le Moyen Age latin et servira donc de référence, notamment à S. Bernard (QH 7, 4). Cf. pour l’histoire de ce texte latin J.B. Lightfoot, The Apostolic Fathers II, 1, p. 125-134, Hildesheim/New York 1973, réimpr. de Londres 1889, et pour l'édition critique II, 3.

    compléments à la note.

    36

    l. 4

    de reste

    du reste

     

    72

    l. 6

    « Μὴ πλανᾶσθε, ἀδελπφοί μου »·

    « Μὴ πλανᾶσθε, » ἀδελπφοί μου ·

     

    93

    § XIV

     

     

    Cf. Ad Eph. 21, 2 ; Ad Tral. 13, 1 ; Ad Rom. 9, 1 ; Ad Phil. 10, 1 ; Ad Sarg. 11, 1.3 ; Ad Pol. 7, 1.

    97

    l. 14

    Jésus-Christ

    Dieu

     

    122

    l. 9

    « Μὴ πλανᾶσθε, ἀδελπφοί μου· »

    « Μὴ πλανᾶσθε, » ἀδελπφοί μου ·

     

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